Les avis des experts se multiplient, les échanges entre les hauts fonctionnaires de la sécurité des différentes puissances s'intensifient, mais Al Baghdadi demeure toujours un «terroriste fantôme». L'homme dont la mort a été plusieurs fois annoncée est toujours en vie. Tapis quelque part sur cette planète, il se soigne. Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l'Etat Islamique, le terroriste le plus recherché dans le monde, ne serait plus aux portes de l'Algérie mais toujours en Syrie. Hier, un haut responsable du ministère irakien de l'Intérieur a affirmé que le chef du groupe Daesh était vivant et soigné dans un hôpital de campagne dans le nord-est de la Syrie après avoir été blessé dans des raids aériens. «Nous avons des informations indubitables et des documents de sources au sein de l'organisation terroriste selon lesquelles (Abou Bakr) al-Baghdadi est toujours vivant et se cache dans la (région de la) Jaziré», a déclaré le directeur général du département du Renseignement et du Contre-terrorisme, Abou Ali al-Basri, cité par le quotidien gouvernemental As Sabah. Selon le responsable irakien, le chef terroriste «souffre de blessures, de diabète et de fractures au corps et aux jambes qui l'empêchent de marcher sans assistance». Pour rappel, en juin dernier, la Russie avait annoncé avoir probablement tué Abou Bakr al-Baghdadi dans un raid fin mai de son aviation près de Raqa en Syrie. Elle avait ensuite souligné qu'elle continuait de vérifier s'il était bien mort. En septembre, un haut responsable militaire américain avait affirmé que le chef de l'EI était sans doute encore en vie et se cachait probablement dans la vallée de l'Euphrate, dans l'est de la Syrie. Le mois dernier, le quotidien britannique The Sun et le site Iraki News avaient affirmé que le chef de l'EI aurait réussi à quitter l'Irak et serait aux confins du Tchad, du Niger et de la Libye. «Al Baghdadi a fui l'Irak à destination de l'Afrique, dans l'espoir de rassembler ses troupes et relancer son organisation», a affirmé dans le journal britannique un ancien dirigeant de la Jamaa al-Islamiyah, l'Egyptien Najeh Ibrahim, qui se base sur ses contacts parmi les combattants de l'EI. Il est même plus précis: Abu Bakr Al Baghdadi «a pris ses quartiers dans le nord du Tchad, dans les montages du Tibesti.» Selon l'expert irakien Hashim Hashimi qui a accordé, il y a quelques semaines, une interview au journal britannique Le Guardian, «parmi les 79 chefs militaires de l'organisation, 10 seulement sont toujours en vie. Certains ont réussi à rejoindre leur «calife» en Afrique.» Même son de cloche pour le spécialiste égyptien Sameh Eid: «Al Baghdadi est probablement en Afrique, après que les membres du groupe aient fui l'Irak et la Syrie. L'Afrique et l'Afghanistan étant actuellement les deux endroits «les plus sûrs» pour se cacher et reprendre des forces.» Le sud de la Libye est, selon Sameh Eid, le champ de bataille stratégique. Nasser al-Hawari, expert libyen, affirme que le groupe EI cherche à fédérer le plus grand nombre de cellules terroristes en Libye, au Tchad, au Niger et au Soudan. Enfin de compte, les avis des experts se multiplient, les échanges entre les hauts fonctionnaires de la sécurité des différentes puissances s'intensifient mais Al Baghdadi demeure toujours un «terroriste fantôme».