Les défaites diplomatiques et juridiques essuyées par le Maroc ces derniers mois sur la question du Sahara occidental ont fait perdre sa lucidité au roi alaouite. Dos au mur, Mohammed VI s'en prend de façon véhémente à l'Algérie, cauchemar d'un Makhzen qui s'est de lui-même piégé dans ses contradictions et ses mensonges. En fait, depuis des années, le Makhzen a joué sur l'amalgame pour tromper l'opinion publique internationale, induite en erreur par la désinformation quant aux tenants de l'affaire du Sahara occidental. Or, la «marocanité» du Sahara occidental, sur laquelle le roi repose toute sa stratégie, n'a été qu'illusoire qui, de plus en plus, s'effiloche face à la brute réalité des faits. En fait, la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) affirmant le 16 décembre 2016, que le Sahara occidental est un territoire «distinct» du Maroc, outre de remettre les choses à l'endroit, a sonné le glas des prétentions marocaines sur un pays qui ne lui appartient pas, mais qu'il occupe depuis novembre 1975. Le Maroc n'est de fait qu'un colonisateur, un vil colonisateur [un pays africain qui occupe un autre pays africain dont l'objectif était d'accaparer ses richesses] qui occupe et exploite à son profit et au profit de la France et de l'Espagne, en particulier, les richesses minières, chimiques et halieutiques du Sahara occidental. De fait, enfonçant le clou, la Cjue avait encore récemment indiqué que le Maroc n'avait aucun droit de signer des accords attribuant à des particuliers le droit de pêche dans les eaux territoriales sahraouies. C'est le phosphate du Sahara occidental qui a fait du Maroc le premier producteur mondial de ce produit. Pendant longtemps, grâce au soutien de la France - membre permanent du Conseil de sécurité et disposant du droit de veto - le dossier sahraoui avait connu un blocage dommageable autant pour les Sahraouis que pour le Maghreb dont la sécurité est menacée par les foucades du roi. Or, depuis quelque trois ans les choses ont évolué et le dossier sahraoui a fini par se décanter. Seuls ceux qui continuent à porter des oeillères refusent de voir cette réalité. L'ONU connaît désormais clairement qui est le responsable du blocage au Sahara occidental du référendum d'autodétermination. Le Maroc, soutenu par la France, passe outre aux décisions prises depuis trois décennies par les Nations unies, refuse une solution qui agrée aux deux parties. Si la question sahraouie reste en stand-by, c'est bien du fait de la France qui bloque au niveau du Conseil de sécurité les résolutions qui mettent en cause la responsabilité du Maroc dans l'impasse que connaît la décolonisation du Sahara occidental. A partir de 1975, l'ONU a eu à traiter deux dossiers de décolonisation: celui du Sahara occidental et du Timor oriental [Timor-Leste] que les armées espagnole et portugaise venaient de quitter. Autant le Maroc que l'Indonésie avaient envahi militairement ces deux territoires coloniaux, protégés par la France pour Rabat et les Etats-Unis pour Jakarta. Or, il a suffi que Washington retire sa caution à l'Indonésie pour que la question du Timor oriental [indépendant depuis 2002] trouve une solution équitable. A contrario, Paris soutient et continue de soutenir le Maroc car ses entreprises tirent de grands profits de l'exploitation des richesses minières et halieutiques du Sahara occidental. Cela a donné de l'assurance au roi Mohammed VI. A l'évidence, cette situation ne peut perdurer. En effet, si le Maroc continue de faire de la résistance et refuse au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination c'est bien du fait qu'il sait que Paris serait là pour veiller au grain, empêchant toute solution allant dans le sens de l'autodétermination des Sahraouis. En fait, les défaites diplomatiques et juridiques qu'a essuyées le Maroc ces deux dernières années sur cette question ont changé la donne et incité Rabat à revenir au sein de l'Union africaine. Un retour suspect qui s'est rapidement vérifié quand le Maroc tenta de faire expulser la Rasd (République arabe sahraouie) de l'Union africaine. Mais là aussi, Rabat a connu un échec cinglant et même ses alliés africains n'y pouvaient rien. En fait, le roi du Maroc et son Makhzen ont perdu sur tous les plans et savent à présent que leur défaite définitive n'est qu'une question de temps. Le roi est aux abois et pour détourner l'attention, s'en prend à l'Algérie dont la justesse de sa position sur la question de la décolonisation du Sahara occidental est inattaquable. L'Algérie n'est pas partie prenante du dossier, une évidence que seul le Maroc ne veut pas voir. Soutenir un peuple qui lutte pour son indépendance - ce qu'autorise la Charte de l'ONU - est un des principes cardinaux de l'Algérie. La France à ce qu'on sache n'a jamais demandé à Rabat - qui soutenait notre cause, on ne l'a pas oublié - de négocier à la place du FLN une question qui concernait strictement les Algériens. Aussi, de gré ou autrement, le Maroc devra bien, négocier directement avec le Polisario l'indépendance du Sahara occidental. Pour le reste, l'histoire jugera!