Le ministre du Commerce avait annoncé que «nous n'avons aucune contrainte de temps». L'Association nationale de développement de l'économie de marché (Adem) considère que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC constitue une priorité dans le programme présidentiel 2004-2008, comme c'est le cas pour la zone de libre échange avec l'Europe dont l'application commence début septembre. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l'association estime que les déclarations de certains responsables politiques à ce sujet tendent à démobiliser l'opinion nationale et à montrer une image peu reluisante auprès des pays étrangers et organisations internationales. L'Adem fait allusion en fait aux dernières déclarations du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub qui a indiqué, lors de son passage au forum El Moudjahid, que l'Algérie n'est pas pressée d'adhérer à l'OMC. «L'Algérie n' a aucune contrainte de temps. Nous ne sommes pas pressés d'adhérer à l'OMC. Nous sommes un pays souverain qui prendra le temps qu'il faudra pour négocier au mieux cet accord», avait-il révélé. Alors que son prédécesseur M.Boukrouh avait, rappelle-t-on, annoncé l'échéance du premier trimestre 2005, Djaâboub avait annoncé que «nous n'avons aucune contrainte de temps». Cette nouvelle tendance dans le discours officiel algérien sur ce dossier n'est pas donc du goût du président de l'Adem, M.Mebtoul qui ne s'est pas gêné à reprocher au ministre de ne pas maîtriser le dossier. «L'Adem ne peut que constater malheureusement que des forces hostiles aux réformes se mobilisent pour faire avorter les réformes institutionnelles et microéconomiques», lit-on dans le communiqué. Pourtant, les efforts des pouvoirs publics pour concrétiser cette adhésion se multiplient et ce par la pression appliquée dernièrement sur l'avancement des réformes dans tous les secteurs, particulièrement économiques. Pour l'Adem, invoquer la non-adhésion ou avoir le temps pour adhérer, c'est ignorer les règles élémentaires des affaires internationales où le temps c'est de l'argent. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa), M.Naït Abdelaziz, partage le même avis que cette association. Pour lui, les déclarations du ministre du Commerce sont une fuite en avant. «Depuis 1998, on renvoie l'accession d'une date à une autre. Ce n'est pas une bonne politique», nous a-t-il révélé. Il précisera toutefois que l'accession est inévitable, que notre pays a perdu assez de temps à ce propos et que toute réticence sur ce sujet n'arrange guère notre économie. Il exigera par ailleurs, que les patrons soient associés aux négociations et aux décisions prises à cet effet en rappelant, dans le même ordre d'idées, leur participation aux négociations en février 2005 à Genève. «On nous a dit à ce moment-là que c'était l'avant-dernier round. Donc nous exigeons des explications de la part des pouvoirs publics sur ce changement de démarche.» Pour rappel, une délégation menée par El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, et composée d'une quinzaine de cadres supérieurs représentant les ministères et les organismes concernés, s'est déplacée le 21 juillet 2005 à Genève pour présenter un rapport détaillé basé sur des questions et réponses additionnelles subséquentes à la huitième réunion du groupe de travail de l'OMC et des documents fournis par l'Algérie. Par ailleurs, M.Naït Abdelaziz poursuivra: «Ce changement d'attitude est acceptable si c'est pour mieux négocier ou pour achever les réformes. Mais on est totalement contre si c'est pour faire de la politique politicienne.» Quant à M.Merakèche de la Confédération algérienne du patronat (CAP), il soutient les déclarations du ministre du Commerce dans la mesure où il est question de sauvegarder l'économie du pays. «Nous avons fait un travail avec l'Etat pour accélérer le processus d'adhésion. Je partage l'idée du ministre, c'est-à-dire prendre tout le temps qu'il faut dans le but de négocier au mieux les intérêts du pays et d'adhérer en force dans cette organisation», nous a-t-il indiqué en souhaitant «être associé à toutes les démarches prises à cet effet pour garantir l'intégration de l'économie nationale à la mondialisation».