Le président américain Donald Trump a promis jeudi «une très, très bonne relation à long terme» à son homologue chinois Xi Jinping, lors d'un dîner dans sa somptueuse résidence en Floride marquant le début d'une première rencontre très attendue. Le magnat de l'immobilier a brisé la glace avec une plaisanterie lors d'un dîner de gala dans sa villa de Mar-a-Lago, un ton badin qui contrastait avec ses discours agressifs contre la Chine pendant la campagne électorale l'an dernier. «Nous avons déjà eu une longue discussion et pour le moment je n'ai rien obtenu, absolument rien, mais nous avons bâti une amitié», a lancé le président américain, plaisantant sur ses talents supposés d'excellent négociateur en affaires. C'est la première fois que les dirigeants des deux premières puissances économiques mondiales se rencontrent, pour un sommet qui devait être dominé par leurs relations commerciales et le dossier nord-coréen. La question syrienne planait toutefois sur le dîner, les Etats-Unis ayant annoncé plus tôt jeudi qu'ils envisageaient désormais de répondre par les armes à une attaque chimique perpétrée, selon eux, par le régime syrien contre une ville rebelle. Affirmant que recevoir le dirigeant chinois était un «grand honneur», Donald Trump s'est adressé à la trentaine de convives assemblés autour de la table, avec au centre le président chinois Xi Jinping et son épouse, Peng Liyuan, ainsi que la Première dame des Etats-Unis Melania Trump. Aucun programme détaillé de cette rencontre de 24 heures n'a été communiqué par la Maison-Blanche qui souligne que l'objectif est d'abord de permettre aux dirigeants de faire connaissance dans un cadre moins formel que la Maison-Blanche. Les deux hommes devaient se retrouver hier pour une série d'entretiens. Accueilli en début d'après-midi à l'aéroport de Palm Beach par le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, le chef du pays le plus peuplé du monde s'est jusqu'à présent montré mesuré dans ses réactions aux déclarations fracassantes de l'homme d'affaires de New York. Quelques heures avant de s'envoler pour la Floride, ce dernier avait réaffirmé, sur Fox News, sa conviction qu'en matière d'échanges commerciaux, les Etats-Unis n'avaient pas été traités «de manière équitable» par la Chine. Selon des sources diplomatiques à Pékin, l'homme fort du régime communiste arrive avec «du grain à tweeter» pour le président américain, qui évoquent des concessions chinoises en matière de commerce et d'investissement, avec à la clé des créations d'emplois aux Etats-Unis. Le positionnement du président républicain de 70 ans vis-à-vis du géant asiatique reste flou. «Cela va être très intéressant, personne ne sait véritablement comment cela va se passer», a-t-il déclaré. Au premier rang des différends géopolitiques entre les deux puissances du Pacifique figure l'épineux dossier de la Corée du Nord, qui a encore défié cette semaine Washington et l'Occident en tirant un nouveau missile. Quelques heures avant de recevoir Xi Jinping, Donald Trump a assuré au Premier ministre japonais Shinzo Abe, lors d'un entretien téléphonique, que les Etats-Unis allaient «continuer de renforcer» leurs capacités militaires «face à la menace sérieuse que la Corée du Nord continue de poser». Depuis plusieurs semaines, Washington exhorte Pékin à faire pression sur son allié pour qu'il renonce à son programme nucléaire. Dans un entretien publié dimanche, le 45e président des Etats-Unis a laissé planer la menace d'une intervention militaire. Pyongyang a menacé jeudi de réagir de manière «impitoyable» à «la moindre provocation» des Etats-Unis. Selon des sources diplomatiques dans la capitale chinoise, M. Xi, qui a déjà stoppé les importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l'ONU, pourrait offrir à Donald Trump de renforcer le contrôle des banques chinoises qui travaillent avec le régime de Kim Jong-Un. Il pourrait exiger en échange de son hôte qu'il renonce à un important contrat d'armement à destination de Taiwan, l'île que Pékin considère comme une province destinée à être réunifiée à la mère patrie. Au moins d'ici au prochain congrès du Parti communiste à l'automne, lors duquel M. Xi doit décrocher un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays.