Les liens entre Alger et Riyad se sont raffermis aussi bien sur le plan bilatéral que par rapport aux causes arabes. En décrétant un deuil de 3 jours, suite au décès du roi Fahd, l'Algérie a d'abord voulu exprimer sa reconnaissance à un pays, qui, abstraction faite du rôle joué dans son soutien à l'islamisme radical au cours de la dernière décennie, a été aux côtés de l'Algérie. Que ce soit pendant la guerre de Libération ou au lendemain de l'indépendance, les liens entre Alger et Riyad se sont raffermis, aussi bien sur le plan bilatéral que par rapport aux causes arabes, notamment la question palestinienne et la crise libanaise. En témoignent les accords de Taef, menés conjointement par l'Algérie et l'Arabie Saoudite, et qui ont permis l'arrêt de l'effusion de sang entre les différentes factions libanaises, au bout de plus de dix ans de guerre fratricide. Le roi Fahd, quatrième dirigeant arabe à tirer sa révérence en l'espace de cinq ans après la mort du roi Hussein de Jordanie, du chef d'Etat des émirats arabes unis, Zayed Bensoltane Al Nahyane, et du président de l'autorité palestinienne Yasser Arafat, s'est éclipsé de la scène politique depuis près d'une décennie. C'est son frère Abdallah, qui prendra le relais, au moment où le royaume est en butte à de sérieux problèmes liés, d'une part à une situation sécuritaire des plus inquiétantes et d'autre part aux exigences d'ouverture politique, dictées par la Maison-Blanche à travers le fameux projet dit du Grand Moyen-Orient. Le conflit du Sahara occidental a constitué une des préoccupations du roi Fahd, qui a, à maintes reprises, joué un rôle d'intermédiaire entre Alger et Rabat, en étant à l'origine de la rencontre de «Zoudj B'ghal» ayant réuni l'ancien président Chadli Bendjedid et le roi Hassan II. Par ailleurs, les relations entre l'Algérie et le royaume Wahhabite, qui remontent à plusieurs décennies, ont évolué en dents de scie. En effet, après le rôle positif joué pendant la guerre de Libération et le réchauffement des relations à l'époque du roi Fayçal, qui avait, rappelons-le, séjourné en Algérie, durant près d'une semaine, au milieu des années 70, le royaume wahhabite, profitant de la montée de l'islamisme politique en Algérie au début des années 90, n'a pas hésité à proposer ses services à Abassi Madani. Il avait même reçu ce dernier à la veille de la première guerre du Golfe, au moment où des contingents entiers d'islamistes algériens se rendaient dans le Golfe persique pour combattre aux côtés de l'armée de Saddam Hussein. Sur la scène arabe et musulmane, il est utile de rappeler que l'Arabie Saoudite, qui a toujours plaidé en faveur d'un Etat palestinien indépendant avec El Qods, troisième lieu saint de l'Islam comme capitale, est un membre influent de l'Organisation de la conférence islamique(OCI). Sur le plan économique, l'Arabie Saoudite premier pays exportateur de pétrole dans le monde a fait montre de timidité par rapport au marché algérien. Car, contrairement à son engagement dans plusieurs projets de développement, notamment dans la réalisation d'infrastructures touristiques au Maroc et en Tunisie, l'Arabie Saoudite a longtemps boudé l'Algérie. Surtout durant la décennie où le pays avait le plus besoin de ses «frères».