Menacé d'une guerre commerciale par son «ami» Donald Trump, le président Xi Jinping a affiché hier un ton conciliant, promettant une «nouvelle phase» d'ouverture de l'économie chinoise, avec un abaissement dès cette année des droits de douane sur les importations d'automobiles. Lors d'un discours solennel, le président chinois n'a pas mentionné directement le spectre d'un conflit commercial avec Washington, mais évoqué une série de mesures qui semblent répondre point par point aux attaques du milliardaire américain. «La Chine va entrer dans une nouvelle phase d'ouverture», a-t-il assuré devant de hauts responsables internationaux réunis au Forum de Boao pour l'Asie, le «Davos chinois». «La Chine ne cherche pas l'excédent commercial! Nous espérons sincèrement muscler nos importations», a martelé Xi Jinping, alors que son homologue américain ne cesse de fustiger l'abyssal déficit des Etats-Unis vis-à-vis du géant asiatique (375 milliards de dollars en 2017 selon Washington). A l'heure où Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur 150 milliards de dollars d'importations chinoises, M. Xi s'est engagé à réduire «considérablement» cette année les tarifs douaniers chinois sur les importations d'automobiles et «d'autres produits». Les voitures importées en Chine font l'objet d'une taxe prohibitive de 25%: une pomme de discorde avec Washington, Donald Trump citant volontiers cet exemple pour fustiger la politique commerciale «protectionniste» du régime communiste. Pékin avait déjà promis «une diminution graduelle» de ces droits. Alors que la Chine populaire célèbre cette année le quarantième anniversaire de ses réformes économiques, M. Xi a assuré hier que le pays ouvrirait «toujours plus largement ses portes». Il a ainsi réitéré les promesses d'un accès accru au gigantesque secteur financier chinois: en novembre, Pékin avait déjà dévoilé son intention d'autoriser les entreprises étrangères à contrôler des banques, firmes de courtage ou de gestion d'actifs. Ces mesures «seront matérialisées», a insisté le président. De même, il a promis un assouplissement des restrictions encadrant les capitaux étrangers dans les entreprises actives dans les industries automobile, navale et aéronautique. Dans l'automobile notamment, les constructeurs étrangers sont toujours sommés de s'associer avec des partenaires locaux au sein de coentreprises qu'ils ne peuvent contrôler. Certes, le président chinois n'a livré aucun calendrier. Mais son ton conciliant a suffi à faire grimper les Bourses asiatiques, Hong Kong terminant en hausse de 1,65%. «Les marchés sont contents (...) mais ce discours ne va probablement pas susciter le même optimisme à Washington, qui exige des actes et non plus des promesses», tempérait Christopher Balding, économiste à l'université de Pékin. Les Etats-Unis se plaignent régulièrement d'engagements chinois qu'ils estiment non respectés. Sur le dossier brûlant de la propriété intellectuelle, Xi Jinping a cependant promis hier «une protection renforcée», via une réorganisation cette année de l'organisme national en charge du dossier et un durcissement des sanctions à «effet dissuasif». Ce discours de Boao «pourrait offrir à Trump l'opportunité de retirer ses menaces douanières tout en criant victoire» sur ses revendications, observait Julian Evans-Pritchard, expert du cabinet Capital Economics. «Mais en fait, il n'y a pas grand-chose ici qu'on n'ait déjà entendu auparavant, et surtout rien qui puisse remédier profondément aux inquiétudes américaines sur les pratiques commerciales de Pékin», insistait-il. S'érigeant une fois encore en héraut de la mondialisation, Xi Jinping a également jugé hier que ceux qui tentent de s'affranchir des réformes et de l'innovation seront «relégués aux oubliettes de l'histoire». Avant de condamner «les politiques qui ne pensent qu'à l'intérêt d'une communauté» ou «les mentalités de guerre froide»: autant de piques adressées sans la nommer à une administration Trump. Répliquant aux menaces de Washington, la Chine avait publié la semaine dernière une liste d'articles américains qu'elle pourrait cibler, à hauteur de 50 milliards de dollars, dont le soja - crucial produit d'exportation des Etats-Unis vers le géant asiatique. Pékin a par ailleurs saisi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester les taxes imposées par les Etats-Unis sur leurs importations d'acier et d'aluminium, selon un document publié hier par l'OMC.