Le terrorisme, en fin de compte, c'est quoi? On en parle beaucoup certes, mais personne ne semble capable de dire en quoi il consiste enfin, nonobstant les dégâts que le fléau laisse sur son passage. Ainsi, les pays qui ont le pouvoir de sanctionner ou de clouer des Etats au pilori, qui accusent volontiers les autres, ont la mémoire défaillante. Pour les Etats-Unis en particulier, des pays comme l'Iran ou la Syrie sont taxés de pays «terroristes» ou, à tout le moins, «soutenant» le «terrorisme». C'est commode et cela peut rapporter gros. En son temps, le président des Etats-Unis, George W Bush, pouvait, sans trop s'embarrasser de vérité, et sans apporter le moindre indice à ses allégations, imputer le terrorisme à l'Irak. Normal! Bush savait de quoi il parlait. Car le terrorisme, le vrai, les Etats-Unis - maîtres en manipulation des opinions - non seulement l'ont créé, mais s'en servent, au moins, depuis les années 1970, d'abord pour faire barrage à l'Union soviétique, ensuite mettre au pas tout pays qui ne sait pas rentrer dans les rangs. Dans ces années-là, les Etats-Unis ont armé - allant jusqu'à fournir des missiles Stingers aux moudjahidine afghans - et formé les phalanges islamistes que l'Arabie saoudite finançait et recrutait dans les pays arabes. C'était un secret de Polichinelle. Tout le monde savait les tenants et aboutissants de cette affaire. Nous en savons un peu plus après les aveux(?) ou confidences du prince héritier, Mohammed ben Salmane, qui confirme que son pays est bien l'un des axes de l'intégrisme wahhabite et de son expansion dans le Monde arabe et musulman à la demande, dit-il, de Washington. Certes, le prince saoudien ne dit pas tout, mais authentifie cependant le fait que le terrorisme, qui n'est pas né du néant, a été grandement aidé, fabriqué par l'alliance contre nature entre lesdites «démocraties» occidentales» et l'intégrisme wahhabite. En 2001 - lors des attentats de New York - 17 Saoudiens figuraient parmi les présumés auteurs des attentats. Or, à cette époque, ce n'est pas l'Arabie saoudite - un puissant allié de l'Occident - qui a été désignée comme pays terroriste ou soutenant le terrorisme, mais bien l'Irak. L'Irak paradoxalement l'un des rares pays laïcs - avec la Syrie - du Monde arabe. Et ce sont ces deux pays laïcs arabes que l'impérialisme états-unien a mis dans son collimateur. Il ne faut donc pas se leurrer, ce ne sont pas ceux qui parlent haut et fort du terrorisme ou disent combattre le terrorisme qui sont les plus francs. En revanche, ce sont ces pays qui ont - de toutes les manières - instrumentalisé le terrorisme à des fins géopolitiques et géostratégiques. L'ancien chef de la diplomatie française, Laurent Fabius ne nous démentira pas qui trouvait que Jebhat al-Nosra, branche syrienne de la nébuleuse islamiste Al Qaîda, «faisait du bon boulot» en Syrie et qu'il ne serait pas facile de la «désavouer» reconnaissant de fait l'alliance de la France avec le terrorisme. L'autoproclamé «Etat islamique» est l'une des retombées directes de la guerre de 2003, contre l'Irak, pays où le terrorisme était inconnu. De fait, plusieurs personnalités politiques et diplomatiques états-uniennes - notamment l'ancienne secrétaire d'Etat, Hillary Clinton - ont assuré que «Daesh» était une «création américaine». En fait, cette création entrait de plain-pied avec l'objectif des Etats-Unis de remodeler le Moyen-Orient avec en plus un nettoyage ethnique qu'ils ne pouvaient assumer directement. Daesh, hors les lois, en sera l'instrument. Et Daesh a fait le boulot qui était attendu de lui avant l'entrée en scène de la Russie en 2015. Ce qui remet à l'ordre du jour l'étrange aveu (?) de l'ancien président Barack Obama qui, le 7 juillet 2015, fit une déclaration incroyable que personne n'est arrivé à décrypter: dérapage, lapsus, langue qui fourche - allez savoir - A l'époque de la débandade des troupes irakiennes à Ramadi, Obama dit avoir ordonné «l'accélération de l'entraînement des forces d'ISIS» (acronyme anglais de Daesh, Islamique State in Irak and Sham). Inconcevable ce qu'avait, alors, dit le président Obama assurant que «cet aspect de notre stratégie allait trop lentement, mais la chute de Ramadi a galvanisé le gouvernement irakien. Ainsi, avec des étapes supplémentaires j'ai ordonné que nous accélérions l'entraînement des forces d'Isis, y compris des volontaires de tribus sunnites dans la province d'Anbar». [cf; https://www.youtube.com/watch?v=OFJdBn2Fvbw] Certes, la Maison-Blanche a corrigé (après coups), mais le doute subsiste. Aussi, de quel terrorisme parle-t-on? Du terrorisme ordinaire ou d'un terrorisme appuyé et instrumentalisé par des Etats, comme le groupe «Etat islamique»? Un danger pour la stabilité et la sécurité de notre monde. Accuser l'Iran et la Syrie de terrorisme, c'est aisé! Mais quid des vrais tuteurs du terrorisme que sont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni?