La guerre de leadership refait-elle surface au sein du MSP ? L'ancien président du parti, Bouguerra Soltani, et son successeur, Abderrazak Makri, se livrent, ces derniers jours, à des échanges vifs à distance. Le premier, débarqué de la présidence de cette formation à l'occasion du dernier congrès, exprime toujours son désaccord avec l'orientation donnée au MSP par la nouvelle direction. Dans des déclarations à la presse, il évoque une initiative pour redresser la ligne politique du parti qui a quitté, selon lui, la voie tracée par Mahfoud Nahnah. Pour réagir à cette sortie, Abderrazak Makri a posté un texte sur le site internet du parti dans lequel il renvoie implicitement Bouguerra Soltani aux instances du parti. Sous le titre «Le mouvement connaît une grande stabilité et réalise des avancées à plusieurs niveau», Abderrazak Makri commence par rappeler le contenu de «l'initiative» de son rival qui est «très vieille», selon lui. «Effectivement, Bouguerra Soltani a adressé une lettre au bureau exécutif depuis des mois, dans laquelle il expose une situation avec laquelle nous sommes d'accord sur plusieurs points. Mais il ne nous a rien proposé comme action», souligne-t-il d'emblée. Ce faisant, il défend la politique de sa direction qui reste, ajoute-t-il, «fidèle à la ligne tracée par Mahfoud Nahnah». «Nous sommes ouverts à toutes les discussions, mais seules les institutions sont habilitées à les examiner et à les trancher. Nous sommes toujours sur la même voie que celle tracée par Mahfoud Nahnah», précise-t-il. Dans ce sens, Abderrazak Makri revient sur les grandes questions à l'origine des réserves de Bouguerra Soltani. Il y a d'abord, explique-t-il, la décision prise en 2012 de quitter le gouvernement. «Cette dernière a été prise dans la foulée de la fraude électorale aux législatives de 2012 qui a été confirmée par le congrès et le conseil consultatif», rappelle-t-il. Le président du MSP défend également l'action de son parti au sein de l'opposition (Cltd et ICSO) qui a été entérinée, souligne-t-il, par les instances du parti. «Nous n'avons pas le sentiment qu'il y ait une situation anormale au sein du parti. Au contraire, nous avons réalisé des avancées sur plusieurs fronts. Mais nous ne voyons aucun inconvénient à ce qu'il y ait des points de vue différents au sein du parti. Il n'y a aucune raison d'amplifier les choses», lance-t-il à l'adresse de Bouguerra Soltani. La guéguerre entre les deux hommes ne date pas d'hier. Ce n'est pas la première fois que l'ancien président du MSP monte au créneau pour porter l'estocade à son successeur. Lors des consultations sur la révision de la Constitution en 2014, Bouguerra Soltani avait même décidé d'aller à la rencontre d'Ahmed Ouyahia, contre l'avis de sa formation, avant qu'il ne soit rappelé à l'ordre. Que cache cette nouvelle polémique entre les deux hommes ? La réponse sera connue, peut-être, dans les prochaines semaines.