Les groupes extrémistes interdisent aux civils de quitter l'enclave Ahrar al Cham n'est plus qu'une coquille vide, après les affrontements de fin 2016-début 2017, au cours desquels Al Nosra, devenue Fateh al Cham pour les besoins de la situation, a mis sous sa coupe l'ensemble des factions dites rebelles, notamment dans la région d'Idlib. Les rebelles et ceux qui les soutiennent doivent «agir» pour que la trêve en Syrie fonctionne, a averti hier le MAE russe Sergueï Lavrov, tout en ajoutant que Moscou continuera à soutenir l'armée syrienne pour «éradiquer la menace terroriste». «La Russie et le gouvernement syrien ont déjà annoncé la création de couloirs humanitaires dans la Ghouta orientale», a rappelé M. Lavrov, devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. «Nous appelons les membres de la soi-disant coalition américaine à assurer le même accès humanitaire aux zones sous leur contrôle», a-t-il souligné. «Maintenant c'est au tour des militants et de leurs soutiens d'agir. Les militants retranchés là-bas continuent à bombarder Damas, bloquant les livraisons d'aide et l'évacuation de ceux qui souhaitent partir», a-t-il encore révélé. L'armée russe avait accusé mardi les groupes terroristes positionnés dans l'enclave de la Ghouta orientale en Syrie d'avoir lancé une «offensive» contre les forces du régime. «Pendant la trêve humanitaire, les combattants des groupes armés ont continué d'attaquer les positions des forces gouvernementales», a indiqué le responsable du Centre russe de réconciliation des belligérants en Syrie, Iouri Evtouchenko. Pendant cette trêve quotidienne entre 07h00 et 12h00 GMT, les rebelles ont procédé à «un intense feu d'artillerie», notamment des tirs de mortier, visant même le couloir humanitaire. «Nous appelons les leaders des groupes armés à respecter le cessez-le-feu et à ne pas entraver la sortie des civils vers des zones sécurisées», a souligné Evtouchenko. A l'opposé, le Pentagone a qualifié le rôle de la Russie d' «extrêmement déstabilisant», l'accusant de jouer le rôle de pompier pyromane. Le commandant des Forces américaines au Moyen-Orient, Joseph Votel, témoignant devant une commission du Congrès, a lancé cette accusation, ajoutant que «la Russie doit admettre qu'elle n'est pas capable de mettre fin au conflit syrien, ou alors qu'elle ne le souhaite pas». Pour lui, «Moscou attise le conflit entre le régime syrien, les YPG (milice kurde alliée des Etats-Unis) et la Turquie» pour «ensuite jouer un rôle d'arbitre afin de résoudre le conflit». Le général américain reproche, en outre, à Moscou de «continuer à plaider pour des solutions diplomatiques parallèles aux initiatives diplomatiques occidentales, cherchant ainsi à affaiblir le rôle de l'ONU et à limiter les progrès de l'influence américaine». Ces propos font écho à l'adoption d'une résolution réclamant une trêve «sans délai», au terme de longues et âpres négociations. Une trêve qui n'a pas fait long feu puisque les raids de l'aviation syrienne répondent aux tirs de l'artillerie et aux roquettes des groupes extrémistes visant Damas. Les hostilités n'ont donc pas baissé de rythme, même si les principaux groupes terroristes que sont Al Nosra, alias Al Qaïda en Syrie, Jaïch al Islam et Faylak al Rahman ont proposé, dans une lettre adressée à l'ONU, d'expulser un groupe rival, Ahrar al Cham, à condition de bénéficier d'une trêve conforme à leurs conditions. Une proposition qui n'a pas beaucoup de sens quand on sait qu'Ahrar al Cham n'est plus qu'une coquille vide après les affrontements de fin 2016, début 2017 au cours desquels Al Nosra, devenue Fateh al Cham pour les besoins de la situation, a mis sous sa coupe l'ensemble des factions dites rebelles, notamment dans la région d'Idlib. Il semble que l'évacuation des civils et des blessés soit vécue par les groupes extrémistes comme une menace pendante de nature à les laisser désarmés face à une offensive terrestre que l'armée syrienne prépare depuis des semaines. Rompus au scénario avec les évènements d'Alep en 2016, ils entendent garder aussi longtemps que possible leur bouclier humain, c'est-à-dire toute la population civile, et c'est-ce qui explique les tirs qui ont volontairement ciblé les couloirs humanitaires mis en place par la Russie dans la perspective d'un acheminement de l'aide humanitaire, d'une part, et de l'évacuation des personnes non combattantes, d'autre part. La riposte de l'armée syrienne sert ensuite de justification pour crier au manque de respect du cessez-le-feu, et c'est bien ce qui se passe avec des protagonistes qui se rejettent mutuellement la responsabilité de ces coups portés à la trêve décrétée par l'ONU. Bien sûr, si l'on en croit certaines agences, il n'y a que l'aviation et l'artillerie du régime qui «ont de nouveau bombardé mardi l'enclave contrôlée par les rebelles dans la Ghouta orientale, une vaste région dont les deux tiers sont aux mains des forces pro régime». Quant à l'agence syrienne Sana, elle a déploré un mort et cinq blessés dans la pluie de roquettes tirées par les extrémistes sur Damas tandis que d'autres tirs ont visé, «selon elle» écrit une agence, un couloir humanitaire au niveau du secteur d'Al-Wafidain, pour empêcher les civils de quitter l'enclave. Un fait est certain, «pas un civil n'a pu sortir de l'enclave en raison des tirs des terroristes» a souligné le général russe Viktor Pankov. Après avoir repris plus de la moitié du territoire en deux ans de rudes combats contre Daesh, mais aussi contre les groupes extrémistes divers dont les appellations changent d'un jour à l'autre afin de compliquer leur classification comme terroristes et comme rebelles alors qu'ils ont, bien souvent, la double casquette avec la bénédiction de leurs mentors, l'armée syrienne est déterminée à reprendre la Ghouta orientale qui reste, à ce jour, l'ultime bastion où grouille encore la vermine terroriste qui a contribué à ensanglanter la Syrie.