Deux courants dominants au sein du MSP s'adonnent à des «guéguerres» pour asseoir une espèce de suprématie d'une aile sur une autre. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est plongé dans ses dissensions internes sur fond de repositionnement par rapport au congrès de mai de l'année en cours. Cette situation est manifestée par «les fuites» dont a fait l'objet la lettre qui se voulait interne d'Aboujerra Soltani à l'adresse du bureau exécutif présidé par Abderrazak Makri. Mais le conflit latent est ailleurs, il n'a rien à voir avec les tenants et les aboutissants de cette missive interne. Le conflit relève d'une guerre de repositionnement visant à faire placer le clan de Aboujerra en position de force pour supplanter le clan de Makri qui gère et prépare le congrès avec une conception favorisant les structures organiques comme un moyen idéal pour le président du MSP afin d'orienter le congrès dans le sens qui répond à sa démarche et celle de ceux qui partagent la même optique de leur président. Aboujerra Soltani soulève la question des «fuites» dans le sens où cette méthode obéit selon lui, à une mesure visant son affaiblissement aux yeux des militants du MSP et le réduire à sa juste personne dépourvue d'une aile aussi prépondérante à l'intérieur du MSP, ce qui le rend moins habile à imposer ou à faire passer son message à l'intérieur, comme alternative fiable pour se substituer à la présidence actuelle du parti représentée par Abderrazak Makri. La lettre de Aboujerra Soltani, adressée à la structure centrale du MSP, consiste en l'ouverture d'un débat plus large où les militants du parti auront à s'exprimer sur des questions sensibles en termes de choix à adopter pour le parti. Pour Aboujerra qui connaît mieux que les autres cadres du MSP les «guerres» de pré-congrès, il semble pris dans l'étau organique qui a trait à la commission qui prépare le congrès prochain. Dans ce sens, la lettre s'est focalisée autour de cet élément clé qui donne plus de pouvoir et de marge de manoeuvre à ceux qui détiennent la volonté de placer les cadres censés préparer et organiser le congrès. Le courant qui détient plus de cadres chargés de la présidence du congrès, aura toutes les possibilités d'être plus présent au sein du bureau exécutif du parti pour élire son président. La lettre de Aboujerra visait la manière et la forme dont la commission de préparation du congrès a fait l'objet. Sachant pertinemment que le choix s'est fait sur la base des textes encadrant le règlement intérieur du MSP issus des derniers congrès extraordinaires où chaque décision se faisait de façon consensuelle. C'est là où Aboujerra Soltani est gêné, sachant que le congrès extraordinaire avait été renforcé par la réintégration de l'ancien membre fondateur du MSP, Abdelmadjid Menasra en l'occurrence, qui a démissionné du parti au temps où Aboujerra Soltani et son aile faisaient la pluie et le beau temps au sein du MSP. Le retour de l'enfant «égaré» au bercail traditionnel avait servi comme atout majeur à Abderrazak Makri pour consolider son aile et la renforcer au sein des structures verticales et horizontales du parti. Avec cette donne qui a été consacrée par le congrès extraordinaire en usant du consensus dans la prise des décisions, s'ajoute le soutien sans ambages de l'aile de Menasra des choix de Makri quant aux orientations et à la feuille de route suivie par le parti. A propos de la feuille de route, Aboujerra dit «ne pas remettre en cause la commission chargée de la préparation du congrès. Il s'agit d'une feuille de route que j'ai proposée et elle est plus explicite dans ma missive adressée au premier responsable du parti», a tonné Aboujerra Soltani. Donc, la question essentielle qui s'exprime via les tiraillements que traverse le MSP est en rapport direct avec les deux courants qui s'adonnent à des «guéguerres» pour asseoir une espèce de domination d'une aile sur une autre. Le représentant de l'aile «participationniste», à savoir Aboujerra sait que la majorité des militants au sein du MSP est gagnée par la cause de Abderrazak Makri, une cause somme toute hostile à la «domestication» à nouveau du parti et le ramener derechef dans les bras de l'Exécutif. La feuille de route de Aboujerra s'esquisse dans l'antipode de l'aile dure incarnée par Makri. Aboujerra se considère comme porteur d'une «méthode différente de celle qui est prônée actuellement au sein du parti. C'est ce qui est mentionné dans ma lettre exigeant qu'il y ait au moins un débat large faisant même dans l'évaluation du bilan du quinquennat actuel de la présidence sortante», a asséné l'ex- président du MSP. Il est tout à fait clair que le congrès du MSP sera caractérisé par une bipolarité au sein des structures dudit parti. Cette bipolarisation sera attisée davantage pour faire passer la candidature de celui qui défend à fond sa démarche «participationniste» ou celui qui incarne la conception dure qui rejette toute participation du parti dans l'Exécutif. La phase préparatoire du congrès semble déjà livrer ses secrets sur fond de tiraillements et frictions entre tendances qui animent le MSP. Il est à craindre que lors de l'inauguration officielle du congrès, l'on assisterait à une guerre ouverte entre les deux clans qui minent le MSP!!