Les manifestants réclamaient davantage de développement pour le Rif Depuis le box, les accusés, dont le meneur de la contestation Nasser Zefzafi, ont protesté contre «l'instrumentalisation de l'opinion publique». Le procès des militants du mouvement de contestation du Rif, dans le nord du Maroc, a été brièvement interrompu, hier, à Casablanca et le principal accusé expulsé, après la projection d'une vidéo contestée, ont rapporté une avocate et des médias. Les débats, consacrés aux interrogatoires de différents accusés, ont été marqués par de vives tensions, la défense protestant contre cette vidéo projetée par le président de la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca. Ces images montrent un homme armé d'une kalachnikov, l'air menaçant. Elles auraient été reçues, selon le président de la cour, par l'un des accusés via sa messagerie WhatsApp. L'homme qui apparaît sur cette vidéo «est syrien ou yéménite (...) Nous recevons tous des vidéos sur WhatsApp, leur réception est automatique et ne signifie pas consentement», ont protesté des avocats de la défense, cités par le site d'information Médias 24. «C'est une vidéo apparemment de Daesh (acronyme arabe pour le groupe Etat islamique) qui n'a rien à voir avec le dossier. «C'est pour cela que nous avons protesté», a dit Naima El Guellaf, l'un des avocats de la défense. Depuis le box, les accusés, dont le meneur de la contestation Nasser Zefzafi, ont eux aussi protesté contre «l'instrumentalisation de l'opinion publique». Le président de la cour a alors expulsé M. Zefzafi de la salle, ont rapporté des médias marocains. L'audience a toutefois repris «de façon normale» un peu plus tard, selon l'avocate. Un total de 54 personnes sont jugées à Casablanca depuis la mi-septembre en lien avec le mouvement de contestation dit du «Hirak» qui a secoué pendant plusieurs mois entre fin 2016 et mi-2017 le Rif, une région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée du nord du Maroc. Les manifestants réclamaient davantage de développement pour le Rif, s'estimant délaissés par l'Etat. Les accusés sont poursuivis pour des chefs d'accusation parfois mineurs, mais aussi parfois très graves, comme celui «d'atteinte à la sécurité de l'Etat» qui vise le meneur Nasser Zefzafi, 39 ans. Certains encourent théoriquement jusqu'à la peine de mort.