Triste spectacle pour l'ex-capitale des Hammadites Trois jours après le début du mois sacré, le vieux démon de la ville réapparaît même s'il n'a jamais disparu de la vue des habitants et des visiteurs: les amas d'ordures ménagères qui s'accumulent un peu partout et en forte quantité depuis jeudi dernier, premier jour du Ramadhan. On aurait pu se contenter de ce constat n'était-ce ce communiqué de la wilaya de Béjaïa, qui accuse directement la trésorerie de la municipalité de Béjaïa de bloquer la somme destinée comme prêt au lancement de l'Epic, dont la «délibération a été approuvée par la wilaya et visée par le contrôleur financier». «En attendant la mise en service de l'entreprise créée par la wilaya pour la collecte des déchets ménagers, dont le dossier est toujours au niveau de la trésorerie communale et ce pour l'admission en dépenses du montant (estimé à 70 milliards de centimes) de la subvention accordée par voie de délibération par l'Assemblée populaire communale de Béjaïa au profit de l'Epic et compte tenu de la situation dégradante de l'hygiène au niveau de la majorité des quartiers de la ville et vu l'urgence, le wali a instruit le président de l'APC de Béjaïa afin de reprendre langue avec les entreprises privées pour assurer le nettoiement et la collecte des déchets ménagers», indique le communiqué de la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa. «Les équipements de l'Epic ont été acquis et stagnent depuis 3 mois au niveau du parking», précise le communiqué soulignant que «le président de l'APC de Béjaïa qui a signé une convention pour restituer graduellement ce montant, a même eu recours à une réquisition pour accélérer la procédure, mais hélas sans suite». Situation inédite qui traduit parfaitement le fonctionnement des institutions de la République. La trésorerie communale peut-elle bloquer un tel projet? D'autant plus que la situation urge et qu'il s'agit-là d'un prêt, l'argent sera restitué. La collecte des déchets ménagers n'est-elle pas une des missions élémentaires de l'Assemblée populaire communale? Pour rappel, l'idée de créer un Epic pour la prise en charge de la collecte et le traitement des déchets de la commune de Béjaïa a vu le jour lors du précédent mandat communal dirigé alors par le FLN. L'Assemblée populaire communale a voté pour dégager cette présente enveloppe aujourd'hui en litige. Une option qui a découlé d'une polémique, qui a pris forme lorsque l'APC allait s'engager avec l'association Club 92. Car en parallèle une autre proposition a été faite par un homme d'affaires important qui a pignon sur rue à Béjaïa. Pour casser l'initiative de la collectivité, les partisans de l'initiative privée ont dénoncé ce qu'ils appelaient «une surfacturation». Bref ça a tourné, tourné en rond pendant plusieurs mois avant que l'on n'opte pour la relance de l'Epic associée au redémarrage du centre d'enfouissement technique de Sidi Boudraham, qui a déjà été doté par l'APC de Béjaïa d'une station d'épuration. Alors qu'on croyait à la fin du calvaire avec l'arrivée d'une nouvelle équipe qui n'a qu'à actionner la machine de l'Epic pour faire de Béjaïa une ville propre telle que promis lors de la campagne électorale voilà que c'est la rituelle qui reprend le dessus et ce n'est pas demain la veille que l'antique Saldae sortira de l'auberge...espagnole. On assiste à une rituelle partie de ping-pong. La majorité FFS laisse pourrir la situation, la wilaya en profite pour accuser. Dans tout ce micmac, il y a anguille sous roche. C'est une mise en scène burlesque qui voit Béjaïa condamnée à une léthargie politico-politicienne. C'est la fatidique histoire du chat et de la souris qui ne dit pas son nom et qui pourtant lève le voile sur la sempiternelle mise à mort d'une commune inapte à relever la tête et vouée malgré tout à vivoter. Pendant ce temps, la population habituée à avaler des couleuvres, ne sait pas et plus à quel sain(t) se vouer. Le saura-t-elle jamais un jour? La wilaya dénonce «la bureaucratie». Doit-on comprendre par là que la faute incombe à l'APC? Des points de vue qui restent très collés à une réalité amère qu'aucune partie, aussi majoritaire soit-elle, ne pourra éliminer. Quand on arrive au pouvoir local sous la pulsion tribale on ne pourra jamais gouverner à sa guise pour répondre aux préoccupations de l'heure.