Même si le Conseil de sécurité des Nations unies a refusé, hier, d'envoyer une mission d'enquête au Sahara occidental, la réalité sur le massacre commis par Rabat, le 8 novembre, ne peut être cachée. A présent, la donne a changé. C'est que le régime marocain a montré son vrai visage, celui d'un colonisateur usant et abusant de tous les moyens, y compris militaires, pour maintenir sa mainmise illégale sur le Sahara occidental. Le massacre des civils sans défense, lors de l'évacuation du camp de la liberté près d'El Ayoune occupée, dénoncé par les nombreux défenseurs des causes justes de par le monde, a prouvé encore une fois, que ce régime ne recule devant rien pour maintenir le statu quo au Sahara occidental. Comme tous les colonisateurs anciens ou récents, le Maroc a commis l'erreur qu'il ne fallait pas commettre : dépasser la dose prescrite dans «le maintien de l'ordre établi» en tirant sur les foules de sahraouis, comme le fait régulièrement l'armée israélienne contre les palestiniens. Les Sahraouis n'ont que des pierres pour riposter aux balles des assassins chargés de maintenir cet ordre, et des colons marocains appelés à la rescousse. Un massacre sans précédent Du reste, les autorités d'occupation marocaines ont bien réglé la partition criminelle, en conseillant aux colons de portant des brassards les distinguant des «indigènes» dans leur traque aux manifestants. Le Maroc a commis une erreur, qui lui coûtera cher dans les mois, voire les semaines à venir : non seulement il risque fort de perdre le peu de soutien qu'il a de maintenir sa mainmise sur un territoire «non autonome» riche en ressources naturelles, mais, en plus, il a avec ce massacre sans précédent, qu'il a voulu garder au secret, ouvert davantage les yeux des populations sahraouies sur la réalité de l'occupation, notamment des jeunes. Aujourd'hui, rien ne sera plus comme avant pour Rabat. Du reste, les dirigeants du front Polisario, qui ont depuis 20 ans, limité leur mouvement indépendantiste à la diplomatie et aux actions pacifiques, du fait de leur engagement à respecter le cessez-le feu trompeur, de 1991, ne sont plus désormais, tenus d'en rester là. L'entêtement des autorités marocaines à rejeter les options autres que la leur, dans les tentatives de règlement de ce conflit vieux de 35 ans, aidant, les dirigeants du Polisario se retrouvent à présent, face à une nouvelle donne : l'appel des populations sahraouies à l'usage de la force légitime contre un occupant qui utilise la violence pour se perpétuer. Cette nouvelle donne vient du reste, d'être prise en compte par le Polisario, qui a averti le Conseil de sécurité qu'il reconsidérerait»sa position en cas de statu quo», du processus de décolonisation du Sahara occidental, imposé par Rabat et ses soutiens, et que les Nations unies n'arrivent toujours pas à faire évoluer dans le sens de la légalité internationale. Incapacité du Conseil de sécurité Ainsi, dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Sir Mark Lyall Grant, le représentant du Front Polisario à l'Onu, Ahmed Boukhari, rappelait que «le sang de plusieurs dizaines de citoyens sahraouis répandu ces derniers jours (...) était la conséquence malheureuse de l'incapacité du Conseil de sécurité à protéger la population sahraouie en vue de promouvoir une solution au différend (...) qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui, tel que requis par de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et du droit international». En conséquence, le diplomate sahraoui appelait cet organe onusien à «tout d'abord, assumer ses propres responsabilités en condamnant les attaques marocaines dans les termes les plus forts». Ensuite, à «décider d'envoyer une mission d'enquête au Sahara occidental occupé, sous la direction» du président du Conseil. Il faut souligner que les amis de par le monde, de la cause sahraouie, ont déploré et continuent de le faire, le fait que les Nations unies, n'ont pas jusque-là, dénoncé le massacre programmé de la semaine dernière, dont les planificateurs à Rabat ont sciemment fait coïncider avec l'ouverture des négociations informelles entre les deux parties en conflit. Il est vrai que l'ONU avait expliqué à demi-mot qu'elle allait d'abord voir plus clair sur la situation. Un camouflage pour une occupation sans fin D'où l'exigence légitime des dirigeants sahraouis de la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, qui sera chargée de faire la lumière sur cet épisode sanglant à inscrire à l'actif des tenants de l'occupation, à Rabat. «Une telle mission est essentielle pour établir un compte-rendu d'autorité sur les événements de la semaine dernière, et doit être chargée de faire un rapport, dans les plus brefs délais, au Conseil», estimait le dirigeant sahraoui. «Il est nécessaire, en particulier, d'établir si les attaques de la semaine dernière constituaient une violation du cessez-le-feu de 1991», ajoutait-il. En plus, il est demandé au Conseil d' «exhorter clairement le Maroc à permettre immédiatement à la Minurso un accès libre et sans entrave sur tout le territoire du Sahara occidental occupé». C'est que le Maroc gère à sa guise cette mission, qui est du reste, dirigée par une personne dont le pays apporte son plein soutien à la colonisation du Sahara occidental. Cette personne, au lieu d'établir un rapport détaillé et objectif sur le massacre, n'a fait qu'appeler «au calme», comme s'il s'alignait sur la thèse marocaine. Pour le diplomate sahraoui, «les événements tragiques du 8 novembre exigent une rectification d'urgence des échecs passés du Conseil de sécurité en introduisant la mission de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso, tel que recommandé par le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'Onu en 2006». Mieux encore, à l'heure actuelle, le processus de l'Onu n'est qu'un camouflage pour une occupation sans fin. Manœuvres dilatoires «La situation est une honte internationale», soulignait-il, affirmant à juste titre, que «cette situation doit maintenant changer» et que «s'il n'y a pas de progrès dans un bref délai, le Front Polisario sera obligé de reconsidérer sa position vis-à-vis de l'ensemble du processus». Or, le Conseil de sécurité, n'a fait hier, que déplorer les violences au Sahara occidental. Cet organe a encore une fois failli à sa responsabilité en refusant la demande sahraouie d'envoyer sur place une commission d'enquête. Pourquoi et qui tire les ficelles pour influer sur ses décisions ? Selon Boukhari, c'est la France qui s'est opposée à la demande internationale. Et afin de poursuivre dans sa falsification des faits sur tout ce qui a trait au «Sahara non marocain», Rabat multiplie les manœuvres diplomatiques dilatoires et entretient la confusion. Il pousse encore à bout les Sahraouis et l'opinion internationale favorable à la cause sahraouie, en se présentant sous la peau de la victime. Exactement comme le fait souvent l'entité sioniste en Palestine. Cette fois, cependant, les arguments lui font défaut. A preuve, toutes ses réactions, par médias officiels interposés, à la colère manifestée contre ce tragique épisode, au Sahara occidental, sont accompagnées d'insultes traduisant à l'évidence, sa peur panique.