Alors que les villes côtières connaissent une animation particulière en cette période estivale, la ville de Biskra se morfond dans la morosité. Ainsi, en l'absence de loisirs culturels ou sportifs capables d'attirer les jeunes avides de détente, ces derniers déambulent quotidiennement dans les rues. Les habitants ont longtemps rêvé de sortir de leur marasme avec l'ouverture du centre scientifique et des loisirs dont on avait prévu l'inauguration à l'orée de l'été dernier, et qui n'est toujours pas au rendez-vous, au grand désappointement des jeunes et moins jeunes des deux sexes qui y avaient cru jusqu'au bout. «A titre de rappel, il faut savoir que ce projet traîne en longueur depuis 1995.» En dépit de cette situation, dès les premières heures de la matinée, les rues sont bondées de gens dont une grande partie vient des villes avoisinantes, et le nombre impressionnant de personnes qui battent le pavé nous renseigne sur l'ampleur du chômage dans cette wilaya. Au centre-ville et à la rue Baârir-Med-Larbi, à quelques encablures du marché principal de la ville, les «négociants» du marché informel de la devise s'animent bien tôt, ils guettent et abordent leurs «clients» parmi les retraités des caisses françaises. Bien souvent, ces pensions, comme celles des anciens moudjahidine et veuves de chahid, font vivre des familles entières. Cette manne céleste permet de faire vivre les jeunes et contribue à la prospérité de certaines familles, grâce en particulier à la valeur de l'euro au niveau du territoire national. Les moins chanceux, par manque de moyens d'évasion et de détente, recourent à des expédients de circonstance pour meubler leurs longues et pénibles journées, mais en espérant néanmoins des jours meilleurs. Passer le temps devient cependant, pour tous, un véritable challenge. Quant aux jeunes, des diplômés des universités pour une bonne partie et face à l'absence de débouchés, ils préfèrent recourir désormais systématiquement au travail informel, pure exclusivité du secteur privé. Ainsi, à Biskra, une ville au passé glorieux durant la guerre de Libération, le chômage rime avec la malvie, et ce sentiment s'amplifie avec la chaleur torride qui s'abat sur la ville, dès les premières heures de la journée où toute la ville croule sous une chape de plomb et la poussière provenant des rues non goudronnées.