La contestation sans précédent, a pris racine dans les trois wilayas de Béjaïa, Blida et Tizi Ouzou Il faut rappeler, que l'année blanche a été évitée de justesse. Le secteur de l'Education nationale a de tout temps été miné par des perturbations récurrentes. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que la crise qui a secoué de plein fouet les structures éducatives ces derniers mois, restera sans nul doute, gravée dans les annales. En effet, le mouvement de protestation du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a engendré, à travers le déclenchement d'une grève illimitée, des répercussions en défaveur du déroulement normal des activités de l'année scolaire. Si on veut retracer le cheminement de la grogne du Cnapeste, il est nécessaire de revenir sur les origines de cette contestation sans précédent, qui ont d'abord, pris racine dans les trois wilayas de Béjaïa, Blida et Tizi Ouzou, avant de s'étendre au niveau national. Il faut retenir en premier lieu, que le syndicat dont il est question, a depuis des années, exposé une plate-forme de revendications socioprofessionnelles, en attendant une prise en charge concrète de la part de la tutelle. Cela dit, les exigences des travailleurs de l'éducation affiliés au Cnapeste, restées en suspens, n'ont pas constitué l'unique fil conducteur de la décision de recourir à une grève illimitée. Cela remonte au 29 octobre dernier, lorsqu'une jeune enseignante de 24 ans fut agressée par un fonctionnaire de la police au sein de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. On convient tout de même qu'un tel comportement n'est pas censé être infligé à un éducateur, parti seulement, réclamer ses droits. Dès lors, le Cnapeste n'a pas tardé à monter au créneau pour dénoncer ce qu'il a qualifié être une «atteinte à la dignité d'un enseignant». Suite à cet événement, le syndicat a suggéré que l'auteur de ce geste devait impérativement être sanctionné. Le dossier resté sans suite, les représentants du Cnapeste ont alors réclamé le départ sur le champ des chefs de service du personnel, les accusant de «complicité», car ils n'avaient pas réagi de façon appropriée à cette agression. Sachant que cela relève de «l'intégrité morale d'un fonctionnaire de l'éducation». Ils ont par ailleurs, accusé la direction de l'éducation de manipuler l'opinion en tentant de convaincre les uns et les autres que le fait de demander réparation pour cet incident est indépendant du reste des revendications syndicales du Cnapeste. A partir de là, la mobilisation du reste des enseignants qui se sont dits indignés n'a fait que se renforcer au fil des jours et le début d'une longue grève s'est alors amorcée. Dans la wilaya de Blida, les enseignants du secondaire principalement, ont de leur côté pris part à la grève, réclamant à ce que la directrice de l'Académie soit relevée de ses fonctions. Une chose en entraînant une autre, les éducateurs affiliés au Cnapeste de la wilaya de Béjaïa ont à leur tour rejoint le mouvement de grève. A partir de là, les grévistes ont remis sur la table, les doléances consignées dans les procès verbaux cosignés avec la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, en 2015 et qui n'ont pas été respectées. Soit dit en passant, signalons que bien avant cette affaire, les syndicalistes étaient déjà en ébullition, il a donc suffi de peu pour atteindre le point de non-retour. Face à la tournure désastreuse qu'a pris la situation, la première responsable du secteur, a invité les protestataires à revenir à la raison. Nouria Benghebrit n'a cessé d'appeler les initiateurs de la grève au dialogue, organisant par la suite de multiples réunions de concertation, dans le but d'apaiser la situation. En dépit de sa volonté de régler les choses, les propositions de la ministre n'ont eu aucun impact sur la résolution du Cnapeste qui poursuivait sa grève. C'est le début du bras de fer, les deux parties s'accusaient mutuellement d'être à l'origine du blocage du débat. Un dialogue de sourds. La tension est montée d'un cran, lorsque le Cnapeste a déposé un préavis de grève nationale illimitée. C'est le coup de grâce pour Nouria Benghebrit qui a annoncé que ce débrayage est considéré comme étant illégal par le tribunal administratif d'Alger. Mais c'était sans compter sur la détermination du Cnapeste à venir à bout de ses revendications. Après sa prise de décision de recourir à une grève illimitée, le Cnapeste s'est attiré les foudres de la plupart des acteurs de l'éducation, mais aussi de la société. Les syndicats de l'éducation ont vivement critiqué cette action radicale qui implique «la prise en otage de milliers d'élèves». Ces derniers ont encore reproché à leurs homologues du Cnapeste le fait de ne s'être concertés avec aucun autre syndicat pour parler de la question avant de foncer tète baissée. Le débrayage n'a pas non plus fait l'unanimité du côté des parents d'élèves, qui se sont insurgés contre cette idée dès son annonce. Malgré ça, le Cnapeste a observé, comme prévu sa grève illimitée, qui a débuté le 30 janvier 2018. Ainsi, certains ont parlé d'un «stratagème» engagé par ce syndicat dans le but de «faire tomber la tête de la ministre». D'autres ont tout simplement évoqué les graves conséquences de la tenue d'une action aussi radicale. Pour le reste, il s'agit là, d'un acte tout à fait légitime, conduit par un syndicat qui pour faire valoir ses droits, a trouvé un moyen de faire pression, même si ce n'est, évidemment pas le meilleur. Ce n'est que des semaines après qu'un terrain d'entente partiel fut trouvé entre les syndicalistes et Nouria Benghebrit. C'est lors d'une réunion décisive avec la tutelle que le Cnapeste a enfin daigné suspendre sa grève en attendant la prise en charge effective de ses revendications. Après un retour au calme précaire de quelques jours, le Cnapeste a décidé de revenir à la charge en annonçant une nouvelle grève pour aujourd'hui en raison de la volte-face de la tutelle qui d'après lui, a clairement manqué à ses engagements. Fort heureusement, les dernières mesures prises par le ministère a porté leurs fruits et ont dissuadé le Cnapeste d'effecter son débrayage. Le syndicat a fait preuve de bonne volonté en acceptant de revenir sur sa décision et le dénouement s'est enfin précisé. Il faut rappeler, que l'année blanche a été évitée de justesse. Le débrayage illimité a entraîné un grave retard dans les cours, notamment dans les trois wilayas les plus touchées. Le ministère de l'Education nationale l'a publiée hier Nouvelle grille indiciaire des grades des travailleurs du secteur Le ministère de l'Education nationale a publié, hier, la nouvelle grille indiciaire des grades et le régime de rémunération des corps spécifiques de l'Education nationale, en application de la décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «En application de la décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et dans le cadre de l'information de proximité, le ministère de l'Education nationale met à la disposition de tous les fonctionnaires une nouvelle grille indiciaire des grades et le régime de rémunération des corps spécifiques de l'Education nationale, prévu dans le décret exécutif 08-315 modifié et complété par le décret exécutif n° 12-240 du 29 mai 2012», précise le ministère. Le ministère a procédé également à la mise en oeuvre du décret présidentiel n° 14-266 du 28 septembre 2014 modifiant et complétant le décret présidentiel n° 07-304 du 29 septembre 2007, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Selon la nouvelle grille, les travailleurs du secteur bénéficieront de promotions qui concerneront l'ensemble des catégories, à savoir les enseignants des trois cycles (primaire, moyen et secondaire) outre les fonctionnaires, conseillers de l'éducation, directeurs et inspecteurs.