Bien que la piste de la rupture de la chaîne du froid reste valable globalement, l'affaire des bébés morts à Oued el-Abtal après avoir été vaccinés n'a pas livré tous ses secrets. Le ministère reste prudent. Le communiqué du ministère de la Santé, publié lundi soir, affirme que «le vaccin a été reconstitué à l'aide d'un liquide non approprié qui n'était pas de l'eau stérile».Comme style alambiqué on ne fait pas mieux. La nature du liquide est éludée par la négation. On apprend que «ce n'était pas», mais on ne dit pas ce que c'était. Un exercice de style mal-venu dans une situation où la vérité peut éviter l'émeute. Comme celle qui a éclaté lors de l'enterrement des victimes. L'opinion publique en général et les parents en particulier exigent toute la lumière. De source bien informée nous avons appris que ce fameux «liquide» n'était autre que de l'insuline. Tout le monde connaît l'effet foudroyant de l'hypoglycémie chez l'être humain. En termes plus clairs, on aurait «vacciné» les bébés à l'insuline. Si l'on écarte l'acte volontaire qui a priori ne trouve pas de raison - bien que les enquêteurs ne doivent pas l'exclure - il reste la méprise. En effet, le flacon d'insuline dans sa version de couleur orange peut ressembler de loin à celui du vaccin qui est rouge. Le premier, légèrement plus grand, peut être confondu par un manipulateur «tête en l'air» et peu consciencieux. Contacté par nos soins, le directeur de la communication au ministère de la Santé M.Slim Belkessam, préfère «attendre les résultats des analyses en cours par un laboratoire algérien et un autre étranger. Des prélèvements de tissus ont été opérés avec l' autorisation de la justice». Une prudence qui cadre mal avec les affirmations contenues dans le communiqué officiel. Quoi qu'il en soit, nous apprenons également que le ministre de la Santé, M.Aberkane, a fait, hier, le déplacement à Mascara où il tenait à présenter, lui-même, les condoléances aux familles des victimes. Une marque de considération qui ne laissera pas les parents indifférents. D'autre part, le parquet de Tighenif s'est autosaisi et une information judiciaire a été ouverte. Au delà des causes de la mort des bébés, rien ne pourra remplacer la transparence pour apaiser la douleur causée par l'accident. Dire la vérité même amère. Surtout ne pas essayer de gagner du temps avec l'espoir d'enterrer l'affaire. La méthode a tellement été usitée dans notre pays qu'elle n'est plus acceptée aujourd'hui. Les émeutes qui ont éclaté lundi à Oued El-Abtal le prouvent. Rappelons que sept nourrissons sont morts après avoir reçu une injection de ce qui devait être un vaccin anti-rougeole. Plusieurs autres ont été hospitalisés. La première mesure du ministère de la Santé aura été d'interdire, à titre préventif, la vaccination sur tout le territoire national. Cette décision a été levée le lendemain suite aux premiers résultats de la commission d'enquête qui a écarté toute mise en cause du vaccin lui-même et établi en même temps «l'erreur programmatique».