El Qods et l'Iran, deux sujets majeurs du 29ème Sommet Le roi Salmane a annoncé le rejet de la décision des Etats-Unis de transférer leur ambassade à El Qods et que l''Arabie saoudite fait un don de 150 millions de dollars pour soutenir l'administration des biens islamiques de la ville sainte, au cours du «sommet d'El Qods». Les travaux du 29e Sommet arabe se sont ouverts hier à Dhahran (Arabie saoudite) sous la présidence du roi Salmane ben Abdelaziz Al-Saoud. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, participe à ces travaux en qualité de représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les travaux devraient être sanctionnés dit-on, par la «Déclaration de Dhahran» qui servira de feuille de route à l'action arabe commune en vue de trouver des solutions à plusieurs dossiers, notamment l'escalade israélienne contre le peuple palestinien, les retombées de la crise syrienne, la crise libyenne, et la situation au Yémen et en Irak. Les ministres des Affaires étrangères avaient conclu jeudi des projets de résolutions dans lesquels ils ont insisté sur l'identité arabe d'El-Qods, capitale de l'Etat palestinien, et le droit du peuple palestinien à exercer sa souveraineté sur ses territoires aux frontières de 1967, conformément aux décisions de la légalité internationale. Comme ils ont aussi souligné leur attachement à l'option de paix comme solution stratégique dans le règlement politique et durable des crises auxquelles sont confrontés certains Etats arabes, démarche résolument conduite et réaffirmée par la diplomatie algérienne. Le sommet s'est ouvert en présence de 21 pays sur les 22 que compte l'organisation. La Syrie était, une fois de plus, le grand absent de ce rendez-vous, malgré les efforts de plusieurs pays dont l'Algérie et l'Egypte pour tenter de ramener Damas dans le giron de la Ligue, par ailleurs confrontée à de multiples dilemmes. Ces deux derniers pays ont dû céder face aux pressions des pays du Golfe. Les dirigeants arabes se sont d'ailleurs penchés sur le dossier de «l'évolution de la crise syrienne», au lendemain des frappes effectuées par les Etats-Unis, le Royaume- Uni et la France. Un dossier syrien qui aggrave les tensions déjà courantes au sein de la Ligue arabe avec le différend qui oppose certaines monarchies du Conseil de coopération du Golfe à leur ancien allié, le Qatar. Le mois dernier, lors d'une tournée aux Etats-Unis justement, le prince héritier Mohamed Ben Salmane avait clairement laissé entendre, dans une interview au Time, que le président «Bachar va rester» avant d'ajouter qu'il «a intérêt à ne pas laisser les Iraniens faire ce qu'ils veulent en Syrie». Et c'est précisément l'objet du second point inscrit à l'ordre du jour de ce sommet, à savoir «les interventions iraniennes dans les affaires internes arabes». C'est dire combien l'ombre de l'Iran et accessoirement celle du Qatar auront dominé les débats au cours de ce sommet qui devait servir à l'hôte saoudien pour faire prévaloir ses thèses et surtout pour exprimer ses préoccupations face à une situation qu'il juge inquiétante. Et pour cause, le dossier brûlant de la guerre au Yémen ne pouvait pas ne pas être abordé à un moment où les tirs de missiles sur la capitale saoudienne visée par les rebelles Houthis deviennent chaque fois plus nombreux. La communauté internationale n'a pas cessé de réclamer une solution au conflit qui a fait 10 000 morts et provoqué un «véritable désastre humanitaire» mais en vain. Autre sujet qui faisait jadis l'unanimité, mais se heurte, depuis ces dernières années, à des approches «prudentes», le dossier palestinien à l'heure de la «marche du retour» lancée le 30 mars dernier et pour laquelle plusieurs dizaines de Palestiniens ont déjà payé de leur vie. Sur ce plan, le rapprochement entre Washington et Riyadh ainsi que la déclaration du prince héritier saoudien sur «le droit d'Israël à sa propre terre» ont créé un réel malaise entre les positions des uns et des autres. Bien sûr, la Ligue arabe ne pouvait faire mieux que de rester figée en apparence, mais en apparence seulement, sur sa position traditionnelle et donc d'«insister sur la centralité de la cause palestinienne». Mais compte tenu des faiblesses et des contradictions lourdes qui ont grevé son action au cours des dernières années, elle ne peut aller au-delà des voeux pieux alors que la décision du président américain Donald Trump de transférer l'ambassade US à El Qods doit intervenir à la mi-mai, Autant dire que, du fait même des faiblesses dont pâtit l'organisation panarabe, il ne fallait pas s'attendre à des décisions ou des actions spectaculaires. Le contexte international, en général, et la situation qui prévaut au Moyen-Orient où le terrorisme a permis de redistribuer les cartes d'une manière dangereuse, en particulier, ont eu raison des grandes ambitions que nourrissait, voici encore une décennie, la Ligue arabe. La Syrie, le Qatar, le Yémen, la Libye et bien d'autres sujets n'ont fait qu'aggraver le fossé entre pays membres tandis que la division entre les Etats a eu pour corollaire une regrettable distanciation entre les peuples. Pourtant, plusieurs chefs d'Etat présents à Dhahran estiment que ce qui s'est passé samedi dernier en Syrie «n'aide pas à trouver une solution politique». Pour rester dans le symbolique, la Ligue arabe va sans doute stigmatiser la décision des Etats-Unis de consacrer la mainmise israélienne sur les territoires occupés, dont El Qods, et réitérer l'offre de paix portée par l'Arabie saoudite au lendemain du sommet arabe de 2002 au nom de «la paix contre la terre», une offre dédaigneusement raillée par Israël qui n'a jamais eu l'intention de restituer la moindre parcelle des territoires conquis en 1967 et n'a cessé, depuis, de louvoyer et de gagner du temps pour imposer le fait accompli!