Un sommet pour une vraie solution politique Tous les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Egypte, la Jordanie, le Kazakhstan, le Liban, l'Irak et l'Arabie saoudite sont également invités à ce sommet qui mobilisera les trois parrains du processus d'Astana que sont la Russie et l'Iran, alliés de Damas, et la Turquie. C'est aujourd'hui que s'ouvre à Sotchi, station balnéaire russe, le Congrès du dialogue national syrien qui devrait regrouper l'ensemble des sensibilités politiques, sociales et religieuses syriennes, mais sans la participation des Kurdes, ulcérés par l'offensive de la Turquie dans la région syrienne d'Afrine, ainsi que de l'opposition regroupée par le Comité dit de «négociations». Pour Moscou, ces absences ne sont pas de nature à engendrer un «sérieux impact» à la fois sur le déroulement de l'évènement qui constitue une occasion privilégiée pour nouer un dialogue constructif entre Syriens et la recherche d'un consensus capable de ramener la paix dans une Syrie meurtrie par sept années d'une guerre sans merci. Quelque 1600 participants, notamment des représentants du gouvernement syrien, des mouvements sociaux, des représentations de confessions religieuses et des groupes d'opposants, sont en principe attendus à Sotchi les 29 et 30 janvier pour contribuer au succès de ce Congrès du dialogue national syrien, un prolongement «logique» qui s'inscrit dans le cadre du processus d'Astana (Kazakhstan). Tous les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Egypte, la Jordanie, le Kazakhstan, le Liban, l'Irak et l'Arabie saoudite sont également invités dans un sommet qui mobilisera les trois parrains du processus d'Astana que sont la Russie et l'Iran, alliés du régime syrien, et la Turquie, soutien d'une opposition composée en majorité de groupes rebelles extrémistes dont certains sont qualifiés de terroristes par Damas. Les trois pays sont garants des accords de désescalade déjà conclus entre le gouvernement syrien et les groupes rebelles, d'une part, et entre la Russie et la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, également soutien des Forces démocratiques syriennes (kurdes), d'autre part. En outre, sont aussi conviés à Sotchi des experts de France, de Royaume-Uni, de Chine et des Etats-Unis en fonction de leur maîtrise des tenants et des aboutissants du dossier syrien sous toutes ses coutures. La Russie considère le rendez-vous de Sotchi comme un moment-clé de la solution politique du conflit, partant du principe évident que les pourparlers de Genève sont demeurés lettre morte et ne pourront résoudre en aucune manière les défis ne serait-ce que pour la simple raison d'un refus obstiné des deux délégations en présence, celle des rebelles proche de l'Arabie saoudite et de la coalition internationale emmenée par Washington qui pose le préalable entêté du «départ» du président Bachar al Assad et celle du gouvernement syrien qui qualifie, à juste titre, cette condition de «ridicule». Il est vrai que les représentants rebelles de Fateh al Islam et d'autres groupes terroristes bénéficient en cela de l'appui diplomatique de certaines puissances occidentales qui ont fait une véritable fixation sur la place et le rôle de Bachar al Assad dans le devenir de la Syrie, oubliant un peu vite que c'est d'abord et surtout l'affaire du peuple syrien et de nul autre, surtout quand il s'agit de mouvances téléguidées à des fins inavouées. Unique opportunité pour un dialogue certes difficile, mais néanmoins constructif, Sotchi ouvre la voie à un processus dans le prolongement direct de celui d'Astana, quand bien même les mouvances précitées se sont hâtées de tenter d'y faire obstacle par un boycott sans grande conséquence si ce n'est de mettre en lumière le jeu militaire et diplomatique des uns et des autres. C'est ce qu'a compris le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres qui a anticipé en y déléguant l'émissaire pour la Syrie, Staffan de Mistura, passant outre l'absence volontaire de l'opposition actionnée pour les pourparlers indirects de Genève. M. Guterres «est confiant dans le fait que le congrès de Sotchi sera une contribution importante» à la relance des pourparlers de paix à Genève sous l'égide de l'ONU, a évidemment déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric pour justifier cette décision somme toute édifiante. Sans doute, y a-t-il de bonnes raisons en cela puisque la Russie a assuré l'ONU dont les efforts sont restés à ce jour «infructueux» que les résultats de Sotchi s'inscriront dans la continuité des pourparlers de Vienne et de Genève, c'est à dire en clair qu'ils seront versés au crédit de la stratégie onusienne malgré le comportement stérile du Comité des négociations syriennes (CNS), qui regroupe les factions de l'opposition extrémistes soutenues par la coalition internationale et certains pays de la région, dont la Turquie. Reste la question kurde depuis que les YPG ont renoncé à l'invitation adressée par Moscou, malgré les fortes réserves d'Ankara, «en raison de la situation à Afrine», cette enclave kurde du nord syrien qui est la cible d'une offensive turque depuis plus d'une semaine. En définitive, leur instrumentalisation les a mis entre le marteau et l'enclume, de sorte qu'ils vont une fois de plus se découvrir les dindons de la farce. Ils rejoindront ainsi les autres absents de Sotchi, ceux du CNS dont Moscou dénonce «la fausseté de l'appellation» ne serait-ce qu'en vertu du faible taux de soutien dont il pourrait se prévaloir auprès du peuple syrien et dont le seul objectif affiché reste «le renversement du gouvernement légitime dans le pays».