Cette infrastructure approvisionne tout le centre du pays. Mercredi 1 juin à 7 heures du matin. Le marché de Bougara (ex-Rovigo), plus grand marché de gros de fruits et légumes en Algérie, grouille de monde. Légumes : dès le matin, des milliers de tonnes de produits frais passent de main en main. Lors de notre visite, ce qui frappe en premier c'est les centaines de camions et camionnettes entassés les uns contre les autres, les bâches levées, qui procèdent à leur négoce. L'essentiel des transactions se fait de véhicule à véhicule. Les carreaux du marché sont pour ainsi dire rarement utilisés. Pour ce qui est des prix, d'après les habitués, ils sont un peu plus abordables par rapport aux marchés de détail. Les clients expliquent qu'avec l'arrivée du mois de ramadhan dans quelques jours, la mercuriale s'affolera immanquablement. La pomme de terre est cédée à 30 DA le kilogramme, alors que l'oignon est affiché entre 17 et 20 DA le kg. Les carottes, peu consommées en été, sont entre 40 et 60 DA, selon la qualité. Les courgettes sont à 60 DA et le poivron à 80 DA. Les petits pois oscillent entre 80 et 100 DA. L'ail, présent en quantité, est échangé contre 115 DA le kilo. Quant à la salade, elle est affichée à 35 DA le kilogramme. La tomate, quant à elle, a enregistré une hausse de prix assez significative, en s'échangeant à 80 DA. Pour ce qui est des fruits, l'offre sur le marché de gros de Bougara se limite à la pastèque, cédée à 58 DA, et au melon cédé pour sa part à 65 DA. Même s'ils sont un peu élevés pour certain produits, les prix pratiqués ne reflètent guère la réalité à laquelle font face les ménagères, notamment à quelques jours du début de ramadhan. La réputation du marché de gros de Bougara est bien établie. Mais, malheureusement, cette réputation n'en fait pas un modèle de gestion. Il suffit d'une visite sur les lieux pour constater l'ampleur des dégâts. Certes, le marché est délimité par une clôture avec deux accès, mais hormis cette clôture, on n'y voit aucun signe d'organisation. Avec une chaussée complètement défoncée, le marché ressemblent à tout sauf à un marché de gros de fruits et légumes. D'abord il est difficile de reconnaître qui fait quoi dans l'enceinte du marché. Grossistes, livreurs-collecteurs, mandataires, détaillants, commerçants ambulants et charretiers ne sont soumis à aucune règle d'organisation ni de loi organisationnelle. Le négoce est ouvert à de nombreux intermédiaires qui s'imposent un peu partout sur l'itinéraire de la marchandise, ne se privent pas de stocker la marchandise après sa sortie du marché, jusqu'à créer une tension et imposer leurs prix. Par ailleurs, des déchets et des restes de légumes abimés dégagent des odeurs nauséabondes qui agressent les narines. Dans les allées étroites du marché, où toute circulation est impossible, les charrettes viennent s'ajouter au défilé de camions. Autre aberration pour la mecque des fruits et légumes, la quasi-absence de traçabilité des transactions. En effet, la situation fait la part belle à l'informel. Aucun signe de facture ou même de bon. Pire encore, durant l'heure que nous avons passé à sillonner le marché, nous n'avons pas vu l'ombre d'un stylo ou d'une feuille de papier entre les mains des différents intervenants sur le marché. C'est l'anarchie et le désordre. S. S.