La problématique du ramassage des déchets ménagers doit connaître son épilogue. La problématique de la gestion des déchets ménagers se pose toujours avec acuité dans la wilaya de Béjaïa, alors que des offres émanant d'investisseurs ne cessent d'être enregistrées dans les communes et aux chefs-lieux de wilaya ou de daïra, comme c'est le cas à Akbou. Plus encore, c'est une filière sous-exploitée alors qu'elle peut faire rattraper aux communes leur retard en matière de "gestion (collecte, transport, élimination) et de valorisation des déchets ménagers et assimilés, avec des conséquences économiques importantes". Être en d'autres termes une source de financement pour les communes, notamment en cette conjoncture de crise économique et financière qui touche de plein fouet les collectivités locales. En effet, après les chefs-lieux de wilaya (Béjaïa) et de daïra (Akbou), c'est au tour de l'APC de Kherrata et des communes limitrophes à éprouver des difficultés à prendre en charge la collecte des ordures ménagères. L'exécutif communal s'est rendu à l'évidence : il n'est pas en mesure de prendre en charge cette problématique, notamment depuis la fermeture de la décharge communale de Kherrata, le 3 octobre. Une décision qui n'a pas été sans incidences sur le quotidien des citoyens de la région. L'impuissance des élus de Kherrata Et pour cause, des dépotoirs sauvages ont vu le jour aux quatre coins de la ville. Les services municipaux n'avaient d'autres choix que d'informer leurs concitoyens, via un avis publié sur le site internet de la municipalité, sur leur incapacité à assurer la collecte des ordures ménagères. "L'APC de Kherrata décide de suspendre, jusqu'à nouvel ordre, la collecte des ordures ménagères, et ce, suite à la décision de Monsieur le wali portant fermeture de la décharge communale, en réponse à la requête des habitants d'Ath Mebarek, sachant que cette décharge se trouve sur le territoire de la commune de Kherrata (...) Nous nous excusons auprès des citoyens pour les conséquences qui peuvent en découler", a-t-on écrit dans ledit avis, tout en invitant les citoyens "à ne pas jeter n'importe où leurs ordures et à trouver des solutions individuelles (...)". Une situation similaire est vécue depuis des mois, voire des années par les habitants de la daïra d'Akbou, qui s'est traduite par la création d'une coordination intercommunale des notables des villages de la daïra d'Akbou. Laquelle avait lancé, il y a plus d'un mois, un appel à une grève générale suivie d'une marche pacifique depuis la place de l'APC jusqu'au siège de la daïra d'Akbou, pour exiger des autorités de trouver une solution à la problématique de la collecte des déchets ménagers. Le cas du chef-lieu de la daïra d'Akbou a atteint un degré de pourrissement tel que les rédacteurs de la déclaration, rédigée pour appeler à une forte mobilisation, ont parlé de "désastre environnemental qui menace la santé de milliers d'habitants". D'où la condamnation ferme de "ce crime contre la nature et l'humanité commis par l'irresponsabilité et l'incapacité voulue des autorités de la wilaya" et "la négligence et l'indifférence des responsables de la commune, qui n'ont pas honoré leurs engagements envers la population". L'offre de Cevital disqualifiée Au chef-lieu de wilaya, deux offres sont sur la table des autorités, l'une a été royalement ignorée. Il s'agit en l'occurrence de celle émise par le président du groupe Cevital, Issad Rebrab, qui a été sollicité par des responsables associatifs à adhérer à un projet : faire de Béjaïa une wilaya-pilote en matière de propreté et à l'avant-garde dans la lutte contre la pollution et pour la protection de l'environnement. Le patron du groupe s'est déclaré disposé à mettre un milliard de dinars, soit 100 milliards de centimes, dans ce projet. "Je suis prêt, s'ils me donnent le site — celui de la station d'épuration — à construire une station d'épuration ultramoderne, une déchetterie également moderne. Et je suis prêt à en construire une deuxième à Sidi Ali Labher qui va traiter toutes les eaux usées de la ville et de ses environs, ainsi qu'un incinérateur." L'engagement est ferme. Pour cela, il a invité les militants associatifs à provoquer une réunion avec les responsables des collectivités locales, le wali, les élus de l'APW, les présidents d'APC et les directions de wilaya concernées. Il s'est engagé à faire des études préalables pour participer véritablement à la propreté de la ville. "Mais c'est important d'avoir tout ce beau monde réuni", exigera-t-il. Car il n'ignore pas qu'une telle initiative ne peut réussir s'il n'y a pas une volonté politique. Alors que cette offre du groupe Cevital n'a trouvé aucun écho favorable, les membres de l'Assemblée populaire communale de Béjaïa ont voté une délibération pour faire de l'antique Saldae une ville propre. Et sont disposés à payer quelque 70 milliards de centimes chaque année pendant une dizaine d'années. Et cette prestation doit être effectuée par le biais d'une entreprise — une société par actions — qui aura pour dénomination Béjaïa Environnement et créée conséquemment à l'offre d'une association patronale, le "Groupe franco algérien", conduite par Azzoug Slimane du Club 92 et portant sur la collecte et le traitement d'un gisement de déchets, estimé à quelque 60 000 t, a-t-on confirmé auprès de diverses sources. Mais sur le terrain, rien. Cette problématique de la gestion des déchets et de l'hygiène ne peut se traiter à coups de campagnes hebdomadaires de volontariat, avec l'aide des entreprises publiques et privées qu'on imagine mal se renouveler chaque week-end, a rappelé Allaoua Mouhoubi, enseignant universitaire, qui explique que la participation des acteurs associatifs et la mobilisation des agents de l'action sociale Blanche-Algérie, qui en dépit de la précarité de leur statut, font, certes, un travail remarquable de balayage que les mesures de rationalisation des dépenses publiques induites par la crise pétrolière risquent de remettre en cause d'un moment à l'autre. "Ce type d'opérations, qui permet un brin de toilette salutaire à la ville, ne peut avoir une efficacité durable et réelle tant qu'on n'aura pas traité les causes constitutives de ces décharges, qui très souvent sont objectives, car rattachées à une absence totale de collecte dans le secteur, à une conteneurisation inadaptée et insuffisante pour le quartier, à une sectorisation irrationnelle et surtout à l'abandon des séquences de répliques." M. Ouyoygoute