Rarement conjoncture géopolitique n'a rassemblé autant d'acteurs impliqués dans des crises qui agissent immanquablement sur le marché de l'or noir. Le baril est assis sur une poudrière. Le dire n'est pas une vue de l'esprit. Les prix du pétrole se maintiennent autour des 70 dollars à Londres. Un niveau que les pronostics les plus optimistes n'avaient pas prévu. Les tirs de missiles contre l'Arabie saoudite, l'accord sur le nucléaire iranien que les Américains veulent remettre en cause, les tensions américano-russes qui ont fait tache d'huile, représentent autant d'ingrédients qui augurent d'une «explosion» des prix du pétrole. Rarement conjoncture géopolitique n'a rassemblé autant d'acteurs de premier plan directement impliqués dans des crises qui agissent immanquablement sur le marché de l'or noir. L'Arabie saoudite, un des producteurs mondiaux, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est empêtrée dans une guerre au Yémen, qui, en plus de lui coûter cher, en subit un retour de manivelle qui met le royaume à portée de tirs de missiles des rebelles houtis. Ce qui n'est guère rassurant pour la sécurité des infractures pétrolières de ce pays gros exportateur d'or noir. Le cocktail est explosif. Une actualité récente qui avait été précédée par une toute aussi inquiétante tension entre Riyadh et Téhéran. Cette prise de bec a mis aux prises, l'Arabie saoudite figure de proue de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à la République islamique d'Iran, membre tout aussi influent du cartel qui produit actuellement près de 4 millions de barils par jour et qui n'est ni plus ni moins que le troisième producteur de l'Opep. De la dynamite pour le marché pétrolier. Les cours du pétrole ne sont, en effet, pas restés indifférents aux échanges verbaux entre ces deux protagonistes, poids lourds du marché de l'or noir. Les prix du pétrole ont réagi au quart de tour progressant de plus d'un dollar le 16 mars dernier. Les investisseurs se sont notamment inquiétés de la tension croissante et persistante entre le premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite, et l'Iran un autre membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Il y avait de quoi rendre plus que susceptible la République des mollahs puisque la télévision américaine devait diffuser le 25 mars une interview du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans laquelle il compare le guide suprême iranien Ali Khamenei à Adolf Hitler. Un méli-mélo dans lequel les Américains ont décidé de jouer leur partition, attisant le feu de cette «fournaise» qui chauffe le baril. Le président américain est en effet tenté de rompre l'accord sur le nucléaire iranien comme il n'a pas exclu qu'il l'accompagnerait de sanctions. Le spectre de l'embargo sur le pétrole iranien pèse donc plus que jamais. La Maison-Blanche doit se décider le 12 mai de continuer ou non l'accord sur le nucléaire iranien qui permet notamment au pays d'exporter son pétrole. La nomination la semaine dernière de John Bolton, qui ne cache pas son hostilité contre le régime iranien, au poste de conseiller à la sécurité nationale par le président Donald Trump constitue un indice fiable qui montre que l'on se dirige vers de nouvelles tensions entre Washington et Téhéran. Le successeur de Barack Obama a cependant décidé d'étendre son champ de représailles pour s'en prendre à un autre poids lourd du marché pétrolier: la Russie qui en compagnie de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis partage le podium des premiers producteurs d'or noir. Pour le moment cela se limite à l'expulsion de diplomates soupçonnés d'espionnage. Plusieurs pays européens dont certains gros consommateurs d'or noir (France, Allemagne...) se sont solidarisés avec les Américains et ont décidé de prendre part à cette «opération». Moscou a promis de répliquer. Brandira-t-il l'arme du pétrole? Ce n'est pas exclu. Pour laver un tel affront. Il y a aussi la Syrie, un théâtre d'opérations où presque tout ce beau monde est confronté. Tous les ingrédients semblent, en tout cas, réunis pour une envolée des prix du pétrole.