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«Toutes les victimes de la tragédie seront assistées»
RECONCILIATION NATIONALE ENTRETIEN AVEC LE DOCTEUR DJAMEL OULD ABBÈS, MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE NATIONALE
Publié dans L'Expression le 28 - 08 - 2005

L'Expression: Vous avez sillonné plusieurs villes d'Algérie, avec en main un message de réconciliation que vous adressez spécialement aux jeunes, pourquoi ce choix?
M.Djamel Ould Abbès: Nous focalisons nos efforts, depuis quelques mois, sur la frange jeune de la société. Aujourd'hui, grâce au président de la République, la Charte sur la réconciliation nationale est venue concrétiser l'espoir de cette jeunesse qui réclame un avenir meilleur basé sur la stabilité et la paix. Nos efforts ont été consentis surtout sur le scolaire et le professionnel. C'est une prise en charge qui nous permettra de panser les blessures et venir à bout de la crise, mais aussi d'en éviter une autre. Concernant la réconciliation, je crois que le président a relevé un important défi. C'est un projet de société qui continue de parler de lui-même. Quant à certains volets qui ont suscité des interprétations ambiguës, ceux-ci commencent à se manifester plus clairement. Une chose est sûre, moi personnellement, j'aperçois négativement le fait qu'un algérien puisse se déclarer opposé au principe de la réconciliation qui, rappelons-le, ne concernera pas les gens qui ont les mains entachées de sang et ceux qui sont auteurs d'actes de viol. Le texte de la Charte sur la réconciliation est très clair et ne laisse aucune chance aux situations incertaines. Sa mise en oeuvre permettra à l'Algérie de se réconcilier avec elle-même. Pour ce qui nous concerne, ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale et Alliance présidentielle du mouvement associatif et de la société civile, nous ne cesserons de frapper à toutes les portes. Car, cette initiative, faut-il le préciser, n'a rien de contraire à l'Islam qui prône la réconciliation dans 180 versets coraniques, et non plus avec le principe des droits de l'Homme. Je dois préciser aussi qu'il ne s'agit aucunement de mettre la religion au service du politique.
Vous vous êtes mis dans la peau d'un allié infaillible du président, comment évaluez-vous la Charte pour la paix initiée par Bouteflika?
Il faut dire que la charte est un véritable projet de société. Car, quand on parle de la réforme de la justice, de l'école, de l'administration et de la santé, c'est pour bannir l'injustice et l'impunité. Cela veut dire aussi que toutes les réclamations énoncées par la société ont trouvé une oreille attentive auprès des autorités de ce pays. L'initiative du président de la République n'est qu'une suite logique de la résistance du peuple algérien qui ne s'est jamais incliné en dépit d'un passé tragique. Cette résistance historique du peuple algérien a été soutenue par le rôle de l'armée qui a payé un lourd tribut pour la sauvegarde de la nation et de la République. Le projet du président devra donc consacrer définitivement le retour à la normale, mais surtout de prendre en charge effectivement toutes les victimes de la tragédie nationale.
Votre secteur est appelé à assumer la lourde tâche qui consiste à prendre en charge des victimes de la tragédie nationale, avez-vous élaboré un plan d'actions dans ce sens?
Pour ce qui nous concerne, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale est le premier secteur concerné par la prise en charge des victimes de cette décennie noire. Je parle surtout des familles victimes du terrorisme et celles des disparus. Ce volet relatif à la prise en charge se fera dans un cadre de solidarité nationale, tel que précisé par le président de la République. Il faut que vous sachiez qu'après l'adoption par le peuple algérien de cette charte pour la paix, des mesures seront prises dans le cadre de la loi. Cette prise en charge nous l'avons déjà entamée il y a de cela des années, puisque nous avons aidé un bon nombre de familles victimes du terrorisme. Une tâche appelée à se renforcer après le 29 septembre prochain.
Justement, après l'adoption par le peuple de cette Charte pour la paix, peut-on s'attendre à des mesures immédiates à l'adresse des premiers concernés?
Nous avons déjà pris, en tant que ministère de la Solidarité, des initiatives à l'adresse des personnes en détresse, dont les victimes du terrorisme. Mais, concernant le projet de réconciliation nationale, les mesures ne seront prises officiellement qu'après l'adoption de la charte. Il y aura certainement des mesures réglementaires qui seront décidées par le gouvernement et le département de la solidarité, puisque le président m'a confié cette tâche. Ce sera une prise en charge globale sans discrimination. Il y a tout un arsenal de textes qui va paraître immédiatement. Concernant mon secteur, nous sommes appelés à intervenir directement pour cette prise en charge, suivant le cadre qui nous sera tracé par le président de la République.
Vous ciblez surtout des régions qui ont connu des vagues de violence à l'instar de la ville de Béchar, s'agit-il d'un message de réconciliation que vous voulez faire passer?
La ville de Béchar a connu quelques escarmouches à cause d'une coupure d'électricité, à Ouargla à cause de l'emploi et à Djelfa et Tizi-Ouzou pour d'autres raisons qui sont connues. Je crois que c'est des petites escarmouches ponctuelles qu'on a tenté de politiser et surpolitiser et de leur donner ainsi un caractère dangereux et grave. Compte tenu donc de la proximité d'un pays voisin, on a voulu lui donner une dimension qui n'était pas la sienne. Les jeunes que j'ai vus dans ces villes sont unanimes dans leur soutien au président. Il faut que vous sachiez une chose, quand vous garantissez la dignité à quelqu'un vous n'aurez rien à craindre par la suite. Mais, lorsque cette même personne n'est pas respectée, ni écoutée, elle devient inévitablement incontrôlable. Quant au message que je leur ai transmis, je crois que ce sont eux qui me l'ont donné. C'est un soutien encourageant qui nous permettra décidément d'aller de l'avant.
Certaines organisations des familles victimes de cette tragédie se disent marginalisées et exclues, serait-ce réellement le cas?
J'ai commencé le travail dans ce secteur de réconciliation il y a déjà quelque temps. J'ai fait, comme je vous l'avais déjà dit, Ain Defla, Tizi-Ouzou et Béchar. Nous poursuivrons nos rencontres avec ces victimes et lundi nous recevrons au sein du ministère les familles victimes du terrorisme pour discuter et débattre de l'initiative du président. Nous lançons à l'occasion un autre appel à toutes les autres parties. Quant à ceux qui sont contre cette initiative pour la sortie de crise, qu'ils apportent leur argumentaire et nous apportons le nôtre. Je salue néanmoins le courage de toutes ces familles, mais il faut que l'intérêt général passe avant l'intérêt particulier. Quand il s'agit du destin d'une nation et d'un peuple, quelquefois on se fait violence. Une chose est sûre, nous ne pouvons pas condamner quelqu'un qui se déclare opposé au principe de la réconciliation, car il a peut-être ses raisons. Concernant les familles des disparus, je crois que la Charte sur la réconciliation est venue baliser la voie pour une prise en charge meilleure et bien organisée.


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