En parlant des délinquants réinsérés, on oublie souvent le nombre de ceux qui n'ont pour milieu que la rue. «Notre département compte 258 établissements spécialisés dans la réinsertion des délinquants juvéniles.» Cette précision a été apportée, hier, au Centre national de formation des personnels spécialisés sis à Birkhadem, par M.Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale et de l'Emploi, lors d'un séminaire de formation organisé les 25 et 26 du mois en cours, dans le cadre de la coopération entre Alger et la Région Paca (France). L'objectif est la création d'un «Samu social Algérie». Le chiffre avancé par le ministre est satisfaisant. Mais combien sont ces enfants qui n'ont pour milieu que la rue? A cette question, le ministre s'est montré réticent. Sur ce total annoncé, l'on enregistre 42 établissements chargés de la sauvegarde des mineurs en conflit avec la loi ou en danger moral dont 9 centres spécialisés pour l'accueil des filles. «Cette délinquance féminine est nouvelle pour notre société. Elle est l'une des conséquences néfastes de la mondialisation.» a précisé le conférencier. Ce phénomène d'osmose et de symbiose prend, malheureusement, de l'ampleur face au manque de moyens et d'équipements adéquats qui peuvent permettre de se rapprocher du malade, souffrant en silence. Chiffres à l'appui, pour démontrer les efforts consentis par plusieurs parties concernées dont le ministère de la Justice, M.Ould Abbès a fait savoir que 30 centres spécialisés de rééducation (CSR) existent avec une capacité d'accueil de 3270 délinquants. Voulant savoir qui, de cette frange, souffre le plus, notre interlocuteur a précisé que «les orphelins de père et de mère ainsi que les victimes de la tragédie nationale sont les premières victimes.» Et d'ajouter qu'«une enveloppe financière de 125 milliards de centimes a été allouée pour la construction des logements au profit de ces victimes.» S'agissant des difficultés de réinsertion, elles se résument en la démission des parents, la faiblesse du niveau scolaire, le manque d'encadrement et des moyens pédagogiques. Sachant que la tâche est de plus en plus rude, le ministre a appelé les psychologues, les directeurs spécialisés et assistantes sociales, les directeurs régionaux de l'Agence du développement social (ADS), les juristes, etc., à redoubler d'efforts afin de juguler ce phénomène. Une question nous taraude, sans cesse, l'esprit: est- ce la place d'un enfant encore au cycle primaire, si une chance lui était offerte dans l'enseignement, de passer son temps dans la rue? Quelles sont les raisons qui poussent ces «angelots» à commettre des agressions sur leurs parents, des atteintes aux moeurs, porter des armes...et d'appartenir à des groupes de malfaiteurs? Cette rencontre de professionnels, n'est, faut-il le rappeler, qu'un prolongement d'un séminaire de formation sur la bientraitance des personnes en difficultés psychique et sociale, organisé à Alger au cours du mois de mai de l'an dernier. Par ailleurs, il convient de préciser qu'une convention à été signée, ce samedi, avec un Samu social français pour une meilleure prise en charge de cette frange «agonisante.» Pourquoi la France? «Nous voulons échanger des expériences avec ce pays où vit une partie importante des jeunes Algériens, notamment à Marseille, et dont les relations culturelles sont solides.» a argumenté M.Djamel Ould Abbès. Qu'en est-il des préoccupations urgentes de son département? Sans mâcher ses mots, il nous répond qu'elles «concernent l'introduction et l'insertion de ces enfants dans l'enseignement.»