Le quartier de Hamouriyeh, dans la Ghouta, après un bombardement Ce sont les groupes Faylaq al-Rahman, Jaich al-Islam et Ahrar al-Cham, assortis il est vrai de quelques représentants de la société civile, qui se proposent d' «évacuer les combattants de Tahrir al Cham, de Jabhat al Nosra (Fateh al Cham) et d'Al Qaïda, avec leurs proches, en 15 jours». D'emblée, le Kremlin a fixé les règles du jeu: la trêve instaurée quotidiennement pour des raisons humanitaires dans la Ghouta orientale en Syrie sera fonction du comportement des organisations extrémistes et de leur respect effectif du cessez-le-feu. Bien sûr, des cris d'orfraie ont «salué» cette «intolérable» exigence, arguant de la difficulté de qualifier tel ou tel groupe de terrorisme. En soi, l'aveu est mortifère car les mêmes avocats de ces groupes sont aujourd'hui prêts à lever le voile sur la sombre réalité d'Al Nosra, Jaïch al Islam ou autres mouvances. Pour la Russie et le président Poutine, les choses sont simples, une fois de plus: après de nombreux coups de canif portés aux accords de cessez-le-feu conclus précédemment, il va de soi que la prudence exige de tester au jour le jour la volonté de ces groupes présentés comme des rebelles quand nombre d'entre eux ne sont que des mercenaires mobilisés pour la destruction de la Syrie. Sans écarter pour autant la possibilité d'un renforcement graduel du dispositif de cette trêve quotidienne, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné que «cela dépend de la manière dont se comportent les groupes terroristes, s'ils continuent à faire feu, s'ils poursuivent leurs provocations...Nous regrettons qu'en ce qui concerne la Ghouta orientale, nos vis-à-vis (les Occidentaux, ndlr) ignorent le désordre, la situation qui y est provoquée par les terroristes qui se protègent en tenant la population civile en otage». Le président russe Vladimir Poutine a donc annoncé lundi dernier une «trêve humanitaire»» quotidienne de cinq heures dans la Ghouta orientale, située près de Damas et cible d'une grande offensive du régime syrien. Cette annonce répond à l'adoption à l'unanimité samedi dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU, après d'âpres discussions, d'une résolution réclamant une trêve «sans délai» de 30 jours dans tout le pays. Un projet qui n'a pas abouti contrairement aux objectifs des puissances occidentales. Hier, déjà, le général russe Viktor Pankov a accusé les extrémistes d'avoir ouvert le feu sur le couloir humanitaire après son ouverture à 09h00 locales par l'armée russe. «Il y a actuellement des tirs intenses de la part des combattants et pas un seul civil n'est sorti» du fief terroriste, a-t-il déclaré aux agences russes. Cette reprise des combats dans la Ghouta orientale a été confirmée par l'ONU, qui a jugé «impossible l'envoi de convois d'aide et une éventuelle évacuation des civils et des blessés». Réagissant à cette manoeuvre compromettante, des groupes de rebelles ont adressé hier une lettre à l'ONU dans laquelle ils s'engagent à «expulser» les combattants des forces terroristes en échange d'une mise en application de la trêve réclamée par la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui prête à rire, c'est que ce sont les groupes Faylaq al-Rahman, Jaich al-Islam et Ahrar al-Cham, assortis il est vrai de quelques représentants de la société civile, qui se proposent d' «évacuer les combattants de Tahrir al Cham, de Jabhat al Nosra et d'Al Qaïda avec leurs proches dans une période de quinze jours», à compter de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Or, Jaïch al Islam et Ahrar al Cham ont été mis au pas par Fateh al Cham, alias Al Nosra,, dans la région d'Idlib après avoir été durant plusieurs années des alliés jusqu'au-boutistes! Cette lettre adressée au koweïtien Mansour al Otaïbi, président en exercice du Conseil de sécurité, et au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, fait également mention de «violations de l'accord de trêve par le régime et ses alliés russe et iranien», à la suite des frappes aériennes qui se poursuivent contre les abris de ces groupes terroristes toutes obédiences confondues. L'objectif des auteurs de la lettre reste en fait l'arrivée des convois alimentaires et médicaux dans une zone assiégée depuis 2013, de façon à alléger l'étau et permettre l'évacuation des blessés et des malades graves vers des hôpitaux. Mais cette proposition a peu de chance d'aboutir, sachant que Ahrar al Cham, balayée par Fateh al Cham à Idlib, n'occupe que quelques poches dans la Ghouta, de très faible portée. Durant les prochaines journées, la situation devrait connaître une certaine décantation et évoluer peu à peu, exactement comme elle a évolué à Alep d'où les groupes extrémistes ont été totalement exfiltrés et rassemblés à Idlib.