Le président du gouvernement intérimaire afghan, a prêté serment, hier, lors de la cérémonie d'investiture de l'administration transitoire afghane. Une nouvelle aube s'est levée sur l'Afghanistan qui semble bien décidé à tourner définitivement une page sanglante de son histoire. C'était hier à l'occasion de l'investiture de la nouvelle administration transitoire issue de la conférence de Bonn du mois dernier qui désigna le royaliste d'origine pachtoune Hamid Karzaï ( 44 ans) comme président du gouvernement intérimaire. A Kaboul, c'était la fête et tout un chacun espérait que l'expérience talibane est à jamais bannie. Beaucoup de monde se bousculait à Kaboul, ce 22 décembre pas comme les autres, où un pays commençait à poser les fondements de sa résurrection. C'est dans les locaux du ministère de l'Intérieur que s'est déroulée une cérémonie placée sous les auspices du chef charismatique, Ahmed Shah Massoud, assassiné le 9 septembre dernier. Cette prestation de serment du nouveau président afghan a eu lieu en présence du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Lakhdar Brahimi, de son adjoint Francesc Vendrell, de l'envoyé spécial américain James Dobbins, de même que le général Tommy Franks, responsable de la direction des opérations militaires américaines en Afghanistan. Côté afghan, c'était un patchwork où se mêlaient nouvelle et ancienne générations afghanes d'où émergeaient les «jeunes loups», outre le président Karzaï, les ministres de la Défense, Mohamed Qasim Fahim, de l'Intérieur Younis Qanouni et des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, alors que parmi les anciens, il y avait des chefs qui se sont illustrés dans les différentes guerres afghanes comme le chef ouzbek Abdul Rashid Dostam, le président sortant, le Tadjik Burhanuddin Rabbani, les anciens royalistes Sibghatullah Mojaddedi et Pir Seyed Ahmed Gailani. Les femmes, qui étaient également présentes, pour la circonstance, ont délaissé leur lourde burqa pour un voile léger et élégant. Si l'ambiance était, hier, à la fête, il n'en reste pas moins que le nouveau pouvoir aura, dans l'immédiat, la lourde charge de la remise sur pied d'un pays exsangue par vingt-trois années de guerre. Et ce sera loin d'être facile ou évident, d'autant que ce travail colossal reposera essentiellement sur une coalition plutôt fragile, issue du compromis de Bonn, qui devra rapidement apprendre à travailler de concert pour sortir l'Afghanistan de sa longue crise politique. D'ailleurs, personne ne s'y est trompé, à commencer par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Lakhdar Brahimi, qui, dans son intervention, a souligné: «Le 22 décembre 2001 (...) est un jour capital pour l'Afghanistan, les Nations unies et la communauté internationale dans son ensemble», indiquant: «Nous prions pour que ce jour marque la fin de la longue nuit noire de conflit et l'aube de la paix, de la réconciliation et de la justice», ajoutant qu'«après des années de guerre et de conflits terribles, le pouvoir est transféré d'une administration à une autre non par le fait des armes, mais pacifiquement et conformément à un accord politique». Fatigué par ces années de guerre, le peuple afghan attend maintenant de ses dirigeants qu'ils prennent à bras-le-corps cette entreprise gigantesque de reconstruction d'un pays que les guerres fratricides avaient totalement détruit.