Adulé et admiré par des milliers de passionnés, jeunes et moins jeunes, Karim Tizouiar a eu un hommage mérité, digne d'un grand artiste ayant marqué à jamais la chanson kabyle. Plus de 10 000 personnes ont pris part avant-hier soir à un gala-hommage rendu au chanteur kabyle Karim Tizouiar, à El Kseur. Un hommage qui n'a de valeur que la notoriété de cet artiste hors communs dont les titres bercent encore les jeunes et adultes. Ce gala hommage a été sponsorisé par l'APC d'El Kseur, la wilaya, l'APW, l'Onda et d'autres investisseurs de la région. Cet événement, initié par l'association «Les sentiers de l'amitié» d'El Kseur a lieu à la place dite «Lotissement», à côté de la salle des fêtes Prestige. Il a été animé par plusieurs noms de la chanson kabyle dont Malika Domrane, Amour Abdenour, Abbès Naït Rzine, Arezki Methia Mamoi Mouhoubi, Krise Jack, Ferhat Hamdi, Saïd Alioui, Cylia Ould Mohand, Rachid Mesbahi, Kaci Boussaâd, Zoubir Moussaoui, Zouaoui Yacine, Achouri Mokhtar, Mamou Benzaïd, Sofiane Atou, Groupe Iwal, Ghilas Terki, Groupe Talsa et la chorale Scout. Karim Tizouiar est souffrant et lutte contre son mal depuis plusieurs mois. Il a été accueilli à l'aéroport de Béjaïa par une forte délégation conduite par le directeur de la culture de wilaya, le maire d'El Kseur, Ali Gherbi et d'autres amis et anonymes venus saluer l'artiste. Un hommage mérité, qui a été rehaussé, hier, par la présence du wali par intérim de Béjaïa et du président de l'APW ainsi que des milliers de passionnés de la chanson sentimentale kabyle, toutes générations confondues. Respecté et admiré, Karim Tizouiar s'est prêté non sans difficulté à l'interminable séance photos que ses fans voulaient coûte que coûte. Fatigué par une maladie qu'il traîne depuis quelques années, Karim a beaucoup apprécié cet hommage au cours duquel les chanteurs en herbe ont repris par coeur ses chansons, faisant de lui une référence musicale incontestable. Sa belle frappe de guitare lui a valu le surnom de «l'homme qui fait parler le mandole!». Né le 2 mars 1963 à Sidi M'hamed (Alger), Karim Tizouiar est originaire de cap Sigli et a grandi à Thala Tazert, village situé à 8 km d'El Kseur dans la wilaya de Béjaïa. Tout jeune, Karim maîtrisait bien sa mandoline et était déjà invité à toutes les fêtes: mariages, baptêmes..., mais c'était à Paris, qu'il connaîtra sa véritable ascension. En faisant connaissance avec de nombreux artistes comme Hamidouche, Mehdi Mezeghrane, Sofiane, Agraw et beaucoup d'autres, Karim se fraye un chemin en intégrant le groupe Agraw, pour lequel il a composé la chanson «uliw yedekous». Très vite, il se mettait en solo et produit de nombreux albums, qui ont eu beaucoup de succès. Jouissant d'une grande notoriété sur la scène musicale kabyle, Karim ne s'est jamais soucié d'une médiatisation. Il laissait son art parler de lui. Ses chansons étaient tellement sincères qu'elles étaient toutes appréciées et reprises par de nombreux amateurs. Karim sera très connu, particulièrement par une de ses belles chanson «Asm'akken llan qqaren medden» (Quand mes camarades se souciaient de leurs études, moi je passais mon temps à écrire partout ton nom). Un vécu propre à tous les jeunes de sa génération et de la génération actuelle. Très mélodieux, une voix agréable et ses extraordinaires jeux de mandole, des textes forts et émouvants, Karim reste l'un des artistes kabyles à chanter avec du coeur et de l'âme. Dans les chansons de Karim, il n'y a pas d'amour heureux. Tous ses titres ont rencontré un franc succès. Durant les années 80 et 90, Karim s'établit à Paris. Après le départ de Takfarinas, il intègre le goupe Agraw et chante en duo avec Boudjemaâ. Sa carrière en solo commencera un peu moins de deux ans après. Plusieurs albums, tels que «Ay Aguitar!» (Oh guitare!, 1987), «Attan Truh» (Elle s'est mariée, 1989), «Wehdi» (Seul, sans elle), «Susta» (La quiétude et la prospérité tant espérées, 2002), «Ma nettraju» (La longue attente, 2004), etc.... feront de lui une vedette, dont les albums s'arrachent sur le marché. Karim a été avant-hier soir honoré. Cet hommage confirme la place de l'artiste sur la scène artistique nationale. Il demeure l'un des grands chanteurs que l'on n'oubliera pas de sitôt. Tous et toutes n'avaient de prière que pour sa guérison. Karim n'a pas chanté, mais il était là et ses chansons ont été chantées avec brio par d'autres chanteurs. Des moments forts empreints d'émotion indescriptible.