Certes, le dialogue en lui-même a été utile, mais l'ONU n'a pas joué son véritable rôle. L'ONU a du plomb dans l'aile. Cette organisation n'a pas joué son véritable rôle dans les négociations qui ont réunie, les 10 et 11 août, à Manhassat (New York), le Front Polisario et le royaume du Maroc. Pourtant, il est avant tout question, pour les Nations unies, de faire appliquer les résolutions qu'elle vote et d'y faire se conformer, tout bonnement, les belligérants. Entre autres celles qui garantissent le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Ce n'est point une étrange alchimie. En un mot, l'ONU a été trop flexible avec la délégation marocaine qui s'en tenait, tout au long des négociations, à un discours, qui n'est autre chose qu'une fin de non-recevoir aux efforts de la communauté internationales pour trouver une solution au contentieux sahraoui. Les mandataires du royaume se sont agrippés, sans relâche, au projet dit «de large autonomie pour le Sahara» qui ne rime aucunement avec la logique et la légalité internationale. Dans un communiqué final, sanctionnant les négociations de vendredi et samedi derniers, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, s'est contenté de dire qu'«un débat a eu lieu au sujet de la mise en oeuvre de la résolution 1754 du Conseil de sécurité». Une chose est sûre, les négociations ont capoté, puisque, ayant été fermées et marquées par l'intransigeance de la partie marocaine. Il est vrai qu'en deux rounds les choses ne peuvent évoluer à pas de géant, mais l'ONU n'a été jusqu'ici qu'une boîte d'enregistrement. Le communiqué final de Peter Van Walsum n'est qu'un compte-rendu des faits. Mais qui ne cite, ni dans ses lignes ni entre les lignes, l'intransigeance et l'entêtement des délégués marocains. «Des représentants du Maroc et du Front Polisario se sont réunis à Manhasset (Etat de New York) au Grenntree, les 10 et 11 août 2007, pour continuer leurs négociations sous les auspices du secrétaire général et conformément à la résolution 1754 du 30 avril 2007 du Conseil de sécurité. Des représentants des pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie étaient également présents aux séances d'ouverture et de clôture et ont été consultés séparément pendant les pourparlers. Je suis heureux que nous ayons pu mener des négociations de fond au cours desquelles les parties ont interagi l'une avec l'autre et ont exprimé leurs vues», lit-on dans le communiqué de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental. Si l'ONU continuera à chapeauter le même discours et, par ricochet, à fermer l'oeil sur le «fanatisme» marocain, il y a lieu de redouter bel et bien une négociation à la israélo-palestinienne. D'ailleurs, ni la date ni le lieu des prochains conciliabules n'ont été fixés mais seulement espérés entre «octobre et décembre» prochain. C'est dire l'expectative où se trouve l'ONU. Certes, le dialogue, qui a le mérite d'exister, peut constituer, en lui-même, une avancée, mais n'est-il pas temps de passer maintenant aux choses sérieuses et de passer au concret? Rabat ne fait que réitérer son intransigeance quant à «l'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine», s'appropriant ainsi le Sahara occidental, alors que la question fondamentale est, encore et toujours, de savoir à qui appartient ce territoire, problème que seul un référendum loyal, sincère et transparent, dans le cadre du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU, peut résoudre. Mener les chevaux à la cravache est du ressort exclusif des instances onusiennes, d'autant qu'il s'agit du destin de tout un peuple. Une chose est sûre, le destin des Sahraouis n'intéresse aucunement Rabat, sauf le territoire. Dans le même communiqué de Peter Van Walsum on peut lire aussi: «Sur mon initiative, des experts des Nations unies ont présenté aux parties des exposés sur des problématiques spécifiques comme les ressources naturelles et l'administration locale. Des mesures de confiance ont également été proposées pour discussion. Les parties reconnaissent que le statu-quo actuel est inacceptable et elles se sont engagées à poursuivre ces négociations de bonne foi. Elles sont convenues que le processus de négociation se poursuivra et que des consultations appropriées seront conclues sur la date et le lieu du round à venir.» A l'issue des pourparlers, la délégation sahraouie reconnaît, dans un communiqué rendu public samedi soir, «l'utilité du dialogue», mais n'a pas manqué de relever «l'intransigeance du Maroc a vouloir imposer son plan d'autonomie». Le chef de la délégation sahraouie, Mahfoud Ali Beiba, a fait remarquer que «la délégation sahraouie a présenté, dans la perspective du recouvrement par l'Etat sahraoui de sa pleine souveraineté sur son territoire, la perception et la politique du Front Polisario pour ce qui concerne la gestion des ressources naturelles du pays et de l'administration des collectivités locales». Le troisième round des négociations est prévu avant la fin 2007. Le processus doit évoluer, mais à la condition que le Maroc mette fin à ses manoeuvres dilatoires et s'engage, de bonne foi, en vue de l'application effective de la résolution 1754 du Conseil de sécurité.