Alors que les combats font rage à Tall Afar, Al Qaîda menace d'utiliser des armes non conventionnelles. La région rebelle de Tall Afar, proche de la frontière avec la Syrie, subit depuis près d'une semaine l'offensive combinée des troupes américaines et des forces de police irakiennes sous le label «Restoring Rights» (Rétablir les droits). Ainsi, les combats ont fait rage dans la ville située entre Mossoul et la frontière syrienne, dont la population est composée essentiellement d'Arabes sunnites et de Turcomans chiites. Les commandants de l'armée américaine sont persuadés que la ville était devenue un centre pour les combattants étrangers infiltrés de Syrie. C'est le Premier ministre irakien Ibrahim Al-Jaafari qui a donné samedi l'ordre d'assaut pour chasser les rebelles. Selon les indications des porte- parole de l'armée américaine, quelque 140 rebelles ont été tués alors que 300 suspects ont été arrêtés. Coincée entre les rebelles et les forces armées, la population de Tall Afar s'est calfeutrée chez elle, ne sortant que pour les besoins urgents. De fait, précédés d'une (très) mauvaise réputation, accusés d'avoir commis des dépassements ailleurs en Irak, ce sont paradoxalement les policiers irakiens qui font peur aux habitants de Tall Afar. Cette dernière a été subitement désertée de ses encombrants «cohabitants» qui laissèrent la ville aux nouveaux arrivés. Parmi ces derniers le Premier ministre Ibrahim Al-Jaafari qui a entamé une tournée des popotes dans la foulée de l'armée américaine apportant avec lui vivres et médicaments à la population. Faisant le point de la situation, le ministre de l'Intérieur, Bayane Baqer Soulagh, a indiqué que 20 véhicules chargés de médicaments et d'équipements médicaux étaient arrivés dans la ville. «Sept hôpitaux de campagne ont été mis en place et 1000 tentes installées» pour accueillir environ 8500 déplacés, a-t-il ajouté, précisant que le Croissant-Rouge turc avait envoyé 120 tonnes d'aides. M.Soulagh, a aussi évoqué la menace d'Al Qaîda estimant que l'offensive a porté un sérieux coup aux réseaux de la nébuleuse islamique. «Je veux souligner la profondeur du choc ressenti par Al Qaîda qui l'a poussée à menacer de recourir aux armes chimiques dans le but de terroriser les habitants» de la ville, assurant que «selon (ses) informations, ce ne sont que des menaces» qui ont peu de chance de se voir concrétisées. Le ministre de l'Intérieur irakien faisait allusion au communiqué d'un groupe lié à Al Qaîda, «le bureau militaire de Jaïch Al-Taïfa Al-Mansoura», qui a menacé dimanche d'employer des armes chimiques en riposte à cette offensive si elle ne s'achevait pas dans les 24 heures. Il était ainsi indiqué que si l'offensive ne cesse pas dans les 24 heures, le groupe frappera «des objectifs stratégiques et sensibles appartenant aux forces d'occupation et aux apostats (forces irakiennes) à Bagdad, à l'aide d'armes non conventionnelles, et chimiques». Selon ce groupe, le délai devait expirer hier en fin de journée avant l'utilisation de ces armes, «développées par les moudjahidine», précise le communiqué. De son côté, l'Armée islamique en Irak, responsable de plusieurs enlèvements et assassinats d'étrangers, a mis à prix les têtes du Premier ministre Ibrahim Al-Jaafari, de son ministre de l'Intérieur, Bayane Baqer Soulagh et celui de la Défense, Saadoun Al-Doulaïmi tenus pour responsables, par ce groupe, de l'opération sur la ville de Tall Afar. Ne restant pas inactif, le chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui, a lui aussi lancé des ultimatums accusant par ailleurs l'armée américaine d'utiliser des «gaz mortels» contre la population de Tall Afar, avertissant que la «bataille décisive» en Irak était proche. «Les ennemis croisés sont en train d'utiliser des armes des plus destructrices et des gaz des plus mortels», a indiqué l'islamiste jordanien, dans un enregistrement sonore diffusé dimanche dans lequel Al-Zarqaoui déclare «ô lions de l'unicité (...), votre ennemi ne sait pas comment sortir du bourbier dans lequel il s'est mis. Soyez prudents. Ne levez pas vos doigts de la gâchette. Attendez le moment du coup d'envoi. La bataille décisive se rapproche». Selon les porte-parole du commandement américain, l'opération «Restoring Rights» devrait s'achever au plus tard le 15 septembre. Par ailleurs, un représentant du groupe Al Qaîda, qui serait un Américain converti à l'islam, Adam Gadahn, a menacé de nouveaux attentats contre Los Angeles et Melbourne, dans un enregistrement vidéo diffusé dimanche par la chaîne de télévision américaine ABC. Au plan politique, les préparatifs du crucial référendum du 15 octobre vont bon train et tout serait «prêt» à temps, affirment les responsables de la commission électorale irakienne. Celle-ci a annoncé hier, avoir adopté le bulletin qui sera utilisé lors du référendum du 15 octobre sur le projet de Constitution et publié une réglementation de cette consultation. Selon un communiqué de cet organisme indépendant, le bulletin comprend une question : ‘'Approuvez-vous la Constitution d'Irak'' avec le oui et le non à cocher sur la même feuille. 6000 bureaux de vote seront ouverts à travers le pays en vue de cette consultation.
