Tous les Etats, grands et petits, reconnaissent l'expertise de l'Algérie. Entre deux meetings sur la réconciliation nationale, le chef de l'Etat a décidé de faire un détour par New-York à la mi-septembre. A cette date, l'ONU célébrera son 60e anniversaire. L'évènement rassemblera les dirigeants des 191 pays membres. Malgré ses «coups d'épée dans l'eau», ses ratés et ses difficiles équilibres financiers, l'organisation des Nations unies reste le seul espace de dialogue multilatéral qui s'offre pour débattre et convaincre sur les affaires de ce monde. Une organisation que la majorité s'accorde à garder et à tout mettre en oeuvre pour cela. D'ailleurs, il sera question du plan de réforme sur lequel l'Afrique a son mot à dire et des intérêts à défendre. Comme celui de l'élargissement du Conseil de sécurité où elle compte avoir le statut de membre permanent avec le droit de veto. Ce qui lui est disputé par d'autres groupes. La position de l'Algérie à ce sujet est connue. Elle est contenue dans le message adressé le 23 juillet dernier par le président Bouteflika au président nigérian Obasandjo. Le président algérien écarte l'idée de renonciation à une telle aspiration confirmée par le sommet de l'Union africaine de Syrte. Il demande au contraire à ses pairs africains de défendre sans relâche et avec la plus grande détermination la position du continent. Il faut dire que l'introduction de l'Afrique au Conseil de sécurité dérange beaucoup d'autres parties pour ne pas dire toutes. Et la partie est loin d'être gagnée. Un travail intense est nécessaire. Notre président y va pour cela. Pas seulement non plus. Des occasions comme celles-là, qui rassemblent le plus grand nombre de décideurs de la planète ne sont pas légion. Et comme chacun le sait, le travail en politique ne se fait pas par médias interposés comme on aurait tendance à le croire. Même les envoyés spéciaux, le courrier et encore moins le téléphone ne peuvent remplacer le contact direct que peuvent avoir les chefs d'Etats entre eux. D'ailleurs, la politique a tellement changé de pratique que sa lecture en est devenue quasi impossible pour le commun des mortels. Un peu comme on tenterait de décoder un message numérique avec un procédé analogique. La politique aussi évolue. L'autre sujet d'importance pour l'Algérie et dont l'ONU est saisie est la lutte antiterroriste. Une lutte dans laquelle tous les Etats, grands et petits, reconnaissent l'expertise de l'Algérie. Mais au-delà des conseils avisés que pourrait donner le chef de l'Etat algérien à ses pairs réunis à Manhattan, il s'agit pour lui de participer activement au débat qui tend à la définition, la plus juste, de la notion de terrorisme. Là aussi, les grandes manoeuvres battent leur plein. Des manoeuvres qui ont pour but de consacrer des amalgames dangereux entre l'action de résistants contre l'occupation comme en Palestine et celles de groupes d'obscures organisations internationales (dire multinationales serait plus approprié) poursuivant l'objectif inavoué de déstabilisation des Etats, voire leur désintégration pour un nouvel ordre mondial totalement éloigné des thèses connues jusque-là. Là encore, le président algérien devra se montrer infatigable et convaincre chacune des voix qui comptent sur la scène internationale. Le dossier du nucléaire sera aussi au menu. Le traité de non-prolifération d'armes nucléaires de 1968 auquel l'adhésion est recommandée à tous, est merveilleux en soi. Sauf qu'il y a des pays qui possèdent déjà le nucléaire et d'autres pas. C'est à ces derniers que l'Algérie pense quand elle défend le «droit de ces Etats d'avoir des garanties inconditionnelles contre l'utilisation ou la menace d'utilisation de ces armes contre eux» ainsi que l'a rappelé récemment, le 10 juillet dernier précisément, notre représentant auprès de l'ONU à Genève, M.Driss Djazaïri. Tous ces dossiers et d'autres encore tout aussi importants pour l'avenir d'un monde qui rythme la vie à l'intérieur des Etats seront débattus à l'occasion de l'anniversaire de l'illustre organisation des Nations unies. Une organisation dont notre président connaît toutes les arcanes pour les avoir «pratiquées» durant de longues années et dès sa prime jeunesse où il portait la voix de l'Algérie en sa qualité de ministre des Affaires étrangères. Une charge si bien remplie qu'elle avait fini par le faire élire président de l'Assemblée générale. C'était avant sa traversée du désert. Aujourd'hui , de retour aux affaires, le président Bouteflika connaît mieux que quiconque que ce qui se décide à New-York a inévitablement des répercussions sur la politique intérieure des pays. Voilà pourquoi sa présence à l'ONU au moment où se prépare un scrutin historique pour l'Algérie, est indispensable. Les deux événements sont d'égale importance. Mieux, ils sont interdépendants.