coopérer face à la menace terroriste L'Algérie a abrité une réunion de Haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique et devant regrouper les délégués des pays membres de l'UA, de l'Organisation des Nations unies (ONU), de l'Union européenne (UE) et d'autres organisations internationales et régionales activant dans la lutte contre le terrorisme et son financement. En fait, l'Algérie ne saurait à la fois supporter seule le fardeau financier avec la chute du cours du pétrole, devant s'orienter vers une mutualisation des dépenses militaires et sécuritaires. Le poids d'une nation en ce XXIe siècle se mesurant à son poids économique, espérons donc pour le devenir de l'Algérie que cette même énergie soit déployée pour consolider le front social intérieur impliquant l'approfondissement de l'Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. Des stratégies d'adaptation qui interpellent tant l'Algérie sous-continent de l'Afrique du Nord et plus globalement l'Afrique, que les USA et l'Europe, objet de cette contribution qui relate différentes rencontres internationales à ce sujet, auxquelles j'ai eu l'honneur de participer. entre les deux rives du Sahara 1.-Nous avons débattu en décembre 2013 à Paris au siège de l'Ifri de l'important ouvrage collectif publié sous la direction de Mansouria Mokhefi et Alain Antil qui dirigent respectivement les programmes «Maghreb/Moyen-Orient» et «Afrique subsaharienne» (1) de l'Institut français des relations internationales -IFRI- intitulé «le Maghreb et son Sud: vers des liens renouvelés» qui répond à certains questionnements, à savoir la sécurité du Maghreb et de l'Europe. A ce titre, il a été mis en relief, particulièrement par Jean- Pierre Chevenement le rôle stratégique de l'Algérie comme facteur de stabilisation de la région. Par la suite, le 17 février 2014, à l'invitation de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français de l'Intérieur, de l'Education nationale et de la Défense et grand ami puisqu'il est président de l'Association Algérie-France, en présence d'importantes personnalités (politiques, députés, sénateurs, experts internationaux) des deux rives de la Méditerranée en partenariat avec l'Union européenne, j'ai animé à cette occasion, au siège du Sénat français, une conférence sur le thème «Face aux enjeux géostratégiques pour un copartenariat entre le Maghreb et l'Europe, facteur de stabilité de la région» suivi d'une autre intervention lors d'une rencontre internationale fin 2014 par des dirigeants européens, africains et magrébins à Rabat suite à l'invitation de L'Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (Arga)» constituée d'importants acteurs africains et non africains dont le siège est à Dakar - (Sénégal), qui a organisé une rencontre internationale entre le 26 et 30 janvier 2014 sur le thème «L'Afrique doit réinventer son économie» en partenariat avec la Fondation Charles Léopold Mayer pour les progrès de l'homme, l'African Innovation Foundation. Pour m'en tenir à l'intéressant ouvrage et les débats qui s'en ont suivi, il met en relief les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle qui interpellent l'Europe qui doit être attentive aux stratégies des pays du Maghreb en direction de leur Sud et sur les relations de toutes natures entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. En effet, depuis des siècles, le Maghreb est lié avec l'Europe beaucoup plus étroitement qu'avec ses voisins du Sud. Ainsi sont analysées, les politiques africaines de l'Algérie et du Maroc, politique de l'Afrique du Sud vis-à -vis du Maghreb, les mutations de la géopolitique saharienne après l'effondrement du régime libyen, les conséquences pour la région des tensions au Mali, l'importance des échanges économiques (formels et informels) et des échanges humains de part et d'autre du Sahara, les flux migratoires, notamment des migrants subsahariens qui s'installent désormais dans les pays du Maghreb. Les auteurs expriment ainsi l'unité croissante d'un espace jusqu'ici renvoyé à des logiques géopolitiques divergentes, et renouvellent aussi la vision que les Européens, peuvent avoir de notre Sud en évitant une vision européo-centriste. Les auteurs mettent en relief l'ancienneté du système caravanier transsaharien, l'unité culturelle forgée autour de l'islam et l'existence d'un «complexe de sécurité» dans la bande sahélienne et les dangers de la pénétration de l'islamisme radical à ne pas confondre avec l'islam religion de tolérance à l'instar du judaïsme ou du christianisme avec des menaces réelles tant au Maghreb, qu'en Europe. Et sans oublier qu'existent des influences religieuses autour de la conception de l'islam qui influence largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel. Entre les Frères musulmans qui encouragent le maraboutisme (zaouïas) dominantes d'ailleurs au Maghreb, et les djihadistes qui y voient une dérive de la religion. Du point de vue géographique et politique, l'Afrique du Nord comme le rappellent justement les auteurs, aspects qui sont largement développés dans d'autres contributions, notamment deux ouvrages réalisés sous ma direction et celle du docteur Camille Sari, sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques (Edition Maârifa, édition Harmattan, Paris, juillet 2014) était et reste toujours une sorte de barrière sur la voie des réfugiés illégaux des pays d'Afrique subsaharienne en Europe. Bien avant et surtout depuis la chute du régime El Gueddafi le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale où se sont installés groupes armés et contrebandiers. 2.- Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, est clair sur l'origine de la situation présente: «Il faut dire et répéter que le facteur déclenchant tout cela est l'intervention occidentale en Libye.» Ce qui ne disculpe pas l'ancien régime fondé non pas sur des institutions, mais sur des relations personnalisées qui expliquent l'effondrement actuel de l'Etat libyen et dont bon nombre d'Etats devraient tirer les leçons renvoyant par là, mise en place d'un processus démocratique. Pour le directeur du FBI, James Comey qui a affirmé le 14 novembre 2013 devant le Congrès «qu'Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) constituait une forte menace aux intérêts américains et occidentaux dans la région de l'Afrique du Nord et du Sahel». Il a cité l'opération terroriste perpétrée contre l'installation pétrolière de Tiguentourine en Algérie (Illizi) ainsi que celles commises contre le consulat américain à Benghazi et la mine d'uranium exploitée par une société française à Arlit (Niger). Pour le directeur du Centre américain du contre-terrorisme, Matthew Olsen, dont les services dépendent du directeur du renseignement national des Etats-Unis (DNI), devant la commission sénatoriale que si l'intervention militaire conduite par la France au Mali a permis de chasser Aqmi et ses alliés des villes qu'ils contrôlaient auparavant, ces groupes arrivent, cependant, à trouver refuge dans les zones les moins peuplées du nord du Mali et continuent à commettre des attaques de représailles. La plupart des dirigeants du Maghreb, de l'Afrique, de l'Europe et des Etats-Unis d'Amérique s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé, insistant sur une coopération étroite des pays du Maghreb et du Sahel, thème qui a été développé lors d'une rencontre internationale des experts le 4 décembre 2013 à Paris, en marge du sommet des 6 et 7 décembre 2013, à laquelle j'ai participé. La résolution finale a mis l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens -américains du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. La résolution finale stipule l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. C'est dans cet objectif que se sont établis des dialogues stratégiques notamment entre les USA/Algérie et Europe/Algérie. Cela a été formalisé lors de la première réunion qui s'était tenue en octobre 2012 à Washington, après la 5ème session du dialogue militaire conjoint algéro-américain. Les Etats-Unis considèrent ce Dialogue stratégique comme «le fondement» sur lequel les Etats-Unis et les pays du Maghreb, dont l'Algérie doit jouer un rôle essentiel afin de renforcer leurs relations futures dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et sécuritaire, notamment de lutter contre le terrorisme international. 3.-Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèse lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé dont la cybercriminalié. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. D'une manière générale, l'erreur stratégique des dirigeants libyens, au départ, a été d'essayer de construire un Etat jacobin centralisé, loin des spécificités régionales, pour un partage équitable de la rente, comme je l'avais signalé à l'ambassadeur libyen lors d'une conférence à Malte organisée par l'Union européenne en avril 2012, qui m'avait annoncé que plus de 60 milliards de dollars n'étaient plus recouvrables étant déposés sur des comptes anonymes ou personnalisés. les idéaux de l'islam El Gueddafi disparu, ce pays n'ayant jamais eu d'Etat au sens proprement dit, des centaines de milliers, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel, puis par d'autres groupes terroristes venus d'autres régions. Cependant, à la lumière des derniers attentats en Europe, il y a lieu d'éviter des déclarations hâtives, de verser dans la xénophobie qui alimente le discours des extrêmes, car l'islam autant que toutes les grandes régions monothéistes le judaïsme, le christianisme sont des religions qui prêchent la paix et la tolérance. Ce qui se passe actuellement ne saurait en aucune manière refléter les idéaux de l'islam. Aussi, Daesh, organisation fondamentaliste ne saurait donc référer les idéaux de l'islam profilant tant d'une crise tant morale au niveau de certains dirigeants que de l'accroissement de la misère tant en Occident qu'en Orient. C'est que la résolution de ce mal implique de s'attaquer à l'essence (un co-développement) et non aux apparences comme le montre une étude du Forum économique mondial - WEF- du 14 novembre 2013 qui révèle que fortement secoués depuis deux ans par des crises politiques à répétition, les pays d'Afrique du Nord, sont à l'aube d'une crise majeure et sont une source d'inquiétude, ces pays traversant une crise morale du fait du manque de valeurs au niveau du leadership.