Ils sont Français, Italiens, Portugais ou Chinois. Ils sont là et vivent parfois avec leurs familles. Il sont près de 7800 expatriés toutes nationalités confondues à vivre en Algérie. Français, Italiens, Portugais, Chinois ou d'une autre patrie, ils sont là, ils vivent, parfois avec leurs familles. Ils sont employés, stagiaires ou représentants d'ONG, ils témoignent de la fin d'une décennie de peur et d'insécurité. Aujourd'hui, on peut croiser des étrangers se promenant à la rue Didouche, même à Bab El Oued, c'est devenu chose banale, alors qu'il y a quelques années, le pays était une destination qu'on évitait, l'Algérie faisait peur, l'Algérie était synonyme de terreur et de terrorisme. Comment ces expatriés vivent-ils parmi nous, comment sont leurs rapports avec la population et qu'ont-ils à reprocher à l'Algérie, et surtout, comment réagissent les citoyens algériens à leur présence? Du côté algérien, on enregistre de l'appréhension, voire de la méfiance, mais aussi de la curiosité et de l'espoir, et une chaleureuse et touchante hospitalité. Des sentiments contradictoires qui montrent combien l'Algérien est complexe, mais accueillant. En plein mois de Ramadan, il est arrivé que des familles accueillent des expatriés habitant dans les hôtels pour le repas, des soirées organisées pour eux, des sorties, des expéditions, des invitations, toutes les occasions sont bonnes pour rendre aux hôtes la vie plus agréable. Pourtant, les avis de ces expatriés sont partagés quant à l'acceptation des Algériens. Les Français et les Belges s'intègrent plus facilement et communiquent plus aisément avec la population. La langue y est pour beaucoup, car après l'arabe, le français est la deuxième langue que les Algériens maîtrisent. «L'Algérie vit une période d'ouverture et d'échanges que nous ressentons particulièrement , le monde qui ne connaît l'Algérie qu'à travers la télévision a un tout autre regard que nous qui vivons ici-même, nous avons découvert une autre facette de l'Algérie que les autres ne peuvent pas percevoir, car elle reste méconnue d'une bonne partie du monde, pour beaucoup, l'image de l'Algérie est encore associée au terrorisme, ce qui freine le tourisme et l'investissement», affirme un employé de BNP Paribas, qui vit en Algérie depuis deux ans déjà. Michael, un Italien travaillant dans une entreprise de forage est marié lui à une Algérienne depuis une année, ils attendent leur premier enfant. «Je trouve la vie en Algérie agréable et surtout beaucoup moins chère qu'en Europe, je compte créer ma propre entreprise de nettoyage de pipeline ici et j'ai de l'espoir, je pense que l'Algérie a tourné une autre page de son histoire», nous affirme-t-il. Il faut noter que de nombreux mariages en été enregistrés ces dernières années, près de 352 mariages mixtes en deux ans, cela malgré les obstacles, de religion et de traditions qui sont un facteur important dans une union. Il arrive, et c'est souvent le cas, que les hommes se convertissent à l'islam pour pouvoir se marier. Mais les expatriés veulent découvrir aussi notre pays, ils partent souvent à l'aventure dans les profondeurs de notre désert, ou alors, la Kabylie qui les fascine, parfois, ils nous surprennent par leurs connaissances et leurs expériences touristiques dans notre pays que des Algériens n'ont pas! Ce qui est déplorable, c'est la rareté voire l'inexistence de cartes géographiques du pays et de la capitale qui aideraient à mieux circuler et surtout à ne pas se perdre. Ce qui est à relever, est que le mode de vie de ces «émigrés» est assez aisé et permet de les identifier par rapport au reste de la population. Le prix d'un repas dans un restaurant quatre étoiles à Alger est trois fois moins cher qu'en Europe, en n'oubliant pas que la restauration, surtout dans la capitale, s'est énormément améliorée, de la cuisine française, italienne, et algérienne, les goûts et les plats se diversifient au grand bonheur des étrangers. Quant aux maisons, les expatriés préfèrent louer en général, mais il y en a qui achètent et même qui construisent, cela prouve que l'Algérie est un pays où on aspire à vivre. La présence des expatriés a aussi son impact économique sur le pays, cette année, 3484 projets d'investissements d'un montant global de 386,4 milliards de dinars ont été déclarés. Mais si les hommes d'affaires étrangers ont manifesté leur volonté à faire des affaires et investir en Algérie, beaucoup hésitent à franchir le pas et se limitent à de simples opérations d'exportation. Les étrangers vivant ici se plaignent surtout des lourdeurs administratives et les lacunes du système bancaire. En effet, les procédures sont très lentes, alors que dans les autres pays, les étrangers transfèrent de l'argent en seulement quelques minutes. Les Américains sont les premiers à déplorer cela, ils parlent de blocage de l'investissement. Malgré ces difficultés, les expatriés s'intègrent, s'adaptent et apprécient la vie en Algérie.