Le ministre du Commerce Saïd Djellab s'est rendu tôt dans la matinée d'hier au marché de gros de fruits et légumes des Eucalyptus Comme chaque année, les spéculateurs feront de ce mois une «aubaine» par excellence pour laisser libre cours à leur voracité. Le Ramadhan frappe à nos portes, c'est le mois où les habitudes prennent un autre rythme. Comme à l'accoutumée, l'on assistera à des pratiques spéculatives qui affecteront considérablement le pouvoir d'achat qui connaîtra une érosion des plus drastiques. Cette situation de paupérisation est liée aux difficultés économiques et financières du pays après la chute libre des prix du pétrole depuis plus de quatre années. Les retombées sociales de cette situation sont déjà ressenties, que doit-on dire alors durant le mois de Ramadhan où les dépenses se font ressentir avec acuité? Tous les indices plaident pour une mercuriale qui devrait connaître une stabilité des prix des légumes. La raison est simple, les légumes ne connaîtront pas une flambée des prix, ils viennent à point nommé, c'est-à-dire que ces produits sont en phase avec la saison. Mais les spéculateurs ne voient pas de cet oeil le mois du Ramadhan, pour eux, ce mois est le moment où la cupidité prend tout son sens et où la spéculation atteint son point culminant. Il appartient en premier chef au ministère du Commerce de prendre des mesures strictes de contrôle des prix et de lutte contre la fraude. Mais il ne dit rien à propos de la spéculation au niveau des marchés de gros et aussi le réseau des mandataires. La tutelle vient d'annoncer que «le ministère du Commerce a mis en place un nouveau système d'information relatif au suivi de la tendance des prix au niveau des marchés de gros et de détail, permettant d'intervenir en cas de pics enregistrés. En pareil cas, une enquête sera déclenchée par une cellule d'analyse devant permettre d'identifier les causes», pour ainsi dire, la tutelle essaye de mettre des mécanismes de veille et de prévention contre des pratiques spéculatives que ce soit au niveau des marchés de gros ou au niveau des marchés de détail. Le système de contrôle doit avoir un caractère effectif et en tant qu'instrument dissuasif, s'inscrire dans la durée et non pas conjoncturel, répondant à une situation spécifique. Le ministère du Commerce vient d'adopter un plan spécial pour combattre le fléau et le mal de la spéculation qui est devenue un sport national. Le ministre Saïd Djellab a souligne que «le ministère a mis en place un manuel de contrôle de l'activité commerciale qui donnera plus de protection aux agents sur le terrain et qui permettra aussi d'organiser cette action», espérant que ce plan entrera en vigueur concrètement et que son application sera fructueuse pour éradiquer le phénomène de la spéculation. C'est là que réside la grande bataille du gouvernement. Saïd Djellab aux détaillants en fruits et légumes «Soyez moins gourmands!» L'offre étant abondante, le risque de voir les prix grimper sur les étals devient nul pendant toute la durée du mois de Ramadhan. Le ministre du Commerce Saïd Djellab s'est rendu tôt dans la matinée d'hier au marché de gros de fruits et légumes des Eucalyptus. Ce choix de visiter cette enceinte paraît nullement fortuit étant donné son importance en matière de volumes de fruits et légumes frais réceptionnés et vendus au quotidien ainsi que par le fait qu'il approvisionne pratiquement tous les détaillants en fruits et légumes de la capitale. Il faut aussi indiquer que cette visite s'inscrit dans son plan d'action anti-pénurie et également de parer à toute surenchère sur les prix de détail. Dès son arrivée sur les lieux et après que le DG de l'établissement public, Mounir Ayad, l'a informé sur les quantités réceptionnées en fruits et légumes qu'a enregistrées le marché ces deux dernières semaines, le ministre a visité des hangars qui abritent les carreaux des commissionnaires-mandataires. Sur place, il s'est adressé à quelques-uns de ces derniers pour leur demander surtout si les prix avaient grimpé ou étaient restés plus ou moins stables ces derniers jours et particulièrement en ce début de semaine, faisant allusion à l'arrivée du Ramadhan. L'un d'eux lui a répondu que globalement, aucun de ces prix n'avait augmenté si ce n'est celui de la tomate de qualité qui est passé de 90 DA le kilo à 120 DA depuis vendredi dernier. «Comme vous le constatez, monsieur le ministre, l'offre en produit maraîchers et fruits de saison est abondante, ce qui rend toute surenchère impossible. Et quand bien même il y a une très forte demande de la part des détaillants cela ne va aucunement avoir un impact sur les prix et si c'est la cas, l'augmentation sera minime tout au plus pendant les trois premiers jours du Ramadhan après quoi nous nous attendons à voir la chute des prix du fait que l'offre va continuer à dépasser largement la demande», a argué le commissionnaire-mandataire. Ce dernier interpellé par le ministre sur l'hypothèse de la spéculation à laquelle pourraient s'adonner des mandataires ou gros acheteurs sur pied de vergers entiers ou la totalité de la production agricole, l'interlocuteur a affirmé: «Je doute fort que de telles pratiques soient en cours d'exécution pour la simple raison comme je l'ai dit auparavant l'offre est trop importante pour que cela se produise». Interrogé sur la marge bénéficiaire du mandataire, ce dernier a expliqué «notre rôle consiste à assurer la vente de la cargaison des collecteurs livreurs moyennant une ristourne de 8 à 10%. Ce qui me paraît raisonnable car ne pénalisant pas le collecteur-livreur». Et pour appuyer ses dires, le mandataire a demandé à un collecteur qui était sur place de présenter au ministre le bordereau d'achat et où effectivement la ristourne ne dépassait pas les 10%. Sur ce même carré est venu se joindre à la discussion du ministre avec le mandataire, Aâmi Ahmed détaillant en fruits et légumes dans la localité de Bordj El Kiffane (à l'est de la capitale». Ce dernier a rapporté au ministre qu'après avoir fait le tour du marché il n'a pas constaté d'augmentation des prix si ce n'est sur la tomate avec une hausse de 12 à 15 DA par rapport à son dernier approvisionnement. Le ministre lui a demandé dans la foulée s'il ne trouvait pas les prix trop élevés, malgré le fait que nous étions en fin de saison, le détaillant n'a pas mâché ses mots: «La bonne orange proposée sur les carreaux ces derniers jours entre 200 et 250 DA /kg provient des chambres froides et d'ailleurs vous n'avez qu'à la palper pour être convaincu qu'elle a fait l'objet d'une réfrigération dans le but de la vendre au prix fort durant le Ramadhan, période où ce fruit, malgré la concurrence de la nèfle qui est arrivée en grandes quantités, reste prisé par les ménages, du moins pour ceux au pouvoir d'achat élevé car on ne peut la trouver sur les étals des détaillants à moins de 250DA/kg». A souligner que le ministre à exhorté le détaillant «à ne pas être trop gourmand, autrement dit de faire en sorte que la marge bénéficiaire soit raisonnable. C'est d'ailleurs ce que je demande à tous les détaillants», a souhaité Saïd Djellab. Notons que la visite du ministre s'est conclue par un point de presse improvisé. Et où il a pris à témoin la presse qui l'a accompagné dans sa visite pour affirmer au vu de l'abondance de l'offre «il n'y aura pas de hausse de prix pendant ce mois». Et de rassurer les consommateurs qu'«avec la mise en place de 159 marchés de proximité à travers tout le pays, c'est un moyen fort pour que les prix ne connaissent aucune hausse au grand bénéfice des consommateurs». Interrogé si ça sera le cas pour les produits carnés le ministre a répondu: «La viande rouge importée est arrivée. Un apport supplémentaire qui va réguler le marché.» Et d'annoncer enfin qu'il comptait se rendre dans les jours qui viennent dans d'autres marchés de gros de fruits et légumes du centre du pays.