Il a qualifié d'«erreur grossière» le fait de croire que l'islam était «incompatible avec la démocratie». Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M.Mohamed Bedjaoui, a affirmé qu'une fois le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale adopté, l'Algérie sera prémunie contre la menace terroriste. Dans une interview accordée au journal danois Politiken, M.Bédjaoui a saisi l'occasion d'expliquer le contenu et le but du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Nous proposons une réconciliation basée sur trois éléments. D'abord une indemnisation et une aide aux nombreuses victimes du terrorisme. Ensuite, nous proposons l'amnistie aux terroristes qui n'ont pas de sang sur les mains», a t-il dit. Il a ajouté dans le même ordre d'idées: «Ceux qui sont responsables de la violence sanguinaire, nous ne voulons ni pouvons leur pardonner». Par cette démarche, l'Etat algérien veut s'assurer qu'aucun ne pourra avoir l'occasion de rallumer la guerre civile. Le chef de la diplomatie algérienne a, d'autre part, qualifié d'«erreur grossière» le fait de croire que l'islam était «incompatible avec la démocratie». «Ce dont nous avons souffert en Algérie, c'est le fait que les terroristes aient utilisé l'islam en se servant des mosquées, pour légitimer leur violence», a-t-il dit. Par ailleurs, interrogé sur l'évolution du processus de réforme dans les autres pays arabes, M.Bedjaoui a estimé que chaque pays trouvera tôt ou tard, son propre modèle de démocratie. Il a insisté dans ce sens sur la nécessité de mettre l'accent sur l'éducation. «La démocratie est une culture, si les gens ne peuvent pas lire et comprendre sur quoi ils votent, ça n'a aucune signification de leur parler de démocratie», a t-il poursuivi. Les déclarations de M.Bédjaoui interviennent en fait quelques jours après la réunion du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel, avec les ambassadeurs de l'UE, pour leur expliquer le projet de charte. Ces derniers considèrent que ce projet est une initiative «louable» et «très positive». La campagne de sensibilisation a touché notamment la communauté algérienne résidant à l'étranger. Conscients de l'enjeu de ce rendez-vous, les membres de la communauté nationale à l'étranger restent convaincus que ce texte est l'alternative la plus sage pour cimenter le processus de renaissance de la nation algérienne. Cette large adhésion pour le projet s'illustre par la présence massive des ressortissants algériens aux nombreux meetings d'explication organisés par les représentations consulaires algériennes. La volonté des pouvoirs publics à mener à bien et à terme le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale s'affirme donc de jour en jour. Ils ne se sont pas contentés seulement de sensibiliser les gens à l'intérieur du pays, mais ont élargi leur initiative même à l'extérieur du pays.