Le congrès vise à remettre les pendules du MSP à l'heure des choix de l'époque, où la participation du mouvement au pouvoir relevait des grandes lignes stratégiques qui constituaient la matrice de ce mouvement. Le 7e congrès extraordinaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a commencé dès l'inauguration de ses travaux à esquisser les contours de sa nouvelle démarche quant au rapport avec le gouvernement, et aussi par rapport à l'objectif «unioniste» avec certaines variantes de la mouvance islamiste, dont il se réclame comme porte-voix historique. Cette orientation s'est érigée en une tactique du président sortant Abderezzak Makri en sa qualité de premier responsable du mouvement. La tactique consistait à préparer un climat d'unité entre les sensibilités et les tendances s'identifiant à «l'école» de Nahnah dont «la wassatiya» est considérée comme le point cardinal et la pierre angulaire de la doctrine du mouvement. C'est ce qui ressort des travaux du 7e congrès extraordinaire où le président du mouvement Al Binaa, Abdelkader Bengrina, un ancien transfuge du MSP a déclaré clairement que le temps «est venu pour l'école du cheikh Nahnah de se rassembler et de s'unir dans le but de servir le pays et rendre l'espoir aux militants qui ont tant rêvé de ce moment de la grande rencontre de la famille du MSP connue pour le choix modéré», a rétorqué Abdelkader Bengrina, le président fraîchement élu du mouvement Al Binaa. Bengrina a exprimé sa dissidence de son historique mouvement dont il faisait partie. Il appartenait à la génération des fondateurs avec le père du mouvement, à savoir cheikh Nahnah, lors de la mainmise du courant de Bouguerra Soltani sur le MSP et sa conception dont beaucoup de cadres n'adhéraient pas, voire rejetaient d'emblée. Aujourd'hui, l'ex-ministre du Tourisme, Abdelkader Bengrina, souhaite fortement que le mouvement de Nahnah rassemble tous ses transfuges sous le toit du MSP pour s'atteler à mettre en place les exigences de la variante «modérée» de la mouvance islamiste. Des exigences liées au rôle de cette variante dite «modérée» sur l'échiquier politique national. Cette variante, depuis son atomisation pour des raisons subjectives et objectives, comme c'est le cas pour le mouvement Al Binaa où son rôle se limitait à une figuration enrôlant même son existence en tant que formation politique, surtout que l'objectif de l'alliance avec d'autres variantes qui se disaient radicales à l'image du Front pour la justice et le développement (FJD), un mouvement appartenant à Abdallah Djaballah et Ennahda de Mohamed Douibi. Cette alliance qui a eu un caractère plus conjoncturel et plus précisément électoraliste n'a pas pu résister face aux résultats désastreux de «l'Alliance verte» et aussi le jeu de leadership auquel s'est livré Abdallah Djaballah qui était pour beaucoup dans le sabordage de cette alliance et les ambitions de cette variante radicale de s'imposer sur l'échiquier politique national comme alternative via les urnes. Devant cette déconfiture, Abdelkader Bengrina a essayé tant bien que mal d'avoir un rôle politique effectif comme c'était le cas durant la période de son cheikh Mahfoud Nahnah où il a pu postuler à un strapontin en sa qualité du ministre aux côtés de ses «frères» du MSP à l'image de Bouguerra Soltani, Abdelmadjid Menasra et autres cadres qui ont goûté à la ministrabilité et la rente politique. Dans ce sens, il ressort du 7e congrès du MSP que la feuille de route est tracée d'emblée. Elle s'arc-boute sur la relance du schéma fondateur de ce mouvement du vivant de son chef, Mahfoud Nahnah. C'est-à-dire l'exigence de remettre les pendules du MSP à l'heure des choix de l'époque où la participation du MSP au pouvoir était un credo, voire une doctrine faisant partie des grandes lignes stratégiques qui constituaient la matrice de ce mouvement. D'ailleurs, la présence du président d'Al Binaa, Abdelkader Bengrina n'est pas celle d'un invité, elle est surtout celle d'un courant qui aspire à réintégrer la maison du mouvement de son chef historique. Bengrina a rendu la pareille à Makri lors de ce 7e congrès en soulignant que «ce congrès est le nôtre comme le dernier congrès d'Al Binaa auquel vous avez pris part est le vôtre. Nous sommes du MSP et le MSP est en nous, nous voulons retrouver le MSP du cheikh Mahfoud Nahnah et de sa politique fondée sur la défense du pays et la promotion d'un islam modéré», a tonné le président d'Al Binaa. Cet appel à l'unité est aussi un moyen pour Makri d'écarter et réduire la tendance de Bouguerra Soltani à sa juste existence en sa qualité de courant très minoritaire qui ne trouve plus d'échos au niveau des structures de base du mouvement. Le président sortant, Makri en l'occurrence, a engagé un processus d'unité avec les anciens transfuges du mouvement en faisant d'une pierre deux coups. D'abord renverser les rapports de force en les transformant en sa faveur dans la perspective de réduire la marge de manoeuvre du tandem Soltani, Saïdi et ceux qui périclitent autour d'eux et de l'autre engager le mouvement dans une dynamique politique à travers les anciens transfuges comme Abdelmadjid Menasra et son courant et à l'avenir la tendance de Abdelkader Bengrina pour sceller une fois pour toutes le dossier du MSP et le préparer à se retrouver dans les bras du pouvoir en place. C'est une manière de rétablir la confiance et un message fort à l'adresse de l'Exécutif pour lui signifier que le temps des atermoiements et le jeu de l'opposition n'était qu'un orage passager. Abderezzak Makri veut caporaliser le mouvement, Soltani aussi vise la caporalisation du MSP, mais la grande tendance générale au sein du mouvement, s'accorde et s'entend sur la nécessité de recourir au jeu de la participation pour éviter de s'effondrer comme cela est arrivé aux variantes radicales de la mouvance islamiste, mais montrer aussi un semblant d'opposition pour ne pas perdre les possibilités d'un redéploiement dans la négation de la logique qui sied au pouvoir en place du point de vue conjoncturel. En conclusion, le 7e congrès extraordinaire du MSP vise à renouer avec l'ancienne stratégie initiée par le regretté Mahfoud Nahnah, à savoir l'entrisme.