Yemma Gouraya est prête pour cette fête La célébration du 20 avril ne rapporte plus, politiquement. C'est la lecture que font les observateurs à travers l'absence sur le terrain des partis. La région de Basse-Kabylie vit depuis quelques jours au rythme de la célébration du double anniversaire du printemps amazigh et des événements d'avril 2001. Ce 38ème anniversaire du Printemps amazigh intervient dans une conjoncture nettement meilleure que les précédents, de par l'avancée qu'a connue la question, notamment à travers l'officialisation de la langue amazighe, la reconnaissance du jour de l'An berbère comme journée chômée et payée et le lancement de l'académie. Ce 38ème anniversaire se singularise également par au moins trois aspects qui ne peuvent pas passer inaperçus. D'abord, la célébration en rangs dispersés, qui n'est certes pas nouvelle, mais qui marque une démarcation à peine voilée par rapport aux indépendantistes du MAK, qui marcheront seuls vendredi, soutenus par le rival le RPK. Le reste des militants, dont les étudiants et les initiateurs du cadre MCB collectif de Béjaïa, marcheront aujourd'hui du campus de Targa Ouzemour de l'université de Béjaïa jusqu'à la place de la Liberté Saïd Mekbel. Ces manifestations de rue, même dispersées, se veulent également une manière de dissimuler l'autre aspect qui s'illustre à travers le programme officiel de folklorisation du 20 avril, voulu par l'administration publique, qui à travers un programme, a réussi à occuper pratiquement tous les espaces publics, à travers des activités folkloriques à outrance, à l'image de celui décidé par la wilaya et rendu public en langue arabe. Le troisième et dernier aspect est à relever dans l'absence de la classe politique qui a longtemps exploité cette date symbolique pour mobiliser autour d'elle l'électorat. Le FFS, le RCD et d'autres formations politiques ancrées dans la région, seront les grands absents lors de cette célébration, signifiant par là que le Printemps amazigh ne rapporte plus, politiquement parlant. Si pour les indépendantistes la revendication est claire, pour les étudiants et les autres cadres militants du MCB, le souci s'articule présentement sur d'autres revendications, liées notamment à la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, l'amendement de la loi d'orientation scolaire et un véritable statut pour l'académie de la langue amazighe, l'égal de celui accordé à l'académie de la langue arabe. Dans sa démarche, le collectif MCB, qui a décidé dans une déclaration publique de marcher les 19 et 20 avril, soit avec les étudiants et les indépendantistes, soulève des interrogations. Comment, en effet, perdre de vue les slogans qui y seront scandés lors des marches auxquelles appelle le MAK pour un objectif qui se trouve en porte-à-faux avec ceux énoncés dans la déclaration du collectif MCB. On ne peut pas à la fois militer pour l'unité des rangs et soutenir un mouvement séparatiste, jugent les observateurs. Les militants MCB, collectif du 20 avril 1980 se sont prononcés pour l'unité contre l'unicité Les étudiants de l'université de Béjaïa appellent à une marche exceptionnelle aujourd'hui, de nombreuses autres forces sociales, culturelles et politiques s'en tiennent à une marche le jour du 20 avril, «cette pluralité d'acteurs et cette diversité des visions sont autant de signes de vitalité de tamazight, de permanence du combat identitaire et de son élargissement et son adaptation aux données de l'heure jusqu'au recouvrement irréversible de notre identité, de notre culture, de notre langue», écrit le collectif du 20 avril, qui relève «l'élan mobilisateur impulsé par la jeunesse le 11 décembre 2017, dans l'esprit des fondamentaux du Mouvement culturel berbère, se traduira encore une fois dans la maturité militante par autant de marches nécessaires dans la complémentarité des visions militantes de toutes les générations». Le Collectif des militants du MCB explique que «l'unité n'est pas dans l'unicité, et que le respect de la diversité est l'un des grands acquis du combat identitaire permanent», comme pour convaincre de son appel aux citoyens, l'ensemble des acteurs du mouvement associatif et toutes les forces travaillant avec courage à l'épanouissement de notre identité, à l'accompagnement des étudiants aujourd'hui, tout comme il appelle à marcher le 20 avril avec la composante plurielle de la renaissance amazighe».