Un sentiment général au Maroc, qui refuse de sacrifier la Palestine pour maintenir un statu quo au Sahara occidental. La décision du roi du Maroc de rompre les relations diplomatiques avec l'Iran ne fait pas l'unanimité au sein même du royaume. De plus en plus de voix de la société civile marocaine s'élèvent pour dénoncer l'attitude de Mohammed VI, notant l'irrecevabilité du motif invoqué par le roi. En effet, l'argument du soutien militaire du Hizbollah iranien au Front Polisario cache mal, selon beaucoup d'intervenants sur la scène politique du royaume, un alignement quasi criminel du Makhzen sur les thèses israéliennes sur la question du nucléaire iranien. Le propos est celui de Ahmed Ouhimane, président de l'Observatoire marocain contre la normalisation avec Israël, qui s'est interrogé sur les éléments d'information sur lesquels s'était basée la diplomatie marocaine pour conclure à une collusion entre l'Iran et le Sahara occidental. La brutalité de la décision royale et le contexte politique régional qui la sous-tend n'ont pas échappé à Ouhimane qui voit dans la voie que prend la diplomatie de son pays de dangereux signes amenant à penser que Rabat est prise dans une logique internationale qui consiste à promouvoir la place d'Israël dans le monde. Cette thèse est également défendue par Khaled Al-Sifiani, coordinateur général du Congrès national islamique. Al-Sifiani ne mâche pas ses mots et accuse l'entité sioniste de «vouloir provoquer une faille entre le peuple marocain et les organisations de la résistance palestinienne». Il en veut pour preuve que cette «normalisation» a été précédée par un discours qui «accuse le mouvement palestinien Hamas d'être une organisation terroriste». Selon El-Sifiani, nous sommes en face d'un processus destiné à tuer toute résistance à Israël et le Maroc en est l'un des instruments. Rabat a été utilisé pour «enfoncer Hizbollah, histoire de nous détourner des véritables desseins américano-israéliens dans le Moyen-Orient». Abdelkader El-Almi, coordinateur du groupe de travail pour la Palestine, s'est associé aux voix dénonçant la décision marocaine de désigner Hizbollah comme un groupe terroriste et, partant, rompre les relations diplomatiques avec l'Iran. Il s'est dit surpris de la décision marocaine et témoigne de l'innocence du Hizbollah des accusations qui lui sont collées par Mohammed VI.Ces trois personnalités marocaines traduisent le sentiment d'une importante frange de la société marocaine, pour qui la question palestinienne ne saurait être abandonnée par leur pays. Si les Marocains ne développent aucune animosité à l'endroit des juifs qui vivent parmi eux, ils vouent une haine viscérale à l'endroit du régime sioniste qui dirige Israël et opprime le peuple palestinien. La pirouette diplomatique de Mohammed VI ne semble pas convaincre grand-monde et les voix qui s'élèvent pour condamner l'acte du roi, illustrent dans le même temps, un sentiment général au Maroc, qui refuse de sacrifier la Palestine pour maintenir un statu quo au Sahara occidental.