C'est la maladie du président sortant qui a présidé aux destinées de ce congrès extraordinaire, selon des sources proches du mouvement. Le mouvement El Bina a clôturé hier les travaux de son congrès extraordinaire sur fond d'élection de la nouvelle direction nationale en intronisant Abdelkader Bengrina, l'ex-ministre du Tourisme et de l'Artisanat, comme nouveau président du mouvement remplaçant ainsi le fondateur du mouvement, Mustapha Belmehdi. Le congrès extraordinaire se voulait être un moment pour ancrer le slogan «Unité, démocratie comme garantes du développement». d'ailleurs, c'est cette question de l'unité qui taraude le mouvement El Bina, un mouvement qui a été créé par les transfuges du MSP après la crise qu'avait connue ce dernier à cause de l'élection de Bouguerra Soltani à la tête du mouvement en succédant au fondateur, le défunt Mahfoud Nahnah. El Bina s'est exprimé comme courant au sein du MSP rejetant pêle-mêle ce choix, allant jusqu'à claquer la porte de l'ancienne chapelle politique. C'est dire que l'unité de la mouvance islamiste s'est vue lézardée par des stratagèmes et des démarches qui étaient pour longtemps escamotées et dissimulées de par le charisme et le leadership qu'imposait l'ex-président du MSP, Mahfoud Nahnah, en l'occurrence. La nouvelle direction d'El Bina n'a pas connu des changements importants, bien au contraire, elle se veut comme continuité d'un processus qui a commencé avec son fondateur et le chef spirituel du mouvement, à savoir Mustapha Belmehdi, un militant islamiste de la première heure et faisant partie du noyau dur du MSP historique, c'est-à-dire «Hamas», depuis 1989. Le caractère extraordinaire du congrès d'El Bina vient de répondre à une situation somme toute ordinaire au sein de ce mouvement. C'est la maladie du président sortant qui a présidé aux destinées de ce congrès extraordinaire, selon des sources proches du mouvement. Cette situation s'est inscrite dans la durée, ce qui a poussé la direction et son «architecte» Ahmed Dane, le vice-président d'El Bina de répondre à la demande de toute la base militante de ce mouvement de renouveler les structures et élire une nouvelle direction et un nouveau président. Le déroulement des travaux et de la journée de clôture de ce congrès extraordinaire fait rappeler la même atmosphère du MSP, Nahnah et Bouslimani étaient présents, leurs citations faisaient ovationner la salle, c'est dire que cette variante de la mouvance islamiste est quasiment imbibée dans le carcan du Mahfoud Nahnah et son «école» comme aiment-ils à rappeler les intervenants et les organisateurs de ce congrès extraordinaire. La mise en avant de Abdelkader Bengrina comme nouveau président du mouvement El Bina, c'est un signe annonciateur d'un processus qui mènera vers l'unité et le retour au «bercail historique» des cadres et la base militante de ce mouvement. Surtout que la fissure avec d'autres variantes de la mouvance islamiste se faisait sentir lors de la journée de la clôture du congrès extraordinaire. L'absence de Abdallah Djaballah, le président du Front pour la justice et le développement (FJD), et celle d'Ennahda à travers son président, confirment cette fissure et cette fracture qui vient s'inviter au sein de ces trois variantes de l'islamisme teinté de radicalisme. La fameuse union s'est évaporée dans l'air, les raisons, selon certains responsables de la direction d'El Bina sont d'ordre «zaimiste» et de leadership qu'exerce le président du FJD, Abdallah Djaballah. Cette union, qui s'est créée dans un contexte obéissant à une conjoncture électorale, n'a pas résisté au temps, surtout après les piètres résultats récoltés par cette alliance. La bérézina électorale, qui était pour beaucoup dans la dislocation de cette union tant chantée et entonnée par la mouvance islamiste, vient de subir un coup sévère ces derniers temps, après le retrait de Djaballah de cette démarche unioniste. Le mouvement El Bina n'a pas cessé de faire allusion à l'école de Nahnah, en présence du président du MSP, Abderrazak Makri lors de la clôture des travaux du congrès extraordinaire. D'ailleurs, même la littérature de ce congrès est identique dans le fond et la forme à celle du MSP. Le congrès extraordinaire insiste sur l'héritage de Mahfoud Nahnah et de Bouslimani qui s'arc-boute sur l'islam modéré, le dialogue et la participation dans la construction du pays et de son Etat. Ce n'est pas par hasard que le mouvement El Bina insiste sur la nécessité de la rencontre entre tous les courants de l'école de Nahnah dans un même cadre et sous le même toit. Abderrazak Makri avait bien saisi l'appel en répondant de la manière la plus directe et limpide au voeu de la direction du mouvement El Bina en indiquant que «cette école de Nahnah saura trouver l'issue pour rassembler tous ses enfants, parce que le rêve de Mahfoud Nahnah et l'ambition de Bouslimani sont fondés sur le principe que l'Algérie appartient à tous ses enfants, et nous sommes tous pour une unité telle qu'elle a été défendue par Mahfoud Nahnah», a-t-il mentionné. Quant au nouveau président, Abdelkader Bengrina, il affiche la pleine disposition de son mouvement à adhérer à cette perspective unitaire. Mais il insiste aussi sur l'idée que le mouvement El Bina «est pour la participation réformiste dans les institutions de l'Etat», a-t-il déclaré.