En adoptant les jeudi et vendredi comme jours de repos hebdomadaire, des milliards de dollars et autant d'heures de travail ont été perdus par l'Algérie. Une source généralement bien informée a révélé à L'Expression qu'un avant-projet de loi portant sur l'adoption du week-end universel est actuellement à l'étude au niveau des services du Chef du gouvernement. Notre source soutient que la démarche de l'Exécutif obéit à des impératifs essentiellement économiques, surtout que le pays a signé l'accord d'association avec l'Union européenne et est en négociation avancée pour une adhésion à l'OMC. Ces deux éléments, qui obligent l'Algérie à intensifier ses échanges avec l'étranger, la mettent en demeure d'adopter une gestion autrement plus rigoureuse de ses ressources humaines et matérielles. A ce propos, il y a lieu de signaler que depuis 1976, année où l'Algérie s'est alignée sur certains pays arabo-musulmans, en adoptant les jeudi et vendredi comme jours de repos hebdomadaire, des milliards de dollars et autant d'heures de travail ont été perdus par l'Algérie. Les nations avec lesquelles notre pays partage le week-end n'ont, pour ainsi dire, aucune activité notable avec le secteur économique national. Résultat: le passage du week-end universel au jeudi-vendredi a été vu par beaucoup d'observateurs comme une décision économiquement négative pour l'Algérie. Un constat de plus en plus partagé par nombre d'acteurs économiques, telles des organisations patronales ou des formations politiques. Des membres du Conseil national économique et sociale (Cnes) ont, eux aussi, insisté sur l'importance du retour au week-end universel aux fins de limiter le gaspillage économique qui découle de la décision prise en 1976 pour des considérations politiciennes très éloignées de la réalité du terrain de l'époque. En 2001, il devient très urgent, affirment les défenseurs du retour au week-end universel, de faire en sorte de limiter les dégâts et revenir à des règles de gestion communément établies par la majorité des pays du monde. Une urgence soulignée par notre source qui prévoit la présentation de l'avant-projet de loi devant l'APN, dans un avenir plus ou moins proche, le texte étant finalisé et il ne reste qu'à trouver le moment opportun pour le rendre public. Cependant, cette mesure, même si elle trouve largement sa justification sur le plan strictement économique, provoquera, à n'en pas douter, l'ire des islamo-conservateurs. Aussi, faut-il s'attendre à une véritable levée de boucliers des tenants de l'islamisme algérien. Nahnah, Djaballah et autre Adami tenteront de rééditer la campagne qu'ils ont menée contre la réforme du système éducatif. Cela dit, contrairement au dossier de l'école, celui du week-end universel n'est pas une affaire interne, mais engage la crédibilité de l'Etat algérien face à des partenaires exigeants, avec lesquels le pays compte profiter de l'accord signé pour optimiser ses ressources à tous les niveaux. Chaque minute vaudra désormais son pesant d'or pour l'économie nationale. La crainte serait que les islamistes ne l'entendent pas de cette oreille et se lancent dans une campagne de dénigrement des initiateurs du projet. De chaudes empoignades donc, en perspective entre les pro et les antiweek-end universel. Cepen-dant, sur le plan politique, la mesure a toutes les chances de passer, pour la simple raison que son initiateur, le Chef du gouvernement, sera soutenu par son parti et d'autres formations politiques représentées à l'hémicycle de Zighoud-Youcef.