Pour la première fois la célébration du 20 avril a été officielle, tout comme le fut celle du jour de l'An berbère. Un fait nouveau qui n'a pas été du goût de certains militants. Des activités officielles militantes et populaires ont été au menu de la célébration du 38e anniversaire du Printemps berbère et du 17e anniversaire du printemps noir d'avril 2001. Une célébration calme, sereine et empreinte d'espoir, quant à un avenir pluriel et meilleur pour la dimension amazighe dans notre pays. Durant pratiquement une semaine, les quatre coins de la wilaya ont vécu au rythme de cette date commémorative. Les associations communales ont fêté le 20 avril avec tout ce qu'il véhicule comme valeurs identitaire et démocratique. Aux traditionnelles manifestations de rue, marquées comme d'habitude par une diversité aux relents de division du moins sur les objectifs des uns et des autres, se sont ajoutées celles concoctées par les autorités de la wilaya. Une célébration officielle qui n'a pas été du goût de la tendance militante, qui l'a considérée comme une «tentative de folkorisation d'une date symbole du combat identitaire et démocratique». En effet, un programme très riche et varié a été concocté par les autorités de la wilaya de Béjaïa pour commémorer la journée du 20 avril 1980. C'est le wali par intérim qui a procédé jeudi dernier à l'ouverture officielle des festivités organisées à l'occasion au niveau de la Maison de la culture de Béjaïa. Avec le président de l'APW et des autorités locales un hommage a été rendu aux artistes et écrivains qui ont contribué à la promotion de l'art et de la littérature amazighs. On citera entre autres, Brahim Tazaghart écrivain éditeur, Yergui Mohamed, réalisateur de cinéma, Boudjemaâ Agraw, Kaci Bousaâd et Wissan chanteur. Au cours des festivités, il a été rappelé le nouvel acquis visant la promotion de la culture amazighe dans toutes ses formes d'expression enregistré au profit de la wilaya de Béjaïa. Il s'agit d'un Centre national de recherche en langue et culture amazighes (Cnrlca) qui a été inauguré récemment. Un acquis qui se décline en sept segments d'activités que sont linguistique et standardisation, lexicologie et néologie, didactique et pédagogie, traduction et édition, littérature et production audiovisuelle, informatique appliquée à la langue amazighe et le département d'anthropologie et civilisation amazighes. Il est «un espace de regroupement et d'union de tous les efforts visant la promotion de tamazight dans toutes ses dimensions et sa mise en fonction qui devra décloisonner toutes les recherches et travaux effectués en la matière», juge-t-on du côté officiel dont les activités ont été clôturées hier, par un défilé, une sorte de marche de la Maison de la culture jusqu'à la place de la Liberté. A ce propos, jeudi dernier, des centaines de personnes ont répondu à l'appel du collectif des étudiants de l'université Abderahmane Mira, soutenu par le collectif Béjaïa du 20 avril, lancé récemment pour une marche dans une marche. Dans un contexte difficile marqué par la démobilisation, les étudiants ont réussi à marcher en dehors de la journée symbolique du 20 avril, afficher la fidélité aux serments des martyrs de tamazight, malgré les examens, à cause desquels beaucoup d'étudiants n'ont pu se joindre à cette marche. Comme il a été constaté, les jeunes étudiants ont clairement affiché l'emblème national à côté de celui de Tamazgha. «Le flambeau pour la continuité du combat est aujourd'hui entre les mains de notre jeunesse dont une preuve magistrale nous a été donnée lors de la marche de décembre 2017», estime Rabah Naceri, ex-P/APW et militant actif du mouvement associatif. Des centaines d'étudiants étaient ce jeudi présents pour dénoncer la folklorisation de tamazight, exiger sa reconnaissance effective, sa généralisation pédagogique et géographique, ainsi que sa transcription en caractères latins comme l'a tranché Mouloud Mammeri dans ses recherches. Au carrefour des Martyrs à la cité CNS, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs des événements du printemps noir 2001. Plusieurs anciennes figures du Mouvement culturel berbère ont saisi l'opportunité de cette marche pour réapparaître. Plusieurs députés à l'image de Khaled Tazaghart,Nora Ouali et Atmane Mazouz, élus à l'APW et partis politiques PST, RCD, El Mostaqbel et UDS ont également pris part à cette marche qui n'a pas drainé une importante foule à la hauteur de cette date repère du combat identitaire. La marche a été ponctuée par une prise de parole improvisée par les organisateurs à la place de la Liberté. Saïd Mekbel. Se succédant à la tribune, les intervenants ont tour à tour accablé le pouvoir, le qualifiant de machiavélique, tout en invitant la population à rester mobilisée pour d'autres actions. Hier, le MAK s'est manifesté en solo pour réitérer ses revendications autonomistes dans une marche qui s'est ébranlée du campus Targa Ouzemour jusqu'à la place Saïd Mekbel. Le MAK a marqué sa présence de manière plus importante que les autres mouvements.