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"Le FLN a une stratégie imparable pour 2019"
DJAMEL OULD ABBÈS, SECRETAIRE GENERAL, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 10 - 03 - 2018

«Nous sommes présents dans presque toutes les communes»
«Au bilan exhaustif des réalisations du président, il sera greffé une feuille de route 2020-2030...»
L'Expression: Quelle est votre analyse de la situation politique qui prévaut actuellement au pays?
Djamel Ould Abbès: Nous sommes dans une année charnière, préélectorale, une période marquée par les résultats des élections législatives et notamment des élections locales qui ont donné une nouvelle configuration politique. Sans tomber dans le triomphalisme, le FLN est sorti largement vainqueur de cette compétition. D'abord, première force politique à l'Assemblée populaire nationale(APN) et au Sénat(les deux chambres parlementaires), le parti est passé maintenant au rang de parti majoritaire dans les assemblées locales élues, à savoir les APC et les APW. Pour nous, être la première force dans les assemblées locales est très important car les élections présidentielles sont conditionnées beaucoup plus par la mobilisation des élus locaux que par les élus nationaux(députés et membre du Conseil de la nation).
Certes, les parlementaires ont un rôle à jouer, mais les APC et les APW sont sur le terrain et proches des citoyens. Ce sont les résultats de ces élections qui conditionnent actuellement toute l'atmosphère politique dans le pays. Le parti sort renforcé. Et la scène politique a enregistré un retour indiscutable du FLN comme première force sur la scène politique. Tout est conditionné par ces résultats d 'autant plus que l'échéance présidentielle est très proche. Nous sommes présents dans presque toutes les communes(plus de 700 APC) et la majorité des wilayas(34 sur les 48), alors que d'autres communes gérées par d'autres formations politiques, à l'mage de cinq municipalités de Jijel, ont rejoint récemment le FLN.
Alors que certains affûtent leurs armes, au FLN, une force tranquille, de proposition et de gestion, nous sommes sereins. Le FLN est également une force d'apaisement: le rôle qu'a joué le FLN après l'intervention du président de la République suite à la grève qui a secoué le secteur de l' Education nationale, prouve la maturité qu'a acquise le FLN en matière d'implication directe dans le règlement des conflits sociaux et d'autres événements qui peuvent toucher à la sécurité et la stabilité du pays, à l'unité nationale et à l'intégrité du territoire. Comme parti le mieux indiqué, le FLN a joué son rôle avec beaucoup de doigté et de discrétion. Nous ne sommes pas ceux qui avions réglé ce problème, mais ceux qui avions rapproché les deux parties suite à l'intervention du président de la République.
Le FLN fera-t-il de même pour les médecins résidents?
Il y a eu quelques appels du pied de certains médecins, mais on n'a pas été sollicité jusqu'à maintenant. Toutefois, s'ils nous sollicitent nous serons là pour répondre. J'ai fait des appels en tant que collègue en disant que les revendications légitimes je les fais miennes, mais on ne doit pas oublier l'intérêt des malades, notamment les malades chroniques, les femmes enceintes et d'autres cas dans la situation de détresse physique et morale, et qui ne peuvent pas se passer du médecin. Ils ont besoin de la présence rassurante de la blouse blanche. Lors de l'une de mes récentes sorties à l'intérieur du pays, j'ai conseillé aux grévistes de prendre l'exemple sur le Japon, en se contentant d'arborer le brassard pour afficher leur mécontentement. Les médecins auraient ainsi gagné l'estime et la sympathie de la population, d'autant plus que la majorité des revendications a eu des réponses positives de la part du ministre de la Santé. Je dirais sans s'immiscer dans les affaires de l'Exécutif, s'ils nous sollicitent nous serons prêts à rééditer la médiation que nous avons assumée dans l'Education nationale.
Est-ce que le FLN dispose réellement d'une feuille de route pour l'élection présidentielle?
J'ai dit que le FLN, légitimement, historiquement, aura son candidat à l'élection présidentielle. Nous travaillons depuis deux mois et demi sur le bilan des réalisations du président de la République (de l'Algérie) depuis 1999. C'est absolument indispensable et même vital pour le pays parce que nous avons été partie prenante dans son programme depuis 1999 et nous avons été le premier parti auquel il avait fait part de sa décision de se présenter, en qualité de candidat indépendant à l'élection présidentielle anticipée. Il est venu au siège du FLN, et a été reçu par le bureau politique. Le comité central qui s'est réuni à l'hôtel Sables d'or de Mazafran le 17 décembre 1998 a désigné Bouteflika comme candidat du parti, ensuite les autres ont afflué. Donc, nous avons un lien organique avec le président de la République et nous sommes partie prenante de ses 18 ans de règne, moi-même j'en ai fait partie, pendant 13 ans, en tant que ministre. Donc, nous sommes comptables de ce qui a été fait depuis 1999. Pour cette entreprise, j'ai installé des commissions de wilaya, composées des élus locaux, des membres du comité central, députés et sénateurs issus de ces wilayas ainsi que les mouhafeds, pour faire le bilan de tout ce qui a été réalisé, secteur par secteur. Nous sommes comptables au même titre que le président de la République, et il s'agit de répondre également aux sirènes qui demandent où sont partis les 800 milliards de dollars. Nous allons leur montrer chiffres à l'appui, fournis par le ministère des Finances, les dépenses qui ont été occasionnées par ces réalisations. Dès que le travail sera terminé, nous allons faire un bilan global que nous présenterons au comité central. J'avais prévu la réunion du comité central pour le 19 mars. Jusqu'ici 22 wilayas ont finalisé leur travail. Ce bilan, détaillé et illustré, nous permettra de voir ce qui a été réalisé, où sont les lacunes qu'il faut combler par la suite. En tout cas, dès que les bilans des 48 wilayas nous parviennent, nous allons uniformiser le travail pour faire un bilan global, selon un canevas déterminé, contenu dans un seul document. A ce bilan exhaustif, qui sera rendu plus visible, est venu se greffer l'interview accordée par le président de la République au groupe britannique Oxford Business Group (OBG), où il a abordé la situation économique et notamment défini une feuille de route 2020-2030. Donc, notre support sera le bilan des réalisations jusqu'à 2019, pour montrer la viabilité de ce qui a été accompli par le président de la République. Tout cela sera articulé à la feuille de route 2020-2030 tracée par le chef de l' Etat. Ce bilan qui nécessite du temps pour son élaboration, sera une fois achevé, un matériau qui sera présenté au comité central qui se tiendra vers la fin avril. Lors de cette session nous n'allons pas nous focaliser sur le bilan du SG, qui est du reste très positif, mais sur notre projection et vision pour le pays jusqu'à 2030.
La session du comité central se tiendra quand?
La tenue de la session prochaine du comité central est conditionnée par la réception des bilans des réalisation dressés par les wilayas. Jusqu'à maintenant, on a réceptionné 22 rapports de wilayas et refusé deux ou trois rapports mal ficelés. Pour l'anecdote, en guise de bilan, la mouhafadha de l'une des plus importantes wilayas du pays, nous a envoyé un fax de trois pages! Cela demande du temps, mais le parachèvement des bilans interviendra au plus tard au cours du mois d'avril et la session du comité central aura lieu en fin du même mois.
Combien de dossiers ont été présentés à la commission de discipline jusqu'ici?
Neuf dossiers ont été déjà présentés devant la commission de discipline. C'est la première fois que le parti aborde cet aspect disciplinaire, il y avait un laisser-aller, des dépassements. Les 21 membres de la commission présidée par Amar Louazani, dont 19 assistent aux réunions de la commission, ne sont pas «achetables», ce sont tous des anciens militants, anciens députés...etc. Je ne sais pas pourquoi cette commission fait peur. Celui qui n'a rien à se reprocher, n'a rien à cacher, n'a rien à craindre car dans tous les cas il sera innocenté.
Est-ce que le dernier mot en matière de sanction revient au secrétaire général?
La commission de discipline me propose les sanctions prises à l'encontre des cas étudiés. La victime peut faire recours auprès du secrétaire général, lequel de par les prérogatives que lui confèrent les statuts et le règlement intérieur du parti, peut atténuer les sanctions ou les maintenir, sans, toutefois, pouvoir les annuler complètement. La commission, souveraine, qui s'est réunie librement déjà trois fois, compte présenter ses délibérations le mardi prochain. Une victime d'un montage-photo présenté à la commission de discipline a été innocentée, pour dire que rien n'est définitif et le principe de présomption d'innocence est respecté, mais je suis très strict là-dessus. Je ne tolère pas qu'il y ait un quelconque règlement de comptes lors de l'examen de ces dossiers.
Qu'en est-il des reproches et du défi lancés contre vous par le sénateur Benzaïm?
Quand on m'a signalé sa déclaration, selon laquelle il exigeait la démission de la ministre de l'Education nationale, j'ai voulu attirer son attention par le biais du chef du groupe parlementaire au Conseil de la nation, M. Zobiri, qui lui a conseillé de se ressaisir car à travers ce genre de déclarations d'enlever «x ou y», il s'immisçait dans les prérogatives du président de la République.
Au départ il a concédé de retirer ses commentaires sur sa page facebook, mais deux jours après il a récidivé, en aggravant son cas par des déclarations contre la direction du FLN. Beaucoup de militants de ce type ont désappris la démocratie au sein du parti.
On n'entend plus parler de la Charte de coopération public-privé qui préparait l'ouverture des capitaux de certaines entreprises publiques...
Le président de la République qui tient et veille aux acquis sociaux des classes laborieuses et fragiles, évite le bradage. Il surveille tout et doit donner son accord avant de privatiser quoi que ce soit.
Quand le président, qui a une autorité et un charisme incroyable met le holà, tout rentre dans l'ordre.
Certaines voix parlent du flou entourant la liste des membres du comité central, sur laquelle une cinquantaine de noms ont été rajoutés?
Cette liste a été gelée et le moment voulu je sortirai la vraie liste.
Je suis en train de l'étudier parce que j'étais président de la commission des candidatures qui supervisait cette affaire, donc j'ai une responsabilité directe et historique dans cette question. Je commence déjà à débusquer des noms qui ont été rajoutés.
Est-ce que l'interdiction de parler du 5e mandat est une instruction ou injonction qui vient d'en haut?
C'est moi qui ai pris cette décision et j'assume ma responsabilité en tant que premier responsable du premier parti du pays. Evoquer le 5e mandat maintenant revient à parasiter et polluer toute la situation politique et ouvrir la porte à des attaques de toutes parts. J'ai donné l'exemple de la Russie où M.Poutine n'a annoncé sa candidature au 4e mandat que trois mois avant l'élection présidentielle. Ça devient un abcès de fixation.
D'abord ce ne sera pas le 5e mandat s'il décide de se porter candidat, ce sera un 2e mandat selon la Constitution.
Les partis de la majorité présidentielle ne se consultent plus, qu'en est-il?
On s'est réuni deux fois, à la veille de l'adoption de la loi sur la monnaie et le crédit et la loi de finances 2018. Cela s'est arrêté là, mais entre-temps, il y a eu des déclarations un peu déplacées de certains...


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