Nouveau round de dialogue pour la mise en œuvre de la plateforme d'El Kseur. La délégation des archs dialoguistes rencontrera, demain, au Palais du gouvernement, le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, pour faire le point sur les modalités d'application de la plateforme de revendications et les réflexions engagées sur la question depuis janvier dernier. La réunion de jeudi, par son ordre du jour, paraît cruciale et décisive pour l'avenir des pourparlers entre les deux parties et le sort qui sera réservé à la fameuse plateforme. L'heure de vérité en quelque sorte. D'importants points sont, en effet, inscrits au programme de ce rendez-vous supposé être le dernier. Les deux « partenaires » aborderont enfin l'un des points qui fâchent : l'officialisation de la langue amazighe, huitième revendication. Selon Belaïd Abrika, chef de la délégation des archs de Tizi Ouzou, « en plus du débat sur l'officialisation de tamazight, les discussions concerneront aussi le 15e point du document d'El Kseur : l'allocation chômage ». L'interlocuteur a déclaré qu'aucun accord n'a été conclu concernant l'officialisation de la langue amazighe. Toutefois, il précisera que la question sera débattue lors de cette rencontre. La problématique de l'officialisation de tamazight était, rappelons-le, à l'origine de l'échec de la première initiative du dialogue engagée en janvier 2004. L'exigence du passage par un référendum pour l'institutionnalisation de cette langue suggérée par le gouvernement n'a pas été du goût des archs. Ils ont, rappelle-t-on, quitté la table des négociations. Si les archs ont obtenu des engagements sur la promotion de la langue amazighe par la création d'une académie et d'une chaîne de télévision, son officialisation demeure, compte tenu des visions opposées des deux parties, une équation difficile à résorber. Toutefois, depuis la signature d'un protocole d'accord sur les six incidences, les archs semblent motivés et s'attendent à ce que le gouvernement réponde favorablement à tous les points contenus dans la plateforme. Par ailleurs, selon une source proche de la mission des « dialoguistes », la réunion de jeudi abordera seulement le dossier relatif à ces incidences. Les questions de la révocation des « indus élus » et de l'arrêt des poursuites judiciaires lancées contre les manifestants poseraient un véritable problème. Selon cette source, l'ordonnance présidentielle du 17 juillet dernier, portant dissolution des APC et APW de Kabylie, ne concerne qu'une seule commune de la wilaya de Bouira, alors que la région est de cette wilaya a été touchée par les événements. Joint hier par téléphone, Abdeddou Djaafer, membre de la CCCWB et de la délégation des dialoguistes, déclare que 11 communes de la wilaya de Bouira doivent « normalement » être concernées par la dissolution. « Nous n'allons pas céder sur cette question. On a constaté que les engagements contenus dans le protocole n'ont pas été respectés. Outre la dissolution de certaines APC de Bouira et de Sétif, l'arrêt des poursuites judiciaires contre les jeunes manifestants. Huit jeunes font encore objet de poursuites judiciaires à Bouira. Nous allons revenir sur l'application des incidences », a affirmé Abdeddou Djaafer. La question de la révocation des élus en Kabylie, faut-il le souligner, pose un véritable problème notamment avec l'opposition affichée du FFS. Le plus vieux parti de l'opposition accuse les archs de vouloir composer avec le RND dans le but de le détrôner en Kabylie. La même accusation a émané du RCD. Ces deux formations remettent en cause la représentativité de ce mouvement qui s'exprime au nom de la population de Kabylie. L'autre point important qui devrait être abordé par le gouvernement et les archs est celui relatif au plan socioéconomique pour la région de Kabylie. Un plan évoqué, à maintes reprises, par le Président Bouteflika et le chef du gouvernement, mais qui n'a pas été encore concrétisé sur le terrain.