La rentrée politique prendra cette année des couleurs électorales et promet une radicalisation des discours, dans la perspective de la grande bataille. La scène politique nationale a connu une effervescence sans pareille, ces deux derniers mois. Les événements de Kabylie ont sorti de son sommeil la classe politique nationale. Les commentaires des uns et des autres sur la situation tragique que traverse le pays a réveillé les rancunes où se nourrissent républicains et islamo-conservateurs. Ces derniers ont mis les bouchées doubles pour contrecarrer tout projet de modernisation de la nation en remettant les démons intégristes au goût du jour. Ainsi, depuis des semaines, les sorties médiatiques se multiplient, et il est à chaque fois question de leur version de la réconciliation nationale. L'épouvantail Benhadj-Madani est, à chaque occasion, brandi par les Adami et autre Djaballah. Ces deux chefs intégristes réclament ouvertement la libération de Ali Benhadj. Nahnah n'est pas en reste, même si son discours est plus nuancé. De leur côté, les républicains, en s'opposant aux thèses développées par les islamistes, tirent à boulets rouges sur tout ce qui peut ressembler à la réconciliation. Les leaders démocrates ne veulent même pas en entendre parler et accusent explicitement le pouvoir de s'être allié aux islamo-conservateurs. Les discours contradictoires et vraisemblablement inconciliables des deux forces politiques actives sur la scène nationale ont atteint un tel degré de virulence que les observateurs ne voient pas les deux protagonistes, qui s'excluent mutuellement, faire la paix. La guerre que se livrent les deux familles politiques, sur fond de violence intégriste, est-elle arrivée à un point de non-retour, de sorte qu'aucune trêve n'est possible? La mission du Président de la République, qui a conscience que la paix est indispensable à tout projet de reconstruction et de développement, et qui n'a eu de cesse d'appeler à une réconciliation nationale entre les diverses composantes de la classe politique nationale, est de fait rendue beaucoup plus difficile à accomplir, au vu de l'état de délabrement d'une scène politique qui ne semble pas avoir saisi la portée du message présidentielle. La rentrée politique prendra cette année des couleurs électorales et promet une radicalisation des discours, dans la perspective de la grande bataille. Si elle n'est pas la dernière, elle aura toutes les chances d'être déterminante.