L'officialisation de tamazight et l'allocation chômage seront sur la table du dialogue. Le mouvement citoyen des archs, daïras et communes, reprendra langue aujourd'hui à 10 heures, avec le chef du gouvernement. Cet épisode du dialogue intervient dans un contexte de démobilisation générale en Kabylie où les autorités ont décidé d'organiser des élections locales. Deux points, et pas des moindres, sont à l'ordre du jour de cette nouvelle rencontre entre les deux parties. Les compagnons de Belaïd Abrika et le chef du gouvernement aborderont en effet la question de l'officialisation de la langue tamazight et l'allocation chômage. Les représentants des archs, contactés hier, prédisent que la rencontre sera élargie de quelques jours, vu l'importance des deux questions qui seront abordées. De toute évidence, le véritable écueil sera la reconnaissance du caractère officiel de la langue tamazight. Il convient de rappeler que c'est à cause de cette question justement que le dialogue a été suspendu en 2004. A cette époque, le gouvernement avait proposé un référendum pour l'officialisation de tamazight. Foncièrement opposé à cette éventualité interprétée comme «une atteinte directe à l'unité et la cohésion nationales», le mouvement citoyen avait décidé de rompre le dialogue. Depuis, la position des archs n'a pas changé d'un iota, à en croire les propos des animateurs du mouvement. Pour eux, la question est réglée dans le fond, «puisqu'un accord global a été signé entre les deux parties et les autorités suprêmes du pays se sont engagées à concrétiser tous les points de la plate-forme d'El Kseur». Mais ce n'est pas pour autant qu'ils comptent sur le slogan «Tout, ici, et maintenant». Les représentants des archs disent suggérer une solution.. «Pour nous, c'est la révision globale de la Constitution qui va satisfaire tout le monde, car de toute façon, il n'est pas et il ne sera pas question d'un référendum», a déclaré Farès Oudjeddi, représentant de la coordination de Béjaïa, joint hier par téléphone. «Le débat sur cette question portera donc sur le timing, les modalités et la manière de l'application. Une fois que l'officialisation est prise en charge par la Constitution, il importe peu si elle sera appliquée dans un mois, dix-huit mois ou dans une année», a ajouté le même représentant. Pour le second point, tout aussi sensible que le premier, les archs disent également suggérer une démarche. «Notre démarche dans cette revendication d'allocation chômage se base sur deux points essentiels: il s'agit d'abord de définir qui est chômeur et qui est demandeur d'emploi. Ensuite, réactualiser le fichier national et rouvrir les bureaux de main-d'oeuvre», a indiqué Farès Oudjeddi précisant que cette démarche inclut les et les jeunes filles au foyer. Une démarche qui ne sera pas de tout repos pour les autorités puisqu'elle implique de véritables enquêtes au niveau des Cnas, et du monde de l'emploi qui semble échapper aux pouvoirs publics. Interrogé sur les chances d'aboutissement de ces deux revendications, notre interlocuteur rappelle que le chef de l'Etat et le chef du gouvernement ont tous deux reconnu la légitimité des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. “On discute sur la forme de sa mise en oeuvre”, a-t-il dit. Les deux revendications qui seront discutées aujourd'hui, sont contenues dans la plate-forme d'El Kseur, le document de référence des archs. Pour les représentants du mouvement citoyen, ces deux questions sont donc réglées dans le fond. Ils avancent comme argument l'accord global signé avec le gouvernement en 2004 pour la mise en oeuvre des modalités d'application de la plate-forme d'El Kseur. Certes, l'engagement a été retiré de façon solennelle par le chef du gouvernement, devant les députés. Mais Ouyahia et les archs parlent-ils la même langue... politique?