les cadres de ce mouvement veulent en découdre avec la démarche actuelle qui a caractérisé la présidence de Abderrezak Makri (à gauche sur notre photo) Les cadres du MSP avaient formulé le voeu de voir leur parti retrouver sa place d'antan, celle d'un parti qui participe au gouvernement, sans que cela hypothèque sa ligne politique. La conférence de consultation et de concertation du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui s'est déroulée récemment dans le cadre des préparatifs du congrès de mai prochain, s'est soldée par une décision de taille: elle consiste en la remise en cause du recours aux discours et aux choix radicaux dans sa ligne politique. Ce nouveau cap politique que vient de franchir le MSP lors de cette conférence, montre on ne peut mieux que les cadres de ce mouvement veulent en découdre avec la démarche actuelle qui a caractérisé la présidence de Abderrezak Makri et son discours teinté de radicalisme et de positions dogmatiques quant à la scène politique et son rejet mordicus de la participation au sein du gouvernement comme c'était le cas avant, avec le père fondateur du MSP, Mahfoud Nahnah et son successeur, Bouguerra Soltani, qui faisaient de la participation du mouvement un credo dans la mesure où ils se considéraient comme «une partie qui doit apporter sa contribution au pays», voire comme partenaire même. L'approche qui s'est esquissée lors de cette dernière conférence de concertation et de consultation, vise à recentrer les priorités du MSP et les exigences de ce parti islamiste, à la lumière des expériences que viennent de vivre les mouvements islamistes dans les pays arabes et les conséquences des «printemps arabes» où lesdits mouvements croyaient prendre le dessus sur ces «révolutions» et d'être les seuls timoniers de cette nouvelle situation qui a ébranlé la région du Moyen-Orient en général. Les cadres du MSP avaient formulé le voeu de voir leur parti retrouver sa place d'antan, celle d'un parti qui participe au gouvernement sans que cela hypothèque sa ligne politique. D'ailleurs, cette démarche a été partagée par la quasi-majorité des participants dans la conférence de concertation et de consultation dernièrement. Ces mêmes cadres avaient insisté lors de cette conférence que la participation n'est pas un frein en soi, ils énoncent une sorte d'ébauche quant à cette participation qui devrait s'exprimer comme une touche propre au mouvement, à travers ses représentants au sein du gouvernement. La participation doit être assumée comme choix de parti, mais aussi comme engagement qui impliquera certaines orientations programmatiques du mouvement au sein du gouvernement et non pas l'inverse. C'est-à-dire que même si le mouvement participe dans une coalition au nom du gouvernement, les ministres dudit mouvement doivent veiller à réaliser le programme du parti au sein de la dynamique gouvernementale et non pas subir les orientations et les programmes qui ne se reconnaissent pas, ne serait-ce que de façon relative dans l'approche du mouvement. Cette révision, voire changement de cap au sein du MSP, renseigne sur le fait que l'ère de Abderrezak Makri sonne son glas et que son mandat n'a pas été un élément qui pouvait apporter au MSP une espèce d'aura perdue sur deux plans: le premier, celui d'une démarche radicale dont ce dernier croyait faire une opportunité pour l'arrimer à «l'élan» des «printemps arabes» qui ont donné les mouvements islamistes comme favoris par excellence pour accéder à la magistrature suprême de leurs pays. Le deuxième, c'est que l'ère Makri a fait dans l'opportunisme le plus manifeste, il a joué le jeu d'une opposition radicale en s'alliant avec la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, en se posant comme leader de cette dernière, qui voulait une issue fondée sur un dialogue avec le pouvoir pour peaufiner une Constitution consensuelle. Le mandat du président actuel, Makri en l'occurrence, s'est détaché de cette coordination en participant à des élections par calcul, mettant les intérêts du MSP au- dessus de ladite démarche défendue par cette coordination mort-née. Donc l'évaluation lors de cette conférence de consultation, qui a regroupé les cadres du MSP, s'est focalisée sur le processus politique de ce mouvement depuis sa création par son chef, Mahfoud Nahnah en l'occurrence. Le MSP est renforcé par le retour de son fils «égaré», à savoir Abdelmadjid Menasra et son courant. Ce retour a donné une espèce de goût à ce mouvement de retrouver sa «ligne participationniste» d'avant. Pour ainsi dire, Menasra est pour cette démarche «participationniste», il a toujours affiché cette position, même en sa qualité de président de ce mouvement lors du congrès extraordinaire de la réunification. Ce nouvel élément vient renforcer cette approche dans la perspective de remettre le MSP dans son giron traditionnel, en sa qualité de mouvement islamiste modéré et qui assume sa participation au gouvernement. Les congrès de mai prochain s'annonce comme une opportunité propice pour remodeler et reconfigurer le mouvement dans le sillage de sa tradition partisane et politique pré-Makri. Un remodelage qui coupera court avec l'approche radicale et ses retombées sur le capital politique de cette formation qui a fait de l'alliance présidentielle son leitmotiv durant les mandats qui ont précédé celui du président sortant. La conférence s'attelle à réviser les statuts du parti, cherchant à faire dans la souplesse et le pragmatisme. C'est le cas pour le poste du président, il ne sera pas systématiquement conditionné par l'élection de son vice-président et l'équipe qui va travailler avec lui. Lors de cette conférence, le débat a bénéficié d'un large consensus de la part des cadres qui ont participé à cette consultation. Il est question de faire du MSP un parti qui se réfère uniquement à ses obligations politiques telles que tracées par son programme et dissocier le politique du travail s'inscrivant dans le cadre de la prédication. Cette nouvelle démarche prouve, s'il en est, que le MSP veut tirer les enseignements de l'expérience des mouvements islamistes des pays arabes où ils ont fait la séparation entre la prédication et l'action politique. Le MSP est en train d'opérer sa mue, cette nouvelle situation va permettre à cette formation de retrouver ses vieilles traditions qui ont été mises en place par le père du MSP, Mahfoud Nahnah. Une tradition consistant à se retrouver dans les bras du pouvoir et à participer au gouvernement.