C'est hier au Centre international de presse qu'a eu lieu le 1er tour de manivelle du documentaire-fiction de Nordine Inoughi et Boualem Guérilti. Un clap donné par la main même de Khalida toumi, ministre de la Culture, en présence de Zehira Yahi et quelques militants et moudjahidine ainsi que des personnalités du milieu audiovisuel. Produit par Image Pro et Isa Production, ce film documentaire retrace l'histoire de la proclamation du 1er Novembre. A cet effet, il a été présenté la machine à écrire qui a servi à rédiger le fameux texte. C'est à Ighil Imoula, dans une chambre située au- dessus de la maison d'accueil du village qu'a été tirée la proclamation du 1er Novembre 54, un tract qui allait bouleverser radicalement le cours de l'histoire coloniale. Pour commémorer cet événement, les artistes de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger contribuent en 1988 à la création d'une oeuvre intitulée «La Stèle d'Ighil Imoula», un ensemble de toiles modelées sous forme de parchemin symbolisant les premiers tracts qui, aujourd'hui servent de toit à la maison devenue le musée du village. La stèle sera acheminée vers Ighil Imoula au milieu des youyous et des ovations des populations, l'occasion pour des images uniques et historiques d'un moment très fort de bonheur. Les images exclusives ont été filmées la veille du 1er Novembre 1988 par Boualem Guéritli, ancien réalisateur à l'Entv et actuellement réalisateur pour le compte de la chaîne de télévision publique française France 2, et des interviews de Noredine Inoughi, grand reporter et éditorialiste à la RTA et à l'Enrs entre 1964 et 1990, ancien membre du Conseil supérieur de l'information. Le film retrace également la genèse des événements qui ont précédé la déclaration de Novembre 1954 à travers les témoignages de militants de base mais également de grandes personnalités qui ont marqué cette époque de leur empreinte. Le film reviendra sur les massacres de 8 Mai 1945 et donnera notamment la parole aux militants encore vivants et témoins directs ou indirects de la diffusion de la déclaration de Novembre 1954. Le film fait témoigner feu Ali Zamoum, l'initiateur de la stèle d'Ighil Imoula, adjoint de Krim Belkacem, décédé en août 2004. «Vous qui êtes appelés à nous juger» est construit en outre sur la base de reconstitutions fidèles, avec figurants et comédiens, respectant les ressemblances des personnalités historiques, ainsi que les lieux et les conditions dans lesquelles a été décidée et préparée la lutte armée. Quels sont les principaux rédacteurs de la proclamation et ses adversaires ignorés à ce jour par les manuels d'histoire? Pourquoi le choix de ce village par les leaders de la révolution algérienne à cette époque? Quelle fut la logistique employée pour garder le secret absolu de cette entreprise et déjouer la surveillance des autorités coloniales très présentes en cet été 54? Ce sont là quelques questions auquelles le film documentaire tentera de répondre à travers un recoupement de témoignages de survivants en Algérie et en France et d'historiens. Aujourd'hui c'est le 20 août, vous comprendrez que je sois ému. Cette date nous a permis de recouvrer la liberté et la dignité. C'est dans l'unité et la fraternité qu'avait été réalisée la stèle d'Ighil Imoula. Les images ont réapparu 4 ans après. Le projet de ce documentaire est né sur la proclamation de Novembre, un acte fondateur de la nation Algérie. «L'inspirateur de l'unité nationale» soulignera Noreddine Inoughi et de renchérir: «Notre souhait est d'écrire notre histoire par nous-mêmes et pour nous-mêmes, par ceux qui l'ont subie avec l'aide des autres qui ont apporté leur contribution à cette page, notamment des moudjahidine.» Et Boualem Guéritli de confier: «Je suis heureux et fier d'avoir connu des hommes. De la guerre de révolution, on ne connaît que la souffrance mais à 6 ans on ne comprend pas. J'ai eu la chance de côtoyer des hommes merveilleux. C'est pourquoi j'ai une dette d'honneur envers Ali Zamoum. Il n'y a pas de repères chez nous. Ces hommes sont des héros, des hommes d'exception, je suis fier de les avoir connus. Le documentaire je le ferai!» A noter que le ministère de la Culture a promis de financer une partie du tournage du film. «Notre volonté est de reconstruire les principales étapes qui ont précédé la proclamation. Aussi tout va être fait de façon à ce que cela soit proche de la réalité sur la base de documents qu'on a pu avoir», dira M.Guéritli et à Nourredine Inoughi d'achever la démarche du film qui a pris racine au coeur de la prospection: «Nous n'avons ni l'ambition ni la nécessité de tout régler. Il y a des militants qui partent malheureusement, leurs voix restent inconnues. Ce film commence en 1947 pour s'arrêter en 1954 avec un flash-back indispensable sur le 8 Mai 45».