La commémoration du 36e anniversaire du printemps berbère s'est singularisée cette année par l'apparition d'un nouveau slogan en relation avec la langue amazighe. Au-delà des traditionnelles marches qu'organisent, séparément, depuis plusieurs années le RCD et le MAK, marquant ainsi l'interminable dispersion des forces et en l'absence du Front des forces socialistes, la célébration du 36e anniversaire du printemps berbère a vu apparaître un nouveau slogan revendiquant «une officialisation effective de tamazight». En d'autres termes, l'introduction de la langue et culture amazighes dans la Constitution algérienne révisée récemment n'agrée pas les marcheurs d'hier à Béjaïa. Deux marches populaires et pacifiques ont marqué dans le calme la journée d'hier à Bejaïa. Deux actions purement politiques se sont ajoutées aux nombreuses activités culturelles et festives Le RCD a réuni ses troupes au niveau de la Maison de la culture Taos Amrouche jusqu'à la placette de la Liberté de la presse Saïd-Mekbel et le MAK a marché du campus de Targa-Ouzemour vers la même placette Saïd-Mekbel. Le RCD a exigé hier «l'officialisation effective de la langue amazighe». L'officialisation décidée récemment par les pouvoirs publics est une «duperie», ont estimé les manifestants qui soutiennent que l'introduction de tamazight en tant que langue nationale puis officielle dans la Constitution algérienne n'a de valeur que celle de l'étouffer, voire de l'instrumentaliser. Le RCD exige que tamazigth soit «une langue pleine et entière, pas de seconde zone». Pour lui, «c'est l'heure de faire un bilan comme chaque année en ce moment, rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour notre identité et surtout ne pas oublier ceux qui ont trahi le combat aussi». Pour lui, le combat doit continuer plus que jamais car la langue amzighe a besoin de ses enfants», estiment en substance les intervenants du RCD, qui n'ont pas manqué d'interpeller les pouvoirs publics sur la levée des interdictions sur toutes les libertés démocratiques et le maintien des projets socioéconomiques programmés dans la région». Le MAK a pour sa part réitéré ses revendications dont «l'indépendance de la Kabylie et pour une Kabylie laïque». L'incessant et exagéré survol de la ville de Béjaïa par un hélicoptère de la police nationale durant toute la matinée n' a pas été du goût des organisateurs et des marcheurs qui l'ont perçu comme «une provocation pure et simple des décideurs». L'hélicoptère qui survolait sans cesse la ville a provoqué les Makistes à l'instar des renforts exceptionnels des CRS dépêchés pour l'occasion. Plus de colère que de violence, a-t-on constaté. C'est le cas d'ailleurs de la troisième marche menée par quelques étudiants qui se déclarent indépendants de tous les courants politiques. Par ailleurs, d'autres activités plutôt folkloriques ont été organisées un peu partout dans la wilaya par le mouvement associatif, les écoles, les structures de la culture et de la jeunesse et des sports dans différentes localités, dont Ighil-Ali, Tazmalt, Sidi Aïch Akfadou Tabane, Chemini Akbou, Féraoune, El Kseur et Amizour. Ces activités ont été caractérisées par des tournois sportifs, conférences sur le patrimoine matériel et immatériel amazigh, sur le parcours de la lutte pour l'officialisation et la reconnaissance de tamazight comme culture et langue nationale et officielle et aussi la reconnaissance de l'identité nationale amazighe sans tabou, des expositions de peinture, des projections de films en tamazight, des pièces de théâtre et chants amazighs, etc. En somme, une journée festive et revendicative comme l'a toujours été le 20 avril depuis 1980 à ce jour.