Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères Alger est loin d'être dans «l'embarras» comme l'a déclaré Rabat dans un de ses communiqués et sa réaction «indulgente» ne reflète nullement une quelconque faiblesse ou frayeur. L'Algérie a toujours respecté le droit international et continuera de le faire même par ces temps de «coups bas» fomentés par le Maroc qui semble profiter des pressions exercées par les Etats-Unis et d'Israël visant à isoler l'Iran dans le but de le contraindre à accepter de renégocier l'accord nucléaire de 2015 et de réduire son influence régionale, pour faire passer le Sahara occidental comme un Etat terroriste. Le Makhzen est en passe d'exécuter son complot non pas grâce au ralliement à sa cause de l'Arabie saoudite car personne n'est dupe au point de ne pas voir que c'est le Maroc qui s'est aligné sur les positions stratégiques saoudiennes à la solde de l'Oncle Sam. Mais c'est la position de la Ligue arabe qui laisse perplexe. C'est même hallucinant! Le monde est en plein délire. Les allégations marocaines concernant «une implication directe de l'Algérie» dans une supposée opération de livraison d'armes du mouvement chiite libanais, le Hezbollah, au Front Polisario, qui aurait transité par l'ambassade d'Iran à Alger, remettent en cause toute les résolutions internationales et celles des organisations régionales. A commencer par celle du Conseil de sécurité de l'ONU qui a appelé, le 27 avril dernier, à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Le Conseil de sécurité de l'ONU et la Minurso établie sur le sol sahraoui, soutiennent-ils un Etat-terroriste? Qu'en est-il de l'Union africaine dont le Sahara occidental est un membre à part entière? Faut-il rappeler les résolutions répétées de l'Union africaine réaffirmant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, les arrêts de la Cour nationale espagnole soulignant que le Sahara occidental n'appartient pas au Maroc, ceux de la Cour européenne qui excluent le territoire du Sahara occidental de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc. En accusant le Polisario d'acheminer des armes auprès du Hezbollah via Alger, le Maroc aspire à abattre d'une pierre, deux oiseaux. Or, Rabat fait fausse route car ni l'Algérie ni l'Iran ne sont des «oiseaux». Le scénario marocain est loin d'être parfait autant que ceux qui ont produit le chaos en Irak, en Libye ou encore en Syrie. Et le soutien de la Ligue arabe et celui des pays du Golfe ne seront pas d'un grand secours. Cependant, avec un tel soutien, la Ligue arabe a produit une offense envers l'Algérie et la diplomatie algérienne se doit d'exiger des «explications». Car même si les pays du Golfe sont connus pour leur capitulation et suivisme, ces derniers, concernant la question sahraouie ou tout autre conflit, devraient agir conformément au droit international. Mais dans le monde d'aujourd'hui où l'on assiste à des violations à répétition du droit international, la diplomatie mondiale n'a plus aucun sens. Après les attaques des Etats-Unis contre l'Irak sans mandat de l'ONU, le bombardement de la Libye par l'Otan, outrepassant le mandat du Conseil de sécurité, les frappes dirigées contre la Syrie en violation du droit international ou encore les massacres au quotidien des Palestiniens, il faut peut-être s'attendre à une tentative d'agression du Royaume chérifien contre l'Algérie sous prétexte d'éradiquer les terroristes qui revendiquent l'Etat du Sahara occidental. Un tel scénario est probable mais avant qu'il ne se produise, Alger doit réagir et appeler à témoin toutes les organisations onusiennes, les pays membres de l'Union africaine ainsi que l'ensemble des pays qui prêchent le respect du droit international pour rappeler les principes de ce droit dont le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, la sanction d'un acte d'agression, la légitime défense ou encore le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Car Alger est loin d'être dans «l'embarras» comme l'a déclaré Rabat dans un de ses communiqués et sa réaction «indulgente» ne reflète nullement une quelconque faiblesse ou frayeur.