Vendre son âme au diable. A une question, jeudi dernier, d'un sénateur sur la lutte que mène l'Algérie contre la migration clandestine, notre ministre de l'Intérieur, Nouredine Bedoui, a révélé «l'existence de réseaux criminels activant via les réseaux sociaux qui incitent les jeunes à quitter le pays en contrepartie de sommes importantes». Par son caractère officiel, l'information est de taille. Le gouvernement détient les preuves de ce qu'il avance. «Les services de sécurité ont réussi, dans le cadre des mesures prises pour faire face à ce phénomène, à arrêter les personnes impliquées dans cette affaire, avant de les présenter à la justice» a ajouté le ministre de l'Intérieur. On connaissait le financement du terrorisme, mais pas le financement de l'immigration clandestine. Ainsi donc, nous sommes en présence de tout un système qui consiste à créer le chaos dans les pays de destinations qui, à leur tour, se retournent contre les pays de départs. Il y a là toute une stratégie à grande échelle qui dépasse le grand banditisme dont font partie les passeurs. Le financement des millions de migrants (l'Allemagne à elle seule a accueilli un million de migrants) ne représentent pas des clopinettes. Des sommes faramineuses sont nécessaires. Des sommes que seuls des Etats peuvent assurer. Même si Bedoui ne va pas jusque-là, l'ampleur du financement ne laisse aucun doute. Et puis aussi, cette nouvelle information, donne une réponse au questionnement qui s'est toujours posé aux Algériens. Ils savaient que leur pays qui était un pays de transit était devenu un pays de destination. Ils savaient que des migrants venus de l'Afrique subsaharienne fuyaient la misère et les zones de conflits. Ils savaient que des migrants syriens, fuyant la guerre, ont trouvé refuge en Algérie. Tous ces migrants étaient heureux de trouver la paix dans notre pays. Ils étaient heureux de manger à leur faim. Mais quand ils apprenaient que des Algériens tentaient, eux aussi, de traverser la Méditerranée au péril de leur vie pour rejoindre l'Europe, ils ne comprenaient plus. C'est que ces Algériens appelés «harraga» n'ont pas le même profil que les migrants des autres pays qui se déversent sur les côtes du Vieux Continent. Nos «harraga» vivent dans leur pays en paix, mangent plus qu'à leur faim, gaspillent même. Nos «harraga» vivent dans leur pays qui ne trouve pas de main-d'oeuvre dans certains secteurs comme le bâtiment ou l'agriculture. Ils vivent dans leur pays qui distribue les logements par millions. Qui accordent des facilités déconcertantes à ceux qui veulent créer leur propre entreprise. Que les opportunités d'entreprendre sont à l'infini dans une Algérie en plein essor. En vérité c'est «la contrepartie de sommes importantes» qui les incite à partir. Voilà qui est clair. C'est tellement clair qu'il ne faut pas chercher loin pour trouver les financiers. Faut-il rappeler qu'un attentat dans les rues d'Alger durant la décennie noire était payé en devises fortes à son auteur? Bis repetita!