Face à la polémique qui enfle, comme souvent après une attaque jihadiste, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a jugé que «sur un sujet aussi grave, il est peu responsable d'attiser les divisions, les passions en tenant des propos démagogiques». Les gardes à vue de trois proches de Khamzat Azimov se poursuivaient, hier, pour déterminer si le jihadiste, qui a tué un homme samedi en plein Paris, a bénéficié de complicités, sur fond de polémique politique. L'auteur de cette attaque au couteau sur des passants, revendiquée par le groupe Etat Islamique, n'avait pas d'antécédents judiciaires. Mais ce Français de 20 ans originaire de Tchétchénie (Russie) était fiché pour radicalisation et fiché S (pour «sûreté de l'Etat») depuis l'été 2016. Ce qui a relancé hier le débat sur le suivi de ces personnes dans un pays frappé par une vague d'attentats islamistes qui ont fait 246 morts depuis 2015 en comptant la victime de samedi. La présidente du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, a ainsi estimé que les fiches S «ne servent à rien» et «ne permettent pas de déclencher la mise hors d'état de nuire» des auteurs d'attentats. L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a, quant à lui, estimé que la France devait «resserrer son organisation» en matière de renseignement, car «il y a des trous énormes dans son filet», mais aussi engager «un dialogue multilatéral avec les pays sources de terrorisme». Face à la polémique qui enfle, comme souvent après une attaque jihadiste, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a jugé que «sur un sujet aussi grave, il est peu responsable d'attiser les divisions, les passions en tenant des propos démagogiques».»Les fiches S servent toutes les semaines à démanteler des réseaux, à empêcher des attentats», a-t-il assuré. Le fichier «S» regroupe plus de 10 000 personnes, dont pour moitié environ des islamistes radicaux. Les parents de l'assaillant sont en garde à vue depuis dimanche. Les chambres que la famille louait dans un hôtel meublé parisien ont été perquisitionnées, sans résultat concluant. Dimanche, un de ses amis, Abdoul Hakim A., âgé de 20 ans également, a été interpellé et placé en garde à vue à Strasbourg, ville de l'est de la France où la famille Azimov a vécu plusieurs années. Il a été transféré hier au siège de la Dgsi, le service de renseignement intérieur français, près de Paris. Abdoul Hakim A. est suivi par les services de renseignement depuis son mariage religieux avec Inès Hamza, une radicalisée qui avait tenté de partir en Syrie en janvier 2017 avant d'être poursuivie pour association de malfaiteurs à visée terroriste, selon une source proche de l'enquête. C'est en raison de ses liens avec cet homme que Khamzat Azimov avait été entendu, il y a un an, par la section antiterroriste de la brigade criminelle. A Strasbourg, ils étaient «tout le temps ensemble au lycée et en dehors», ont raconté d'anciens camarades de classe. Lors d'une perquisition au domicile de Abdoul Hakim A. dimanche après-midi, sept téléphones ont été saisis, mais le portable «principal» qu'il utilisait le plus souvent, demeurait introuvable. Azimov était également inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, mais «plutôt» en raison de «ses relations» que de «son propre comportement, ses agissements et prises de position», selon une source proche du dossier. Un passant français, âgé de 29 ans, a été tué et quatre personnes blessées par Khamzat Azimov, qui était armé d'un couteau muni d'une lame de 10 cm, samedi peu avant 21h00 près de l'Opéra, dans un quartier touristique de restaurants et théâtres. Dans l'immeuble du sud de Paris où vivait Ronan, le jeune homme décédé, les voisins «saisis d'une grande tristesse» ont affiché un mot dans le hall pour annoncer sa mort. Les blessés, âgés de 26 à 54 ans, sont hors de danger. Le groupe Etat islamique (EI) a rapidement revendiqué l'attaque et diffusé dimanche une vidéo dans laquelle un jeune homme présenté comme l'auteur de l'attentat prête allégeance à l'organisation jihadiste. «La France paye une nouvelle fois le prix du sang mais ne cède pas un pouce aux ennemis de la liberté», avait réagi samedi soir le président Emmanuel Macron sur Twitter. Dans sa revendication, Daesh a affirmé que l'assaillant avait agi «en représailles envers les Etats de la coalition» militaire internationale intervenant en Syrie et Irak contre lui.