Laissant derrière lui une richesse considérable, ce grand monsieur de la culture a toujours eu à coeur de sauvegarder le patrimoine par l'écrit. Mohamed Habib Hachelaf nous quitte en silence en nous laissant comme héritage ses écrits, ses recherches et ses poèmes et en souvenir son sourire, sa douceur, sa sagesse, sa simplicité et son humour. Quiconque l'aurait approché aurait sûrement gardé de lui le sentiment indiscutable d'avoir approché un grand... sa culture, sa soif de connaissances, son esprit vif et éveillé, son besoin de communiquer son amour pour son pays et sa volonté de sauvegarder son patrimoine... autant de qualités que personne niera. Né à Djelfa le 20 octobre 1924, d'une famille d'artistes, Mohamed Habib Hachelaf fut le pionnier du travail radiophonique en animant sur les ondes de la Radio nationale plusieurs émissions culturelles qui traitaient de la musique et des arts populaires. Grand poète et auteur-compositeur de renom, beaucoup d'artistes connus, algériens et arabes ont chanté ses textes ce qui leur a valu leur succès. El Hadj M'hamed El Anka, Khelifi Ahmed, Nora, Cheikh El Hasnaoui, Abderahamane Aziz, Rabah Deriassa ou Mohamed Lammari pour ne citer que ceux-là en Algérie, Ahmed Djebrane du Maroc ou Ali Riyahi de Tunisie et bien d'autres témoignent par leurs répertoires musicaux signés de son nom d'un talent considérable que nous regrettons beaucoup. Mohamed Habib Hachelaf, membre fondateur de la Sacem, association des auteurs-compositeurs et président de la commission relevant des artistes au sein de l'Onda (Office national des droits d'auteur) a toujours eu au coeur de sauvegarder le patrimoine national par l'écrit. Ainsi, il est l'auteur de plusieurs ouvrages édités par l'Anep (Entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité) dont Min wahy al alam, un recueil de poèmes qui s'est voulu un hommage au défunt président Houari Boumediene, préfacé par le président Abdelaziz Bouteflika; Diwan cheikh Tlemçani Bensahla et Diwan Abdelkader El Khaldi, un travail colossal qui s'est voulu une manière de protéger l'oral par l'écrit et donc sauver le chant populaire echîr al malhoun de l'oubli; ainsi qu'une anthologie de la musique arabe, d'abord sorti en France chez Publisud puis repris par l'Anep en 2001. Mohamed Habib Hachelaf, cet acharné du travail, toujours en activité, sans cesse en train de répertorier, d'inventorier, de faire des recherches, de rassembler des documents pour la sauvegarde du patrimoine et le legs culturel, n'a malheureusement pas eu le temps de voir son nouveau-né, une étude faite en collaboration avec Kaïd Omar Zohra Latifa sur el haoufi, un recueil de chants de qu'il voulait dédier à sa soeur Hadja Nafissa et à travers elle à toutes les d'Algérie en témoignage de son affection et de sa considération pour leurs efforts. De ce recueil qui n'a pas encore vu le jour et que l'éditeur devrait faire sortir en hommage à sa mémoire, ces derniers vers avec lesquels on salue sa mémoire en cette douloureuse séparation: Notlob and Allah echahada ouel ghofrane Ouel djenna ya Allah ouel ouard oussadi «J'espère d'Allah le pardon et le rappel de la chahada avant la mort.» Une place au paradis, ma tête reposant sur des roses